On l’a appris tard dans la nuit du samedi au dimanche 25 mai 2014 : Salifou Nébié, magistrat et membre du Conseil constitutionnel, est mort aux environs de 20 heures dans des circonstances énigmatiques. Son corps a été, en effet, retrouvé, gisant à plusieurs dizaines de mètres, dit-on, de son véhicule, sur la bretelle qui relie Saponé-Marché à Kalkuidiguin (route de Léo). Si, comme dit plus, les circonstances du décès n’étaient pas connues au moment où nous traçions ces lignes, il semble que le corps présentait des blessures, notamment dans la région de la tête et du cou qui ont laissé penser, dans certains milieux, qu’il aurait été vraisemblablement battu à mort et que dans d’autres, il serait tombé dans un guet-apens. Homicide ? Accident ? A en croire le procureur général près la Cour d’appel, Wenceslas Ilboudo, qui s’exprimait sur les antennes de la télévision nationale, au journal télévisé de 13h15, aucune piste n’est à écarter.
elon la même source, le procureur du Faso, alerté par la gendarmerie de Saponé s’est rendu sur les lieux suivi d’un juge d’instruction pour les constatations d’usage et l’ouverture d’une enquête pour déterminer les causes exactes du décès.
A cet effet, une autopsie sera pratiquée aujourd’hui sur le corps ramené à la morgue de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo. Dans les cercles proches du défunt, on affirme que samedi après-midi, il a assisté aux côtés de bien d’autres amis à une petite soirée d’anniversaire où il serait resté jusqu’aux environs de 19 h.
Ce qui intrigue dans le même milieu, c’est que Salifou Nébié se déplace rarement seul, toujours accompagné qu’il est parce que conduit par un chauffeur ou ayant un garde-du-corps. Nous reviendrons certainement sur cette affaire, mais retenons que la victime a été, entre autres, ambassadeur à Cuba pendant de longues années. Il était marié et père de trois enfants. Le regretté était le beau-frère de l’ancien président de la Cour de cassation, Cheick Ouédraogo, dont il a épousé la petite sœur. Il était également le beau-frère de l’ancien médiateur du Faso, Mme Ouédraogo Amina Mousso, elle-même magistrate et épouse du grand-frère de sa femme, le Pr Ali Ouédraogo.
Encadré
Au moment où nous mettions sous presse cette édition, nous avons reçu du Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, le communiqué qui suit :
Cour d’appel de Ouagadougou
Parquet du Procureur Général
Communiqué sur le décès brutal de monsieur Salifou Nébié
La nuit du samedi 24 mai 2014 aux environs de 20 heures 19 minutes, la Brigade territoriale de Gendarmerie de Saponé a été informée de ce qu’une personne se trouverait allongée sur la bretelle de la route départementale N° 39 (la brettelle qui donne accès au centre ville de Saponé).
S’étant transportée immédiatement sur les lieux situés environ à 500 mètres du carrefour, les gendarmes ont constaté effectivement la présence d’une personne au milieu de la chaussée et d’un véhicule de type tout_terrain 4x4 immobilisé à environ 100 mètres plus loin.
L’arrivée de l’agent de santé a permis de révéler l’identité de la personne et de confirmer son décès. Il s’agit de Monsieur Salifou NEBIE, membre du Conseil constitutionnel. Les premières constations de l’enquête n’écartent pas le caractère suspect de la mort de Monsieur Salifou NEBIE.
Informés, le Procureur du Faso près le TGI de Ouagadougou et un juge d’instruction se sont déplacés sur les lieux pour diriger et coordonner les constations.
Les autorités du ministère de la Justice et du Conseil constitutionnel étaient également présentes sur les lieux.
L’enquête ouverte permettra de déterminer les circonstances précises de cette mort et éventuellement de rechercher le(s) auteurs en cas de crime.
Nous adressons toutes nos condoléances à la famille éprouvée ainsi qu’à tous ses collaborateurs et amis qui l’ont côtoyés tout au long de sa riche carrière.
Ouagadougou, le 25 mai 2014
Le Procureur général près la Cour d’appel
Wenceslas ILBOUDO
Chevalier de l’Ordre national
Biographie de Monsieur Salifou NEBIE
Monsieur Salifou NEBIE naquit à Ouagadougou le 12 janvier 1956.
Magistrat de profession, Monsieur NEBIE était marié et père de trois (03) enfants.
Après ses études primaires et secondaires à Ouagadougou, il poursuivra ses études supérieures à l’Ecole supérieure d’administration et des carrières juridiques (ESACJ) à l’Université du Bénin-Lomé au Togo. Il entrera par la suite à l’Ecole nationale de magistrature de Paris-France.
Monsieur NEBIE était titulaire de :
- le diplôme de la magistrature ;
- la maîtrise en droit ;
- le Baccalauréat
- le Brevet d’études du premier cycle
- le certificat d’étude primaire élémentaire.
Au cours de sa carrière professionnelle, Monsieur Salifou NEBIE a occupé de hautes fonctions dans différentes juridictions du Burkina Faso de 1983 à 1987. Il a été également Chargé de mission à la Présidence du Faso en 1988, puis ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso auprès de la République de Cuba, du Nicaragua, de Haïti et de la Jamaïque avec compétence sur les pays suivants de la juridiction : Belice, Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Panama et la République Dominicaine de 1995 à 2007.
Monsieur NEBIE a participé à de nombreux séminaires et conférences en Afrique, en Europe et en Asie.
Monsieur NEBIE était Chevalier de l’Ordre national, Médaillé de l’amitié de la République de Cuba.
Monsieur Salifou NEBIE était juge au conseil constitutionnel. Il y avait été nommé par le décret n°2008-691/PRES du 08 novembre 2008 membre du Conseil constitutionnel. Il avait prêté serment le 23 décembre 2008.