Dans notre édition d’hier mercredi, nous évoquions, dans un encadré, le silence des autorités face au phénomène de disparition de sexes, qui avait connu son paroxysme avec le lynchage d’un homme. Craintes levées avec la conférence que le gouverneur du Centre-Ouest, Marie Désirée Chantal Boni, a animée hier même. Pour l’occasion, elle était entourée des membres du comité de crise créé pour gérer ce problème. Appel au calme et à la raison, au respect de la vie et à la préservation de la paix ont été les maîtres mots de cette conférence.
Le gouverneur, Marie Désirée Chantal Boni, a tenu d’entrée à préciser qu’il ne s’agit pas d’une conférence de presse, mais d’une tribune pour passer un message à l’ensemble de la population.
Un message appelant au calme, à la tolérance et à la retenue. Revenant sur les débuts du phénomène et faisant le point de tous les cas enregistrés, le gouverneur a indiqué que, très tôt, elle a constitué un comité de crise.
Il fallait alors rassembler toutes les informations afférentes, avant de communiquer. ‘’Car il ne s’agit pas pour nous d’en rajouter à la psychose par des informations non maîtrisées’’, martèle Marie Désirée Chantal Boni. ‘’Nous déplorons l’intolérance entraînant de graves violations des droits humains qui semble gagner du terrain, en témoigne l’égrenage des faits de disparition de sexes, de l’agression de présumés voleurs de sexes et du lynchage d’un homme par la foule’’, indique Mme Boni.
‘’Face à une telle situation, je tiens à rappeler que de tels agissements sont contraires à l’état de droit et remettent en cause l’un des principes de la justice qui est la présomption d’innocence’’, affirme Marie Désirée Chantal Boni, ajoutant que par conséquence, nul ne peut se faire justice soi-même ou se livrer à des actes répréhensibles qui enlèvent toute possibilité à toute personne de prouver sa non-culpabilité.
Certes, des procédures judiciaires sont en cours pour solutionner ces cas, mais au regard de la gravité des faits, Mme Boni à inviter les populations au calme et à la retenue face à ce phénomène qui pourrait, craint-elle, menacer la paix et la cohésion sociales. Du reste, si des personnes peuvent faire disparaître un sexe, elles disposeraient, par conséquent, du remède pour le faire réapparaître, déclare-t-elle. ‘’Si vous le tuez, vous enlevez la possibilité à la victime de recouvrer son sexe’’. Mme Boni a prévenu ceux qui accusent leurs prochains de disparition de sexes qu’ils se rendent coupables de ce qui pourrait advenir à l’accusé.
Les sexes étaient bel et bien à leur place
La rencontre avec le gouverneur et le comité de crise a été instructive pour plus d’un. En effet, même s’il n’était pas question d’entrer dans les détails pour ne pas compromettre l’instruction (qui serait en cours) des dossiers, les patrons de la justice ont indiqué que des procédures judiciaires sont ouvertes pour tous les cas dénombrés. Du côté de la santé, le directeur général (DG) de l’hôpital de l’Amitié, le Dr Tadjoa Yonli, a été, on ne peut plus clair, tous ceux qui ont été conduits dans son service (11 plaignants) ont été auscultés et les médecins ont trouvé que les sexes sont en place.
‘’Des gars tiennent eux- mêmes leur sexe pour la prise de photo et continuent de crier que leur sexe a disparu, ça dépasse l’entendement de la science’’, confie le Dr Tadjoa Yonli, créant l’hilarité dans la salle.
Mieux, les agents de santé ont pris soin de photographier l’entre-jambes des intéressés et constaté que leurs sexes étaient bel et bien en bonne forme. ‘’Il faut travailler à éviter les paniques, la psychose, les effets de foule, l’intolérance et les règlements de compte. Il faut que chacun sache raison garder. Les citoyens ne doivent pas aller dans le sens de ceux qui veulent soulever les foules. Il faut passer des messages de respect à la vie, aux droits humains et à la paix. On ne doit pas hypothéquer les efforts qui ont été consentis pour ramener la paix à Koudougou et dans toute la région’’, ont préconisé le gouverneur et l’ensemble des membres du comité de crise.
De belles résolutions et nous espérons que la population ira dans le même sens. Car, selon nos constats et les témoignages, ainsi que les clichés des médecins de l’hôpital de l’Amitié, il est presque avéré qu’aucun des soi-disant victimes n’a jamais perdu son sexe. Et sur la taille de l’organe, tout le monde sera d’avis que le sexe de l’homme n’a jamais la même proportion. Donc évitons, par des accusations fausses, hâtives ou malencontreuses d’être à l’origine du lynchage d’un innocent.