Le dernier rapport de l’ONG Human rights watch (HRW) épingle les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) pour non- respect des droits de l’Homme dans le traitement réservé aux partisans de l’ex- président Laurent Gbagbo. Les abus ont pour noms : "arrestations arbitraires, détentions illégales, actes d’extorsion, traitements inhumains et, dans certains cas, des actes de torture". Dans leur traque contre les miliciens qui veulent déstabiliser le pouvoir de Alassane Dramane Ouattara, la nouvelle armée a peut-être oublié que dans une République, l’usage de la force publique est réglementée et que toute interpellation obéit à des règles strictes. Cela fait plus d’un an que la Côte d’Ivoire est sortie du cercle de l’anarchie. L’Etat de droit a repris du service progressivement certes, mais il doit s’imposer à tous ; aussi bien aux vainqueurs du jour qu’aux ennemis d’hier. La volonté de lutter contre l’insécurité et de nettoyer le pays des poches de résistance armée ne peut se faire en piétinant la loi et les droits de l’Homme. Ce serait un mauvais signal de la part du gouvernement ivoirien qui a déjà du mal, pour diverses raisons, à mettre tout le monde dans les wagons du train de la réconciliation nationale. Le gouvernement, une fois n’est pas coutume, par le biais d’un de ses membres intérimaires, a plus ou moins reconnu les abus dénoncés par Human rights watch. C’est un bon signe car les précédents rapports d’autres ONG ont plutôt été balayés du revers de la main. Le gouvernement, en son temps, avait annoncé des contre-enquêtes dont on attend toujours les résultats. Mais il faut aller au-delà de cet aveu et montrer par des actes concrets la volonté de limiter de tels abus. Il faut en finir avec les discours et discipliner très rapidement les FRCI dont on sait qu’elles sont composées d’anciens combattants rebelles, de Dozos en mal de reconnaissance ou de reconversion, pas toujours bien formés et qui pour certains ont du mal à se républicaniser. Il est peut- être encore trop tôt pour le pouvoir de ADO de se débarrasser de ses supplétifs, devenus aujourd’hui un boulet à ses pieds. Mais, tôt ou tard, il lui faudra bien régler ce problème car la crédibilité de son pouvoir et la stabilité du pays en dépendent. Pourvu donc que ce mea culpa à demi-mot serve de tremplin pour une reprise en main vigoureuse des brebis galeuses dans l’armée ivoirienne. Cela est indispensable pour le pouvoir de ADO. A un moment où celui-ci est à la recherche d’un second souffle politique avec les dissensions au sein de la coalition RHDP, le changement de ton, seul, ne suffira pas. Il faut des actes.