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Référendum sur l’article 37 : répondre simplement par oui ou par non
Publié le lundi 2 juin 2014   |  L’Hebdomadaire


Rassemblement
© aOuaga.com par Séni Dabo
Rassemblement du 31 mai : l`opposition fait le point des préparatifs
Mercredi 28 mai 2014. Ouagadougou. L`opposition regroupée autour de son chef de file, Zéphirin Diabré, a animé une conférence de presse pour faire le point des préparatifs du rassemblement du 31 mai au stade du 4-Août pour lancer la campagne contre le référendum


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Quoi que puisse réussir l’opposition au stade du 4 août, elle ne prouvera rien du tout. La donne n’aurait pas changé pour autant. Outre le fait que tout le monde aujourd’hui s’évertue à démontrer que les forces politiques sont en passe de s’équilibrer dans notre pays, un autre fait avéré c’est qu’elles ne s’accordent pas sur une question précise : celle du référendum. C’est pourquoi, il est bon de rappeler qu’un référendum est une procédure de vote qui permet de consulter directement les électeurs sur une question ou un texte, à l’échelle nationale ou même à celle locale. Simple comme bonjour  ! Et pourtant  !



Le citoyen dans ce cas de figure est alors appelé à donner son avis, en répondant par oui ou par non, à une question en rapport avec une mesure ou un texte qui sera adopté ou rejeté en cas de réponse majoritaire positive ou négative.

Instrument privilégié donc de l’expression de la souveraineté de peuple, on s’étonne de voir comment la classe politique a réussi à faire prendre au référendum un caractère diabolique. Le débat qui a cours donne chaque jour l’impression que la tenue de ce type de scrutin va immanquablement entrainer un cataclysme sans précédent au pays des Hommes intègres.

Il faut sans doute se creuser les méninges pour arriver à entrer dans cette logique, voulant qu’une consultation populaire pour permette de recueillir un avis, puisse donner lieu à des affrontements et à une crise. A moins que les tenants de cette thèse de la crise inéluctable, si la parole était donnée au peuple, ne croient pas ou n’aient jamais cru à la démocratie et à la capacité du citoyen à savoir ce qu’il veut.

Les hommes politiques étant par essence responsable devant le peuple des électeurs, il est difficile de comprendre comment, il peut en arriver à professer contre le fait de recueillir son avis par la voie la plus démocratique qui soit. Si comme on peut le penser, c’est pour lui et en son seul et unique nom que chacun de ces postulants aux affaires de la cité, se lève et prend le micro pour dire qu’il détient la «  potion magique  » à son bonheur, cette posture n’est ni tenable, ni justifiable.

Au-delà de cette situation où ce citoyen est pris en otage, il est difficile de ne pas en venir à la conclusion qu’une menace plane sur la démocratie. Une des libertés fondamentales étant et restant le libre choix offert au citoyen, le refus de la consultation nationale, produit l’effet qu’il faille ferrailler pour avoir gain de cause. En dépit de tous les efforts déployés par chaque camp pour se confondre au peuple, pour montrer l’adhésion du peuple à son point de vue, on ne saisit pas très bien pourquoi, cette aversion à lui remettre enfin son destin.

Car, il n’est nullement lisible, tous ces meeting dans les stades, ces rassemblements dans les quartiers, ces marches dans les rues, qui nous prouvent la force de frappe de chacun, sans que l’issue finale de cette guéguerre ne se décide dans la convocation d’une consultation populaire. Pour enfin départager vraiment et sûrement.

On marche sur Kosyam  !!!

C’est sans doute la provocation de trop que cette conception de la dévolution du pouvoir par le chantage et les actions coup d’éclat, pour ne pas dire, les actions kamikaze. Une conception qui a fait le lit de l’instabilité sur un continent où l’opposition se met toujours dans la peau du martyr.

C’est surtout incompréhensible de la part d’une opposition Burkinabé qui s’égosille depuis un an à convaincre urbi et orbi qu’elle n’est plus une petite opposition. Elle dit sans ambages avoir pris du galon et est en mesure de réussir son changement. En somme, elle s’oblige à nous persuader de sa subite mue, d’être devenue un dragon capable de faire bouger des montagnes.

Dans un pays où tout le monde fait de la politique, des balais aux professeurs d’université, et pour le dire clairement, dans un pays hyper politisé, il devient de fait admissible et cela ne choque personne, que des partis insignifiants prennent la parole sur quatre pages pleines des quotidiens pour nous apprendre qu’ils vont marcher sur Kosyam. En temps normal, il faudra en passer par les urnes.

C’est certainement plus simple que de vouloir aller dire leur fait à un président, et par des partis qui ne le considèrent pas comme le président de tous les Burkinabè. Quel message vont-ils aller lui délivrer dès lors qu’ils le soupçonnent, ces partis, ou même qu’ils le disent ouvertement, de n’être pas pour eux, garant de l’unité nationale.

En le ciblant comme partisan d’un camp sur le seul fait d’avoir dit qu’il est possible le recours au référendum sur une question à poser au peuple (avec un oui ou un non comme simple réponse), ces partis ont choisi de lui refuser son rôle d’arbitre. C’est aussi vrai pour l’opposition que son refus de la consultation nationale peut désorienter les observateurs extérieurs, qui peinent à comprendre son double langage.

D’un côté le peuple est avec nous et veut le changement, et de l’autre, il n’est surtout pas question d’interroger ce peuple qui est avec nous sur une question apparemment régler d’avance. Certainement qu’il y a aiguille sous roche. Alors, il faut tenter par tous les moyens le diable.

C’est une tradition chez eux

Qui en Afrique ne sait pas que les opposants ont une et une unique rengaine pour explique leur peur bleue des opérations de votation. Ils ont toujours eu recours à la théorie de la fraude et des manipulations supposées des scrutins pour justifier leur défaite récurrente.

Pas une seule élection, en dehors de celle récente au Mali, où cette antienne ne nous a été servie. Il se trouve pourtant que même en Afrique de l’Ouest, il y a eu des élections dans lesquelles, le parti au pouvoir a été battu. Mieux encore, il est parti du pouvoir sans que ne se lèvent des boucliers pour autant  !

N’empêche que c’est chez les opposants, une seconde nature. Le refus de s’essayer à l’urne dès l’instant qu’ils savent leur défaite consommée. On a tellement assisté à des boycotts et à des refus de participer à des élections, qu’une fois en plus ou en moins n’est plus un événement.

C’est bien le contraire qui serait étonnant de voir ces opposants faire enfin confiance au suffrage universel direct. Sinon à soutenir comme c’est le cas de nos opposants, qu’ils ont une réelle assise dans les couches populaires, qu’il suffirait qu’ils claquent des doigts pour qu’elles soient toutes vent debout, prêtes à monter à l’assaut, pour preuve leur fameuse trouvaille du recto-verso, version stade du 4 août, il devient paradoxal qu’un vote quel qu’il puisse s’appeler leur inspire autant de frayeur.

Ce réflexe qui confine à une non réflexion sereine, à défaut d’être mûrie, ne peut qu’entrainer de la gêne. Mais nul ne saurait, en l’état actuel des choses nier la refondation nécessaire de notre démocratie. Elle devient le passage obligé pour aller vers une autre étape.

Le rôle des opposants est essentiel dans une démocratie pour autant qu’il ne se transforme pas en cette tentation innée de toujours ignorer l’urne au profit de manifestations qui à la longue finissent par engendrer la violence.

Mais, on peut choisir de voir dans toute cette agitation, toutes ces conférences organisées dans les régions par des connaissant le droit, la mobilisation par les uns et les autres de leurs troupes pour aller aux urnes. Le oui ou le non est si simple. Et pour le monde. Il suffit d’y penser vraiment pour savoir qu’il n’est pas si terrible.

Souleymane KONE

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