Moïse Sawadogo, le président de l’Organisation pour la démocratie et le travail (ODT) débarqué lors d’un congrès en août dernier, a déposé une plainte contre son successeur à la tête du parti pour «Faux et usage de faux en écriture ayant servi à obtenir un récépissé». Ce jeudi 22 mai 2014, cette plainte devrait être examinée par le tribunal administratif de Ouagadougou, si la grève des greffiers ne perturbe pas l’audience.
Qui de Moïse Sawadogo ou de Mahamoudou Sawadogo aura finalement le récépissé du parti ? Ce jeudi, si la grève des greffiers (prévue du 21 au 23 mai) ne perturbe pas l’audience, les deux hommes seront appelés à s’exprimer devant le tribunal administratif au palais de justice de Ouagadougou. Et pour cause, Moïse Sawadogo, le président débarqué lors d’un congrès en août 2013, accuse Mahamoudou Sawadogo, l’actuel président, d’avoir usé de faux pour se faire délivrer le récépissé du parti.
Que s’est-il passé exactement? Le 31 août dernier, des militants de l’ODT, qui contestent la gestion du parti, convoquent un congrès à Kongoussi, dans le Bam, pour réorganiser le parti selon eux. Ils écartent Moïse Sawadogo de son poste au cours de ce congrès, « pour mauvaise gestion ». Mahamoudou Sawadogo lui succède. Le 22 septembre suivant, Moïse Sawadogo convoque un conseil national qui décide de sanctionner certains de ceux qui ont participé au congrès de Kongoussi. Accusé d’être l’une des chevilles ouvrières de la « conspiration », l’unique député du parti, Dieudonné Sawadogo, est suspendu et huit autres militants radiés.
Fausses signatures
Le ministère en charge de l’Administration territoriale délivre donc le récépissé aux nouveaux patrons du parti. Mais le président destitué conteste la légalité des documents sur lesquelles le département de Jérôme Bougouma s’est appuyé pour délivrer le récépissé. Il explique que la liste des membres du Conseil national du parti ayant demandé le congrès (que Fasozine a pu consulter) a été inventée et bourrée de fausses signatures. Ainsi, des personnes qui n’auraient pas fait le déplacement de Kongoussi retrouveraient leurs noms sur la liste de présence, avec en face une signature qui n’est pas la leur. D’autres, sachant signer en bonne et due forme et qui n’auraient pas participé au congrès, auraient retrouvé leur nom sur la liste, avec à la place de leur signature des empreintes digitales...
Une dame, élue secrétaire adjointe chargée des finances dans le nouveau bureau exécutif et assure que «pourtant, je n’ai pas été consultée. Il semble que c’est à Kongoussi que tout cela s’est passé. Je n’ai jamais effectué de déplacement dans cette ville. Je conteste ma présence sur cette nouvelle liste… » Une autre affirme: « J’ai ma signature depuis 30 ans, alors que sur leur document, il a été apposé une empreinte qui n’est pas la mienne ».
Vers un feuilleton PAI bis?
Munis donc de ces témoignages recueillis par les gendarmes, Moïse Sawadogo et quatre autres membres du conseil de l’ODT décident de saisir le procureur et déposent une plainte pour «Faux et usage de faux en écriture ayant servi à obtenir un récépissé». Sur le procès verbal d’audition de la gendarmerie que Fasozine a pu consulter, Mahamoudou Sawadogo, parle de «mensonges» de la part de ceux qui disent ne pas avoir signé le document, mais admet cependant que certains n’ont pas effectué le déplacement de Kongoussi et qu’il ne sait pas si quelqu’un a signé à leur place
L’affaire a été jugée une première fois au pénal et le 12 mai dernier, le tribunal de grande instance de Ouagadougou a relaxé Mahamoudou Sawadogo. Mais ce verdict au pénal ne clos pas pour autant le feuilleton, ses adversaires ayant décidé d’attaquer sur le terrain administratif pour demander l’annulation du récépissé. S’achemine-t-on vers un feuilleton PAI bis?