Le Président du Faso, Blaise Compaoré, prend part, du 29 au 31 août 2012 à Téhéran, en Iran, au sommet des pays membres du mouvement des non-alignés. Pendant trois jours, les 120 Etats membres et 17 observateurs composés de 8 Etats et de 9 organisations internationales, discuteront sur les questions brulantes de l’heure. Dans un monde qui tend de plus en plus vers une vision unique, les dirigeants des pays non-alignés vont réaffirmer leur position qui prône plus de justice, d’égalité, d’indépendance… tout en dénonçant l’uni - polarisation de la planète …
La tenue du sommet du mouvement des non-alignés dans le pays de Mahmoud Ahmadinejad, constitue, en elle-même, un événement qui montre que lors des débats, des questions à plusieurs enjeux seront abordées. Pour qui connaît les positions défendues par le président iranien face aux pays occidentaux, ce serait une lapalissade de dire que le Mouvement des non-alignés aura pour ambitions à Téhéran, de dénoncer les agissements des pays occidentaux tels que vécus en Libye, en Iran, au Vénézuela, etc.
De même, les hôtes de Mahmoud Ahmadinejad vont, à coup sûr, manifester leur désapprobation face aux actions en cours en Syrie, pays qui vit une crise très grave, depuis plus d’un an. Déjà, l’on s’attend à ce que beaucoup d’encre et de salive coulent, au cas où le président syrien, Bassar Al-Assad, se rendrait à Téhéran. En attendant, il a reçu une invitation officielle afin de se rendre au sommet qui se déroule du 29 au 31 août 2012. Pourquoi le gouvernement iranien a-t-il préféré envoyer son invitation au président syrien au lieu des rebelles ? En observant les actes de Mahmoud Ahmadinejad, l’on se rend compte qu’il reste fidèle à sa position de défense et de soutien au régime d’Assad, position qui irrite certaines puissances comme les USA, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, etc. En tous les cas, au cours d’une réunion préparatoire du sommet, l’Iran a annoncé qu’il profiterait du sommet pour défendre sa position dans la crise syrienne, où il a pris fait et cause pour le régime de Damas, l’un de ses principaux alliés, contre les Occidentaux et la plupart des pays de la région. Pour le moment, les dirigeants iraniens sont tranquilles, car le jeu diplomatique actuel leur permet de narguer les Occidentaux. En effet, Ahmadinejad joue sur le tableau de la faiblesse et des hésitations de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), sur l’inflexibilité de la Russie et de la Chine face à l’ONU. Pour donner le ton, lors d’une rencontre préparatoire du sommet, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, s’est prononcé contre « les ingérences extérieures et l’exploitation des contestations populaires dans le monde arabe. Ces ingérences constituent un obstacle aux aspirations des peuples arabes », a-t-il déclaré.
Une victoire de Téhéran sur ses détracteurs
Le fait que le sommet des pays non-alignés se tienne en Iran est une victoire en soi pour Téhéran. En effet, à travers ce sommet, l’Iran est parvenue à briser un tant soit peu l’isolement que les pays occidentaux tentent de lui imposer, faisant croire que le régime d’Ahmadinejad est non fréquentable. Et ce ne sont pas les tentatives de faire échouer l’Iran dans son aventure qui ont manqué. Mais, en attendant le jour "J", quelques grands du monde ont annoncé leur présence. Parmi eux, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, le nouveau président de l’Egypte, Mohammad Morsi, etc.
Face à un tel succès annoncé du sommet de Téhéran, l’Etat d’Israël, détesté par l’Iran, ne peut assurément pas rester les bras croisés. D’ailleurs, lors d’un discours à la cérémonie d’ouverture des travaux préparatoires du sommet, le dimanche 26 août 2012, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a affirmé qu’ « Israël » est la plus grande source du terrorisme dans le monde. « Il n’y aura pas de paix avant de mettre fin aux tueries, aux expulsions du peuple palestinien par l’occupation israélienne », a-t-il martelé.
Au regard de cette donne, Israël a déclenché une campagne diplomatique, de part et d’autres, pour faire échouer ce sommet. Son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, aurait même envoyé des instructions aux missions diplomatiques israéliennes pour qu’elles découragent les Etats d’Europe centrale, d’Asie et d’Amérique du Sud, de participer à la rencontre. Il revient que la réunion du Mouvement des pays non alignés, en Cisjordanie, à Ramallah, a été annulé, le dimanche 26 août dernier, en raison du refus d’Israël d’accorder des visas aux représentants de plusieurs Etats. En effet, l’autorisation de l’Etat hébreu était nécessaire pour arriver sur le territoire de l’Autorité palestinienne. La partie israélienne a expliqué que les délégués du Cuba, de l’Indonésie, de la Malaisie et du Bangladesh se sont vu refuser l’entrée parce qu’ils ne reconnaissent pas l’Etat d’Israël.
Les représentants de 13 pays devraient se réunir pour discuter d’un plan visant à améliorer le statut de l’Autorité palestinienne aux Nations unies. Ils sont membres du comité palestinien dans le mouvement des pays non-alignés, qui se compose de 120 pays, principalement asiatiques, africains et latino-américains. Ce qui dénote que les iraniens veulent s’attirer les bonnes grâces des Palestiniens en mettant à l’ordre du jour, la reconnaissance d’un Etat palestinien par un vote à l’Assemblée générale de l’ONU, où Mahmoud Abbas est assuré de recueillir un soutien massif. Pour Israël, « ce sommet est une tentative iranienne de sortir de l’isolement international qui lui est imposé à cause de la poursuite de son programme nucléaire ». Le sommet des non-alignés sera une opportunité pour Ahmadinejad de rechercher du soutien autour de son projet du nucléaire. Sur la question, le chef de la diplomatie iranienne a déjà remercié les Etats non - alignés pour leur soutien aux activités nucléaires iraniennes pacifiques. « Nous ne demandons que nos droits légitimes. Nous souhaitons une solution équitable (au dossier nucléaire iranien), et non pas des solutions biaisées par l’approche de deux poids et deux mesures de l’AIEA et d’autres entités de l’ONU », a-t-il souligné.
Indubitablement, le sommet de Téhéran marquera la volonté des Etats du mouvement des non-alignés de refuser un monde unidirectionnelle, dominé par les Occidentaux. Le mouvement des non-alignés (ou mouvement des pays non-alignés) étant une organisation internationale regroupant 120 Etats qui se définissent comme n’étant alignés ni avec ni contre aucune grande puissance mondiale.