Ouagadougou, 09 Juin 2014 (AIB) – « Le calao, le caïman, le serpent, le caméléon et la tortue sont les 5 principaux animaux qui sont fortement représentés dans les masques et les différentes créations artistiques chez les Senoufo» a déclaré l’anthropologue Lamissa Bengaly, animateur d’une conférence publique samedi dernier sur le thème «lemasque en pays Senoufo», à l’occasion de la journée culturelle Senoufo tenue à Ouagadougou, a-t-on constaté.
Selon le docteur Bengaly, à la création du monde le senoufo avait été déjà devancé par le calao, le caïman, le serpent, le caméléon et la tortue qui sont fortement représentés dans les masques et les différentes créations artistiques, dont les batiks.
«Dans l’imaginaire senoufo, ces esprits ou forces (emmanant de ces animaux) sont très puissants et sont susceptibles d’agir sur les êtres, le sol et le climat» a mentionné M. Bengaly ajoutant que la relation avec ces puissances donne lieu, par ailleurs, à la réalisation, par les sculpteurs spécialisés (ou kulubele) et les forgerons (ou fonobele), de statues et de masques en bois.
Ces objets, qui ne sont « sacrés » qu’après avoir été utilisés lors d’un rite, peuvent avoir plusieurs fonctions selon la cérémonie à laquelle ils participent, a expliqué l’anthropologue.
Le conférencier a par ailleurs précisé que les Sénoufo pratiquent une religion fondée sur la croyance en un dieu créateur, «Koulotyolo», et en une déesse mère, «Katyelo», chargée d’organiser le monde.
«Ils (les masques) sont alors considérés comme des intermédiaires entre les hommes et les entités et ne sont pas « adorés » pour eux-mêmes mais pour ceux qu’ils représentent. Ils deviennent alors des autels chargés de puissance et de spiritualité» a-t-il martelé.
les masques Senoufo, lorsqu’ils sont dansés, c’est-à-dire revêtus et actionnés par un danseur, sont portés avec un costume, pouvant changer selon les cérémonies, couvrant intégralement le corps du danseur, celui-là ne devant pas pouvoir être reconnu par le public.
Ils sont également accompagnés d’ornements, de gestes, de cris, de musiques et d’une ambiance cérémonielle spécifique, autant d’éléments dont la signification profonde n’est connue que des initiés et qui leur permettent d’identifier le masque en action.
Toute activité sociale, religieuse et politique est régie chez les Sénoufos par une institution complexe: le Poro. «Le Poro prend en charge l’initiation de tous les jeunes garçons dès l’âge de 7 ans jusqu’à l’âge adulte (28 ans environ)» a dit M. Bengaly.
«Le Poro est une société secrète, hiérarchisée en classe d’âge qui gère les connaissances traditionnelles. Sous la conduite des anciens initiés, l’enseignement à «l’université sénoufo» est long et astreignante» a-t-il ajouté.
Le pays Sénoufo s'étend sur trois Etats : la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso et le Mali. Dans sa partie burkinabè, le Pays Sénoufo occupe une zone étirée au sud-ouest du pays et couvre les provinces de la Léraba et du Kénédougou et de la Comoé.