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L’Observateur N° 8256 du 19/11/2012

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Intervention Nord-Mali : Le MUJAO se fait la main à Ménaka
Publié le mardi 20 novembre 2012   |  L’Observateur




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La grande offensive de l'armée malienne, appuyée par la force en attente de la CEDEAO, n'a pas encore commencé, mais le Nord-Mali est déjà un champ de bataille où se combattent certains des groupes rebelles qui y ont élu domicile. L'enjeu semble être pour le moment de délimiter, voire même d'agrandir son domaine ou de récupérer des terres perdues auparavant, comme c'est le cas avec les hostilités qui opposent depuis quelque temps le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) à celui pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO).

Après plusieurs jours de combat, le MUJAO, appuyé par des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, a chassé le MNLA de Ménaka. Cette ville, on se rappelle, avait été l'une des toutes premières conquêtes des troupes d’Ibrahim Ag Bahanga, alors alliées aux groupes islamistes, avant d'en être chassées une première fois en juin par le MUJAO. Mais ce dernier la quittera au motif qu'elle n'était pas importante dans sa stratégie globale. Parce qu'il a repris sa chose, faut-il donc croire que les données du problème ont changé pour nécessiter une redisposition tactique ?

Une chose est sûre, en désertant cette ville proche de la frontière avec le Niger, le MNLA voit ses positions se réduire comme peau chagrin au profit des mouvements salafistes qui font la pluie et le beau temps dans le septentrion malien. On comprend mieux d'ailleurs pourquoi le MNLA est accroché à la négociation et à la médiation burkinabè, seul moyen peut-être pour lui de continuer d'exister politiquement, du moment que, militairement, il ne représente pas grand-chose sur le terrain.

Cette perte de Ménaka intervient d'ailleurs au moment où, à Ouagadougou, les pourparlers directs se poursuivent entre le MNLA et Ansar Dine sous le regard bienveillant du président Blaise Compaoré et des autorités maliennes, qui semblent vouloir isoler les Maliens, avec qui il fallait effectivement discuter un jour au l'autre, pour mieux frapper les moudjahidines étrangers d'AQMI et du MUJAO qui, eux rêvent d'un nouveau Khalifa où la charria serait de rigueur. Depuis le début de l'année, on a d'ailleurs une petite idée du projet de société que veulent instaurer ses trafiquants à la petite semaine sous le couvert de l'islam, qui lapident, amputent et fouettent buveurs, fumeurs et couples prétendument adultérins et détruisent des monuments souvent classés au patrimoine de l'UNESCO.

La bataille de Ménaka aura également mis en exergue la solidarité islamiste, puisque c'est avec du renfort d'AQMI que le MUJAO est venu à bout du MNLA. Reste à savoir si cette union sacrée résistera à l'armada ouest-africaine et internationale qui est en train de se mettre en place au petit trot.

Kader Traoré

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