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Au Burkina Faso, opposition et pouvoir mobilisés sur un potentiel référendum constitutionnel
Publié le vendredi 30 mai 2014   |  AFP


Présidence
© Autre presse par Ivan Sama
Présidence du Faso : le chef de file de l`opposition reçu en audience
Jeudi 14 novembre 2013. Ouagadougou. Le président du Faso, Blaise Compaoré, a reçu en audience une délégation de l`opposition conduite par son chef de file, Zéphirin Diabré


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Pouvoir et opposition mobilisent leurs troupes au Burkina Faso au sujet d’un éventuel référendum sur une modification de la constitution, qui permettrait à Blaise Compaoré de participer à l’élection présidentielle de 2015, après 27 ans de règne.
Samedi, l’opposition tiendra meeting dans le stade du 4 août, le plus grand de Ouagadougou (35.000 places). Thème de ce rassemblement: le non à la consultation populaire.
L’avenir du Burkina Faso, et surtout celui du premier de ses citoyens, est en jeu. L’article 37 de la constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, empêche pour l’instant Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, d’être candidat en novembre 2015.
Le président arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, qui termine son deuxième quinquennat après avoir effectué deux septennats, avait déjà évoqué la tenue d’un référendum en décembre.
Il "pense qu’il n’y a pas d’autre solution", commente Assimi Kouanda, le secrétaire exécutif du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, pouvoir), également ministre d’Etat chargé de mission à la présidence.
"Un référendum est le meilleur moyen démocratique pour départager les Burkinabè", pour le CDP, qui souligne qu’une révision du texte fondamental par consultation populaire "n’est pas une atteinte à la constitution".
Avant cela, le pouvoir doit toutefois "jauger sa cote de popularité", d’où "une campagne tous azimuts pour expliquer sa démarche", observe Abdoul Karim Ouédraogo, analyste politique.
Depuis mi-avril, le président multiplie ainsi les tournées pour des
"échanges avec les populations sur leurs conditions de vie", suivis de bains de foule.
"Il est entré en campagne" pour le réferendum, juge M. Ouédraogo.
Lors d’une visite mi-mai à Réo (ouest), le chef de l’Etat affirmait avoir donné aux Burkinabè "la liberté de faire (leur) choix". "Nous sommes majoritaires dans le pays" et "cette majorité va imposer (ses) choix", clamait-il.
Il s’agit de "réaffirmer avec force" que le référendum aura lieu, résume le ministre de l’Industrie Patiendé Arthur Kafando, membre du bureau politique du CDP.

- ’Dernier combat politique’ -

Mi-avril, le Front républicain, fort d’une quarantaine de partis dont le CDP, avait rassemblé 10.000 personnes à Bobo Dioulasso (ouest) sur ce thème.
Fin janvier, 10.000 personnes selon la police, 100.000 selon les
organisateurs, avaient à l’inverse manifesté à Ouagadougou contre un potentiel "coup d’Etat constitutionnel".
Le "grand rassemblement populaire" prévu samedi marquera, selon
l’opposition, "le lancement d’une série de mesures et de dispositions"
invitant à "une résistance citoyenne contre la forfaiture qui se prépare".
Des "Comités contre le référendum" seront mis en place dans les 45
provinces du pays. Sept organisations de la société civile, dont le puissant Front de résistance citoyenne, ont appelé à "faire échec" à la tenue du scrutin.
Le Balai citoyen, mouvement hostile au régime Compaoré, a également lancé des initiatives de résistance sur les réseaux sociaux, pour l’instant peu suivies.
Ses piliers, les artistes Smockey, Sams’k le Jah ou Souleymane Ouedraogo, alias Basic Soul, ont annoncé deux meetings suivis de concerts à Ouagadougou et Bobo Dioulasso, les principales villes du pays, où l’opposition est plus fortement représentée.
"Si Blaise Compaoré veut forcer le référendum, il mène son dernier combat politique", juge Emile Pargui Paré, cadre du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, opposition).
"Nous allons nous affronter démocratiquement ou dans la rue. La
désobéissance démocratique est aussi une possibilité", poursuit-il.
Selon certains observateurs, une nouvelle candidature du président pourrait provoquer de violents débordements.
"On ne consulte pas le peuple sur nos lubies personnelles. En 2015, le meilleur moyen de nous préserver, c’est que Blaise Compaoré respecte la loi et s’en aille", lance Siaka Coulibaly, juriste et politiste.
Mais si le référendum se tient, "il n’est pas exclu que le +oui+ l’emporte au regard des résultats engrangés par le parti au pouvoir", remarque Abdoul Karim Ouédraogo.
Lors des élections législatives de 2012, le CDP avait recueilli 55% des voix, puis 66% des sièges aux municipales de 2013. Sur les 367 communes urbaines et rurales du pays, l’opposition en dirige moins d’une cinquantaine.

str-jf/mba

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