J’ai ramassé un morceau de journal la dernière fois où je lisais ceci : « Le roi d’Espagne abdique au profit de son fils ». Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre une telle information ! Car cela signifie que même dans les monarchies, il y a l’alternance. Or, sous nos tropiques, les démissions au sommet de l’Etat sont rarissimes. En tout cas, je n’ai pas vu ni entendu qu’un président africain a rendu le tablier dans la décennie que nous traversons au profit de la jeune génération. Bien au contraire, nos chefs d’Etat s’accrochent à leur fauteuil comme des chauves-souris. Malgré l’âge et la longévité de certains au pouvoir, ils ne rêvent pas de provoquer une alternance au sommet de l’Etat en cédant leur place à d’autres. Pire, en dépit des mutations à travers le monde, des exemples de bonnes pratiques démocratiques, ils ne se gênent même pas de tripatouiller la loi fondamentale de leur pays. C’est le cas des présidents, Paul Biya, Edouardo Santos, Robert Mugabe, Blaise Compaoré, Denis Sassou Nguesso, etc. A ces doyens, viennent s’ajouter de futurs dictateurs comme les présidents togolais, Faure Gnassingbé, congolais, Joseph Kabila, burundais, Pierre Nkurunziza. Cette seule liste montre combien l’Afrique noire a mal à sa gouvernance. Quand on voit la démission des personnalités comme le Pape Benoit XVI, le roi belge, cela laisse songeur. Même l’Europe de l’Est et l’Amérique latine qui ont connu des dictatures féroces, pratiquent aujourd’hui l’alternance. Mais l’Afrique noire refuse de prendre le train de la démocratie. En vérité, l’Afrique est en recul car même les pères fondateurs n’ont pas cherché à se pérenniser au pouvoir. Des présidents comme Léopold Sédar Senghor du Sénégal et Julius Nyéréré de la Tanzanie ont cédé le pouvoir alors qu’ils avaient toutes les possibilités d’y rester jusqu’à leur mort. Sans être un historien, je sais qu’il y a eu aussi des présidents qui ont voulu donner un model de gouvernance à leur pays, voire à l’Afrique. Malheureusement, ils n’ont pas eu le temps d’aller jusqu’au bout de leur rêve. L’Occident, en complicité avec ses valets locaux, a mis fin à leurs ambitions en les envoyant dans l’autre monde. Le slogan de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, est le suivant : « J’y suis, j’y reste ». Conséquence : l’Afrique n’arrive pas à décoller, à sortir de sa misère, bref, du sous-développement. Comment peut-on atteindre l’émergence avec une telle vision? Quand on dure trop longtemps au pouvoir, on finit par être atteint de la sclérose. Or, l’immobilisme empêche les nations de se développer. Et quand un Etat n’arrive pas à créer de la richesse, il ne peut lutter ni contre le chômage, ni contre la pauvreté, encore moins l’insécurité. C’est vrai que je ne suis pas un statisticien, mais je sais que le taux élevé de chômage en Afrique est dû au fait que nombre de dirigeants manquent de vision. A dire vrai, j’ai l’impression que l’Afrique est en train de constituer un monde à part. Elle marche à reculons dans le champ démocratique, car la plupart de nos chefs d’Etats sont insensibles aux grands changements qui s’opèrent à travers le monde sur le plan démocratique. Les seuls exemples qu’ils sont prêts à copier sont ceux qui les arrangent. Mais tout ce qui porte sur le devenir de leur peuple, qui permet à la jeune génération d’apporter sa touche à leurs œuvres pour aller de l’avant, ils n’en ont pas besoin. Pendant que même des rois se rassasient du pouvoir, eux, ils sont insatiables car leur boulimie n’a pas de limite.