Le 7 juin de chaque année, l’Union Africaine commémore la journée africaine des frontières.
La frontière peut se définir comme la ligne de démarcation entre deux Etats. Elle peut être terrestre, maritime ou aérienne. Elle consacre de ce fait l’espace territorial pour l’exercice de la souveraineté nationale et du pouvoir d’Etat.
Ainsi définie, la frontière fixe les limites géographiques d’un Etat et permet d’identifier la population qui y vit. Cette identité territoriale, dans le cas d’espèce des pays africains, ne s’accompagne pas d’une unicité socioculturelle ; de sorte que des populations qui jadis partageaient la même culture et le même espace vital, se retrouvent séparées par des frontières arbitraires:
-arbitraires, parce que motivées seulement par les intérêts géostratégiques de puissances colonisatrices ;
-arbitraires, parce que définies sans les premiers concernées que sont les populations locales ;
-arbitraires, car ayant contribué à la fragmentation d’unités socioculturelles.
Ainsi, l’Union Africaine, dans son rôle de fédérateur des différentes aspirations des peuples africains, a élaboré et exécute en ce moment un programme frontière. Le Programme « Frontière de l’Union Africaine (PFUA) », guidée par les enjeux liés aux questions frontalières, a institué le 7 juin, la commémoration de la journée africaine des frontières.
Dès lors, le 7 juin de chaque année, les frontières africaines sont magnifiées.
Pourquoi une journée africaine consacrée aux frontières ?
L’objectif poursuivi par l’organisation d’une telle journée, est de faire des espaces frontaliers, des pôles d’intégration sous régionale et de développement socioéconomique et culturel.
Loin de vouloir magnifier la « balkanisation de l’Afrique », c’est pour marquer le refus de l’arbitraire que cette journée a été instituée par les chefs d’Etat et de Gouvernement africains le 7 juin 2010 à Addis Abeba.
Egalement, à travers la célébration de cette journée, il s’agit d’éliminer totalement les sources de tension aux frontières entre Etats membres par l’instauration d’un climat de paix, de sécurité et de progrès économique et social à travers un dialogue participatif permanent.
C’est pour faire des frontières africaines des facteurs de paix, de sécurité et de progrès économique et social.
C’est donc dire que la célébration régulière d’une journée africaine des frontières le 7 juin de chaque année, marque d’une part, symboliquement les avancées du « Programme Frontière de l’Union Africaine », et d’autre part, l’ancrage dans les us de la nouvelle perception de la frontière en Afrique.
La régularité de cette commémoration partout en Afrique et plus particulièrement au Burkina et dans les pays voisins, indique que nous avons transcendé les frontières dans leur fonction de barrières pour valoriser leur fonction de passerelles au grand bénéfice des Etats et des populations.
Au Burkina Faso, le thème retenu pour la célébration cette année de la journée africaine des frontières est : « coopération transfrontalière, sécurisation et développement des zones frontalières ».
Le choix de ce thème a été motivé par un contexte sous régional marqué par des tensions et conflits de tous ordres, entrainant des flux migratoires importants. Ce constat amer en appelle à une réponse appropriée tant au niveau sécuritaire qu’au niveau de la gestion des frontières, des hommes et des implications en termes de déséquilibre du tissu socioéconomique.
Le Gouvernement burkinabè, dans une vision prospective, a entamé depuis quelques années, des actions pour un développement harmonieux des zones frontalières en vue de les sortir de leur précarité.
L’impulsion du développement suppose des échanges bien encadrés dans des mécanismes adaptés dont la coopération transfrontalière constitue un levier.
Celle-ci, selon l’Union Africaine se veut être «tout acte ou toute politique visant à promouvoir et à renforcer les relations de bon voisinage entre communautés frontalières, collectivités et administrations territoriales ou autres acteurs concernés relevant de deux ou plusieurs Etats, y compris la conclusion des accords et arrangements utiles à cette fin ».
La coopération transfrontalière s’avère être aujourd’hui un instrument de prévention structurelle des conflits et un moyen d’endiguer les « effets frontières » dans une perspective d’intégration régionale, de gestion concertée des problèmes communs et d’amélioration de la qualité de vie des habitants des localités frontalières.
Elle se fait à travers la sensibilisation des autorités et populations frontalières sur la nécessité de mutualisation des actions, la tenue de cadres de concertation entre autorités administratives centrales, déconcentrées et locales, la tenue de rencontres périodiques ou permanentes et formelles ou informelles entre différents acteurs frontaliers afin de répondre aux préoccupations des populations frontalières.
La coopération transfrontalière s’applique aussi bien aux questions sécuritaires, migratoires, de libre circulation des personnes et des biens que de développement.
Sur le plan sécuritaire, grâce à la contribution des partenaires au développement, des actions de construction d’infrastructures, d’équipement en moyens logistiques et de renforcement de capacités des acteurs ont été réalisées, apportant des réponses globales à des préoccupations transversales et transfrontalières.
S’agissant du développement des zones frontalières, le Gouvernement est engagé dans un processus d’élaboration d’une politique nationale des frontières. Ce référentiel en gestation constituera une plateforme d’orientation politique du Gouvernement en matière de gestion des frontières et des espaces frontaliers.
Son adoption permettra d’élaborer un plan d’actions opérationnel et des programmes et projets de développement au bonheur des populations.
Au regard des enjeux qui entourent la gestion des frontières et des espaces frontaliers, le Gouvernement a déjà mis en œuvre un projet dénommé « un CSPS, une école, un forage » dans un certain nombre de villages frontaliers. Par ailleurs, un programme de développement est également en cours d’élaboration. Il s’agit du Programme d’Appui à la Gestion Intégrée des Frontières (PAGIF) qui vise le développement des zones frontalières par la promotion de la paix, la sécurité et la stabilité.
Au terme de la mise en œuvre de la politique nationale des frontières et du Programme d’Appui à la Gestion Intégrée des Frontières ainsi que des projets qui en découleront, les zones frontalières devraient devenir des espaces sur lesquels seront orientés les efforts de développement. Ces zones seront dans un proche avenir, la vitrine du Burkina .
Vive la Journée Africaine des
frontières !
Vive l’intégration africaine !
Docteur Jérôme BOUGOUMA
Commandeur de l’Ordre National