L’Institut français de Bobo-Dioulasso a accueilli, le mercredi 28 mai 2014, une conférence publique sur le thème: «La gratuité des soins sert-elle l’intérêt public au Burkina Faso?». Le conférencier, Dr Maurice Yaogo a expliqué à l’auditoire que l’exemption du paiement des soins a entrainé un grand intérêt des populations pour les centres de santé.
Au Burkina Faso, l’Etat prenait en charge 80% des soins de santé des populations. Malgré cet état de fait, les populations n’accordaient pas une priorité à se rendre dans les centres de santé à cause des 20% qu’ils devaient régler. La prise en charge de ces 20% intervenue dès 2008 par l’ONG Help a changé la donne. Selon un documentaire réalisé dans la province du Sebba présenté au public par le Dr Maurice Yaogo, les accouchements se sont multipliés par quatre dans la province et la fréquentation des centres de santé par les populations est passée de 34% à 100%. La même expérience réalisée dans les districts de Séguénéga au Nord et de Tougan dans le Mouhoun a donné les mêmes résultats. Selon le conférencier, Dr Maurice Yaogo, socio anthropologue, l’exemption de payement est un moyen qui permet d’accroitre significativement l’accessibilité aux services de santé, en témoigne la fréquentation dans les districts de Dori, de Sebba, de Séguénéga et de Tougan. Selon lui, certes la politique de l’exemption marche, mais il faut mettre l’accent sur le suivi et le contrôle. Car a-t-il confié, certains agents de santé prescrivent plus qu’il ne faut aux patients, pour garder le surplus pour d’autres usages. Ce problème constaté a amené l’ONG à recruter un contrôleur pour les districts de Séguénéga et de Sebba, ce qui a permis d’éloigner les brebis galeuses et de renforcer les ressources humaines et la qualité. Le conférencier a également énuméré les différentes mesures d’exemptions adoptées par l’Etat de façon progressive au Burkina Faso, depuis le début des années 80. On note que dès 1984, les soins de tuberculose, de lèpre et de trypanosomiase sont gratuits lors de l’hospitalisation, des examens de laboratoires, et de radiologie. En 1997, il y a eu la prise en charge gratuite des indigents et des cas sociaux dans les hôpitaux du Burkina Faso. En 2002, c’était la suppression du paiement des soins préventifs pour les groupes vulnérables (consultations des femmes enceintes et nourrissons) et en 2005, la suppression du paiement pour le paludisme grave. A partir de 2006, on a enregistré une prise en charge sans prépaiement des soins d’urgence dans les hôpitaux, et la réduction à 100 F CFA du prix du traitement contre le paludisme (ACT) pour les enfants (extension aux adultes en 2009). En 2010, est intervenue, la gratuité des ARV et la distribution gratuite de MILDA, à savoir les moustiquaires imprégnées.