La population de Bittou a manifesté Les 18 mai et 19 mai 2014, contre le transfert de la douane de Bittou au Poste de contrôle juxtaposé (PCJ) de Cinkansé. Plusieurs personnes sont sorties dans les rues pour désapprouver cette décision.
La population de Bittou est en colère contre le départ de la Douane de Bittou au Poste de contrôle juxtaposé de Cinkansé (PCJ). Elle a exprimé son désarroi en parcourant toutes les artères de la ville les 18 mai et 19 mai 2014 et ont remis une lettre de protestation au préfet de Bittou, Félix Balibié Bénao. La décision de ce transfert qui émane de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) rentre dans le cadre de la libre circulation des personnes et des biens pour la fluidité des transactions dans les trafics routiers. Dans les perspectives donc de l’UEMOA, les PCJ vont concerner dix neufs postes de douane sur l’ensemble du territoire burkinabè. Bittou a été le poste test de cette expérimentation des PCJ au Burkina, selon le Directeur régional (DR) de la Douane du Centre-Est, Adama Nana.
Manque à gagner
La présence du bureau de douane à Bittou génère un nombre important d’activités qui concourent à la vitalité économique de la ville. La décision de sa délocalisation est ainsi perçue par les populations comme une façon de « tuer leur gagne-pain ». Par exemple, la question de l’avenir des 116 bureaux de transit où travaillent plus de 600 transitaires se pose. « Ils sont venus nous tuer ; où allons-nous rentrer avec nos enfants l’année prochaine pour les inscrire à l’école ? C’est grâce aux activités de transit que nos maris arrivaient à subvenir à nos besoins. En tout cas si rien n’est fait, nous allons nous retrouver avec des enfants qui n’iront pas à l’école », fustige Mme Dao/ Ouédraogo Awa, commerçante installée aux abords du bureau de douane de Bittou. C’est aussi une énorme perte pour la mairie de Bittou, qui évalue son manque à gagner à 59 millions de francs CFA . Pour le maire de la commune de Bittou, Issoufou Zampaligré, le budget communal de Bittou va prendre un "sévère coup" étant donné que les 80% de ces réalisations proviennent des recettes douanières. Construction d’écoles, de Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), recrutement des jeunes pour diminuer le chômage sont des réalisations que la mairie fait grâce à ces recettes.
Comité de réflexion
Sur les pancartes de revendications des populations de Bittou, on pouvait lire : « Non au départ de la douane. Quel avenir pour nos familles ? Etc. ». Un comité de réflexion composé du DR de la douane du Centre-Est, des nouveaux et anciens chefs de bureau de douane de Bittou et de Cinkansé, s’est penché sur le sort de la douane de Bittou après son transfert et a fait des propositions : « Transformer le bureau de douane de Bittou en Bureau de première catégorie, ou en Bureau de dédouanement de véhicules d’occasion ou soit en brigade mobile ». Ou bien encore, selon certaines indiscrétions, dédommager les personnes victimes ou leur octroyer des micros-crédits pour se réinstaller. Mais pour le moment, seules les vingt- sept (27) maisons de transit à Bittou ont déposé leur agrément et peuvent aller travailler sur le nouveau site de Cinkansé. Les autres maisons font en attendant, le transit des véhicules provenant du Ghana. Et quand le poste de douane de Kanyiré-Sangabouli, frontière Burkina/Ghana sera en deuxième catégorie, la douane de Bittou sera définitivement fermée. Le Directeur general de la douane du Burkina, Jean Sylvestre Sam, a au cours d’une rencontre avec les autorités communales, confirmé la décision. « J’ai instruit les autorités communales et les autres acteurs touchés par la mesure de recenser tous les problèmes et nous allons les étudier », a-t-il précisé.