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Le Pays N° 5617 du 3/6/2014

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Mort du juge Nébié : « Non aux assassinats maquillés ! »
Publié le mardi 3 juin 2014   |  Le Pays


Le
© Autre presse par Service d’Information du Gouvernement
Le regretté Salifou Nébié


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Le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) donne de la voix sur la mort du juge constitutionnel Salifou Nébié, retrouvé mort dans la nuit du 24 au 25 mai dernier sur la route de Saponé. Tout en condamnant ce crime, le MBDHP exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que les coupables et commanditaires soient punis à la hauteur de leur forfait. Lisez !

C’est avec une stupeur, doublée d’une vive indignation, que le MBDHP a appris la mort tragique du juge constitutionnel Salifou Nébié, dans des circonstances plus que suspectes, dans la nuit du samedi 24 mai 2014.
Les premières constatations faites sur les lieux de la découverte du corps et relayées par la presse, ainsi que les déclarations du procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, permettent néanmoins d’affirmer que le juge Nébié a été victime d’un homicide volontaire.
Un acte aussi révoltant et d’une si rare cruauté heurte la conscience, en ce qu’il touche au premier des droits humains : le droit à la vie. En ces moments particulièrement graves et douloureux, le MBDHP voudrait, avant tout, exprimer sa sincère compassion à la douleur de la famille et des proches du juge Salifou Nébié.
Voilà donc que ces méthodes lâches d’élimination physique de Burkinabè continuent d’avoir cours au pays dit des Hommes intègres, du fait de mœurs sociopolitiques barbares que les institutions faillies de la IVe République, sa Justice aux ordres notamment, ont contribué à asseoir et à conforter.
Ces dernières années, nous avons connu des crimes du genre, à la quasi-indifférence des animateurs du pouvoir de la IVe République, comme si cela entrait dans une logique d’intimidation et de dissuasion, voire de « laisser-tuer », visant à entretenir un climat de terreur, face à la colère d’un peuple qui lutte et aspire à un changement fondamental en sa faveur.
Ces deux dernières années et jusqu’à la mort suspecte du juge Salifou Nébié ce samedi 24 mai 2014, l’on aura ainsi enregistré, à titre non exhaustif:
- la mort suspecte du policier Richard Guiguemdé, tué par balles le 4 avril 2012, aux environs du lieu dit «Théâtre populaire» de Ouagadougou;
- l’élimination physique, dans des circonstances troubles, de Romuald Tuina, ex-militaire du Régiment de sécurité présidentiel (RSP), le 30 août 2013 ;
- la disparition forcée du sieur Adama Nanema depuis le 18 janvier 2014, après qu’il a été arrêté et détenu au commissariat central de police de Ouagadougou, pour présomption d’enlèvement d’enfant;
- l’agression à coups de machette et de gourdin de Nebnooma Edouard Zabré, secrétaire général du Front des forces sociales (FFS), dans la nuit du 7 au 8 février 2014, devant son domicile;
- l’assassinat de Gaël Bationo, assistant de police alors en service à l’Unité d’intervention polyvalente (UlP), le 5 avril 2014.
Au-delà de la légitime colère qu’elle suscite au sein de l’opinion publique, la mort dans des conditions suspectes du juge Nébié, nous invite à une vigilance de tous les instants, ainsi qu’à un combat acharné et sans répit, pour la préservation des nombreux acquis tirés des luttes populaires, consécutives notamment à l’assassinat, le 13 décembre 1998, de Norbert Zongo et de ses compagnons.
Ces luttes ont permis de dégager d’importants espaces de liberté et d’engranger de nombreuses victoires sur lesquels le peuple burkinabè veille.
La mise à exécution de la formule fascisante et morbide « Si tu fais, on te fait et il n’y a rien », naguère proférée par les tueurs du régime, et encore entendue le 24 mai 2014 à Ouahigouya de la bouche de militants surexcités du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), n’aura plus jamais cours au Burkina. Avec la contribution des composantes actives de la société civile, des démocrates et patriotes de notre pays, le peuple burkinabè s’y opposera, jusqu’au prix du sacrifice suprême!
Pour l’heure et alors que l’on nous annonce, comme d’habitude, l’ouverture d’une enquête, le MBDHP rappelle et souligne que quels que puissent être les mobiles de la mort tragique du juge Nébié, il appartient à l’Etat de garantir la sécurité de tous les Burkinabè et de leurs biens. Il lui appartient également de mener des enquêtes diligentes, transparentes et efficaces, en vue d’identifier, de juger et de punir les commanditaires et auteurs de toute atteinte au droit à la vie.
En tout état de cause et sans présager de ce que les enquêtes en cours produiront comme résultats, le MBDHP, fidèle à ses missions de protection et de défense des droits humains:
- dénonce et condamne avec la dernière énergie l’élimination physique du juge Salifou Nébié ;
- présente ses condoléances les plus attristées à la famille, aux proches et aux collègues du juge Salifou Nébié et leur témoigne tout son soutien;
- exige des autorités politiques et judiciaires que toute la lumière soit faite sur ce crime odieux et que ses commanditaires et exécutants éventuels soient appréhendés, jugés et punis à la hauteur de leur forfait;
- interpelle le gouvernement sur sa responsabilité première de garant de la sécurité des personnes et des biens;
- appelle ses militants et sympathisants, les démocrates et patriotes à se mobiliser contre toute tentative d’instauration par qui que ce soit, d’un climat de terreur au Burkina.
NON à l’instauration d’un climat de terreur au Burkina!
NON à un retour insidieux de régimes d’exception au Burkina!
NON aux assassinats maquillés!
VERITE ET JUSTICE pour Salifou NEBIE !
VERITE ET JUSTICE pour toutes les victimes de crimes de sang!

Ouagadougou, le 31 mai 2014

Le Comité Exécutif National

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