L’Association Kawrane signifiant en langue fulfulde « Entente », a organisé un atelier sur le thème : « La réduction des pâturages dans l’Ouest du Burkina Faso : une analyse des jeux de pouvoir locaux et nationaux entre les acteurs de l’élevage ». C’était le samedi 24 mai 2014 à Bobo-Dioulasso.
L’élevage constitue l’un des piliers de l’économie du Burkina-Faso. Il contribuait à 11% dans le produit intérieur brut (PIB) en 2013. Dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), le Burkina Faso occupe la 2e place après le Mali. C’est vu son importance dans l’économie du pays des Hommes intègres, que l’Association Kawrane (Entente en fulfuldé), a décidé de se pencher sur la problématique du pâturage dans l’Ouest du Burkina Faso. L’objectif, selon le représentant du conseil d’administration de l’Association, le Dr Issaka Sondé, est de trouver des solutions pertinentes et idoines à l’ensemble des questions liées à la réduction de l’espace pastoral. Selon lui, l’atelier vise à susciter un débat entre les différents acteurs de l’élevage et de l’agriculture pour faire sortir des recommandations sur l’évolution de l’élevage dans les prochaines années dans l’Ouest du Burkina. L’atelier a été animé par Alexis Gonin, doctorant en géographie à l’Université Paris1 qui a réalisé des travaux fondés sur « Le foncier pastoral, la réduction des traces de parcours dans l’Ouest du Burkina ». Ainsi, deux questions ont été abordées au cours de la rencontre : la place du pastoralisme transhumant dans l’Ouest et la place pour l’élevage sédentaire dans l’Ouest. Pour ce faire, trois groupes de réflexion ont été constitués pour se pencher sur trois sous thèmes spécifiques. Il s’agit de : « Les conséquences de la réduction du pâturage dans l’Ouest », « Le problème foncier » et « Les conséquences du pâturage dans l’élevage sédentaire ». Les travaux ont permis de faire ressortir de nombreux problèmes liés à la réduction des pistes de pâturage dans l’Ouest du Burkina Faso. Il s’agit principalement du problème foncier qui oppose généralement les éleveurs aux autochtones dans certaines localités lors des lotissements. Il ressort que les éleveurs sont dépossédés de leurs terres par les coutumiers et les agro-businessmen. Ce qui engendre des conséquences économiques, sociales, environnementales. Il y a également, toujours selon les réflexions, que la réduction des pistes pousse les éleveurs surtout les transhumants, à se déplacer énormément. Ce qui entraîne des conflits incessants entre agriculteurs et éleveurs, la séparation des familles pendant les périodes de transhumance, des pertes de bétails lors des déplacements. Au sortir de cet atelier, les participants ont fait des recommandations aux différentes structures de l’environnement, de l’élevage et de l’agriculture ayant participé aux travaux. Les éleveurs ont demandé une relecture des textes sur le foncier national, la diffusion desdits textes dans les différentes langues nationales. A cela s’ajoutent un renforcement des capacités des éleveurs et des organisations professionnelles des éleveurs, la tenue de cadres de réflexions pour faciliter la coexistence entre les différentes communautés. Enfin, ils ont souhaité une mise en valeur et une réhabilitation des espaces et pistes pastoraux. Par ailleurs, les participants à l’atelier ont demandé aux municipalités d’accompagner les éleveurs dans l’acquisition de leur titre foncier, et l’accès au financement, au regard du budget qui est alloué au secteur de l’élevage au Burkina Faso.
