On ne croyait pas si bien dire lorsque nous écrivions dans notre édition du 24 mai 2014 : Boko Haram persiste et … saigne. On aurait préféré avoir tort mais hélas !
Depuis l’enlèvement des 200 lycéennes, les attentats de la secte islamiste se sont multipliés comme si la clameur mondiale consécutive à cette prise en otages des fillettes et la mobilisation internationale, notamment celles des Etats-Unis, de la France et même de la Chine, qui ont décidé de contribuer à la lutte avec des moyens humains et matériels, l’avaient dopée.
Cette détermination des grandes puissances à serrer l’étau autour de cette organisation terroriste, qui sème la terreur au Nigeria, a sans doute ragaillardi ce mouvement qui a bandé davantage les muscles pour montrer qu’il conserve intactes sa force de frappe et sa capacité de nuisance. Le modus operandi reste identique : les lieux publics, en l’occurrence les marchés et gares comme c’était le cas le 1er juin dernier dans un stade à Mubi au nord-est du Nigeria où une bombe a explosé, tuant 40 personnes.
Non seulement on n’a pas de trace des captives mais en plus Boko Haram continue ses massacres à grande échelle à l’intérieur du pays et tente une pénétration à l’extérieur, notamment chez les voisins.
Mais si au Nigeria, l’Etat fédéral semble impuissant, au Cameroun la traque porte ses fruits comme l’avait promis le président Paul Biya : en effet, les forces armées camerounaises, dans un affrontement avec les fous de Dieu, ont réussi à éliminer 40 hommes présumés d’Abubakar Shekau. Cerise sur le gâteau, Yaoundé a obtenu la libération de deux prêtres italiens et d’une religieuse canadienne enlevés dans la nuit du 5 avril 2014 au nord du Cameroun. On peut tout dire de Biya, notamment qu’il est un chef d’Etat «paresseux» aux velléités monarchiques, mais sur le terrain sécuritaire, son pays fait mieux que le géant Nigeria.
Toutefois, il ne faut pas se faire des illusions : on ne libère pas gratuitement des otages. Même les Etats-Unis négocient parfois la libération de prisonniers, en l’occurence celle du sergent Bowe Bergdahl, obtenue en échange de l’élargissement de cinq talibans qui étaient détenus dans une prison américaine. Goodluck Jonathan va-t-il finalement prendre la main tendue de Boko Haram afin de libérer les jeunes filles ?