Pour ces élections couplées, s’il y’a un homme et un parti qui semblent donner des sueurs froides au parti au pouvoir, c’est bien Zéphirin DIABRE et son Union pour le Progrès et le Changement (UPC).
Zeph comme ses militants l’appellent affectueusement est entrain de tisser sa toile.Il avait annoncé les couleurs avec son Forum des Citoyens sur l’Alternance où il a procédé à une peinture sans concession du régime Compaoré. Naturellement, on s’attendait à ce qu’il fasse le grand saut dans l’arène politique. Le 1er mars 2010, il porte l’Union pour le Progrès et le Changement(UPC) sur les fonts baptismaux.
Dans la déclaration de création du parti, on retient ce passage essentiel : « Les fondateurs de l’UPC ont décidé de militer dans le camp de l’opposition républicaine. Mais, notre Parti souhaite inaugurer dans notre pays une nouvelle manière de s’opposer. Le fondement de la position politique de l’UPC, ce sont les divergences qu’il a avec la politique économique et sociale mise en œuvre par le pouvoir de la IVe République et la confiscation de la démocratie. Notre opposition ne se fonde ni sur la haine personnelle vis- à-vis de tel ou tel responsable du pouvoir actuel, ni sur la volonté de régler des comptes non soldés de notre histoire politique, ni sur un désir de vengeance ou de revanche.»
A travers cette précision, l’UPC balisait tout de suite le terrain. C’est une démarche assez intéressante car les hommes politiques, contrairement à ce qui se vit souvent sous nos tropiques, loin d’être des ennemis, devraient simplement être des adversaires et avoir l’amabilité nécessaire pour se respecter mutuellement.
En 02 ans d’existence, l’UPC est aujourd’hui entrain de s’affirmer comme une force politique avec laquelle il faudra compter au Burkina Faso. Pour ces élections couplées, en termes de communication, l’UPC est actuellement l’un des plus visibles. Les meetings du parti drainent du monde et beaucoup de citoyens disent se reconnaitre en Zéphirin Diabré eu égard à sa carrure, à son travail méthodique et aux valeurs qu’il incarne.
Son parcours et les hautes responsabilités qu’il a assumées plaident en effet en sa faveur. Juste quelques-unes : Chairman Afrique et Moyen-Orient, Conseiller pour les affaires internationales auprès de la Présidente du groupe AREVA, et ancien Directeur Général Adjoint du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD. Zéphirin Diabré a une réputation internationale irréfutable. Sur le plan de la démarche, son parti ne s’enferme pas dans une idéologie. L’UPC est plutôt adepte des « solutions concrètes aux problèmes concrets ».
Plutôt que de se présenter dans son fief du Zoundwéogo pour ces élections couplées, Zeph a choisi d’affronter les ténors du CDP, dont François Compaoré (frère cadet du Président Blaise Compaoré), au Kadiogo.
Zephirin Diabré y joue gros mais il sait aussi que c’est dès maintenant qu’il faut préparer 2015. Se présenter à Ouagadougou est donc éminemment stratégique. Un bon score au Kadiogo, où il y a 9 sièges de députés à prendre renforcerait davantage son aura. Dans l’hypothèse d’une majorité du CDP, certains ne seraient pas étonnés de voir Zeph enfiler le manteau de chef de file de l’opposition même si l’intéressé estime que ce n’est pas là, la finalité de son combat politique.
En face, le CDP n’entend pas se laisser tailler docilement les croupières. François et ses hommes mettront tout en œuvre pour conserver les acquis du parti au pouvoir. Le duel s’annonce donc palpitant.
Pour la législature à venir, 3007 candidats sont en lice pour 127 sièges. En 2007, le CDP s’était offert 82 sièges sur les 111 possibles à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, le contexte a changé. L’opposition est relativement mieux structurée avec des personnalités crédibles.
Il est donc peu probable que le CDP puisse rester autant ultra dominant d’autant plus que le parti a connu de nombreuses tensions internes.
Mais en politique, aucune vérité n’étant définitivement acquise, il faut attendre au soir du 02 décembre pour être clairement situé. Pour l’instant, Zeph, tel un TGV, a le vent en poupe. Qui pourra l’arrêter ?