Le procureur près la Cour d’appel de Ouagadougou, Wenceslas Ilboudo, a lancé, le 31 mai, un appel à témoins pour tenter de retrouver le ou les meurtriers de Salifou Nébié, le magistrat du Conseil constitutionnel retrouvé mort dans la nuit du 23 mai dernier à quelques kilomètres de Ouagadougou. «Nous sommes en présence d’indices précis et concordants d’homicide volontaire» a-t-il dit sur le plateau du journal de la RTB, qui semble être son lieu privilégié pour communiquer. Fasozine a intégralement retranscrit l’entretien et vous invite à le lire.
RTB: Il y a une semaine vous annonciez sur ce même plateau l’ouverture d’une enquête après la mort du magistrat Salifou Nébié. Quel est le point que vous pouvez nous faire aujourd’hui?
Wenceslas Ilboudo: Au plan institutionnel j’annonçait que la brigade territoriale de gendarmerie de Saponé était compétente pour conduire l’enquête. Mais très vite, nous nous sommes rendu compte que cette compétence était limitée à la zone Saponé, si bien que nous avons transféré l’enquête à la section de recherches de la gendarmerie de Ouagadougou, sise derrière l’Onatel. C’est désormais cette structure qui conduit l’enquête. Au plan de l’audition des témoins, cette structure n’est pas restée les bras croisés. Elle a déjà commencé à entendre des témoins sur la base des relévés téléphoniques du juge Nébié et sur la base de son programme. La presse a déjà fait cas de certaines auditions. Sur les auditions de témoins, je voudrais inviter toute personne sachant sur le programme ou les habitudes du juge Nébié à contacter la section de recherches de la gendarmerie de Ouagadougou pour témoigner afin de nous permettre d’avancer à grands pas sur cette enquête.
Au plan des travaux du médecin-légiste, il faut rappeler qu’au lendemain de la mort brutale du président Nébié, un médecin-légiste avait été commis. L’autopsie à ciel ouvert n’a pas pu se faire jusqu’à présent pour des raisons qu’on pourra évoquer. Mais le médecin-légiste a quand même pu procéder à la prise de clichés radio et effectué des scanner post mortem sur toute la semaine. Hier, aux environs de 20h, il a déposé son rapport. Il faut féliciter ce médecin-là pour sa célérité et son professionnalisme. Quand on parcourt ce rapport, on peut se dire qu’on est en présence d’indices précis et concordants d’homicide volontaire. C'est-à-dire que le médecin-légiste a retrouvé des blessures provoquées sur le corps du président Salifou Nébié. Et donc le terme qui sied c’est l’homicide volontaire. Plus tard, avec l’évolution de l’enquête, on pourra dire s’il s’agit d’un meurtre ou d’un assassinat. Mais pour le moment, on s’en tient au terme d’homicide volontaire.
C’est une grande évolution parce qu’on laisse tomber beaucoup d’autres hypothèses d’enquête pour se concentrer sur la recherche des auteurs et le rassemblement des preuves. Nous n’avons pas encore effectué d’autopsie à ciel ouvert comme on le dit dans le jargon. Nous attendons en début de semaine prochaine un médecin-légiste français avec le kit, parce que c’est le matériel qui nous a fait défaut durant toute la semaine. Ce médecin-légiste français viendra pratiquer l’autopsie à ciel ouvert et peut-être, confortera les conclusions du médecin-légiste burkinabè.
A partir du moment où l’on sait que c’est un homicide volontaire, peut-on avoir une idée sur les personnes qui ont commis cet acte ou sur les mobiles du crime ?
L’enquête se poursuit. Nous n’avons pas encore de personne gardée à vue en état d’arrestation dans le cadre de cette affaire. Et c’est pour cela que je sollicitais tantôt tout sachant de se rendre à la gendarmerie ou au bureau du procureur du Faso pour nous aider à avancer à grands pas. Il y a beaucoup de théories racontées dans la rue ou dans la presse, mais le lieu pour faire avancer l’enquête c’est d’aller aller se confier aux enquêteurs.
Quelle sera la suite de l’affaire ? Peut-on par exemple s’attendre à ce que la procédure s’accélère ?
Avec cette avancée, il y a beaucoup d’hypothèses qui seront mises de côté. Nous allons désormais nous recentrer vers les éventuels auteurs et travailler à les identifier pour les faire juger.