La 5e édition de Copa Coca-cola de football a connu son épilogue le 13 mai 2014. Si tout s’est bien déroulé dans l’ensemble avec la présence du parrain Samuel Eto’O, il ne faut pas occulter le fait qu’il y avait néanmoins du feu qui couvait sous la cendre suite à la disqualification rocambolesque en demi-finale du lycée privé Kuilga-Elisabeth de Koubri. En effet, le tout Koubri était prêt à descendre à Ouagadougou pour perturber la finale. C’est dire que l’on a failli avoir trois finalistes sur la pelouse. Les habitants de Koubri entendaient manifester leur courroux suite à la disqualification de leur équipe du tournoi pour des raisons dont seuls les organisateurs détiennent encore le secret. Face à cette menace sérieuse de boycott de la finale, les organisateurs ont dû, dans la matinée même de la finale, dépêcher une mission à Koubri pour demander pardon, et implorer les gens de ne pas mettre en exécution leurs menaces ; ce qui aurait été un scandale à grande échelle devant l’aréopage de personnalités. Comment en est-on arrivé à là ?
Nous avons reçu la visite de l’entraîneur de Koubri, et cela nous a amené à investiguer auprès des parties en litige, pour en savoir davantage. Mais d’emblée nous vous informons que les organisateurs de Copa Coca-cola, principaux incriminés dans l’affaire contactés, n’ont pas daigné nous donner leur version des faits. Pour la compétition proprement dite, il n’y a pas eu de demi-finales. Ayant été disqualifiée in-extrémis, les 2 autres équipes, ont été automatiquement promues en finale. Idrissa Congo, entraîneur du lycée privé Kuilga-Elisabeth de Koubri relate le film de leur mise à l’écart.
Le Lycée privé Kuilga-Elisabeth de Koubri (LPKE) a été le champion de la région du Centre, donc représentant de Ouagadougou pour la finale régionale. “C’était le dimanche 11 mai 2014 que les demi-finales inter-régions devaient commencer, et notre lycée devait jouer contre le lycée mixte de Ouahigouya, vainqueur de la région du Nord à l’INJEPS. Notre 2e match devait se jouer dans la même soirée contre le lycée mixte d’Accart-ville de Bobo-Dioulasso. Ce sont les trois établissements des trois régions qui devaient s’affronter dans un tournoi triangulaire pour désigner les deux finalistes. A quelques minutes du coup d’envoi, à notre grande surprise, les organisateurs nous ont fait savoir que la liste que nous avons déposée auprès d’eux contient des nouveaux noms, des enfants qui n’ont pas eu à prendre part à la compétition depuis le début. Ils nous ont fait savoir qu’ils allaient s’en tenir à la feuille de match de la finale régionale. Effectivement, un des organisateurs a fait venir la feuille de match et a tenu à faire respecter et à homologuer les joueurs qui étaient sur place, et finalement, il a autorisé 11 joueurs du LPKE à jouer. Malgré cela, Dieu merci, nos enfants ont gagné le match par 4-0. Mais je tiens à relever que dès le début, Ouahigouya a eu à poser une réserve portant sur les documents avec lesquels nos joueurs ont joué, à savoir les pièces scolaires. L’adversaire dit que ça devait être des licences USSU-BF, mais il est à noter que la compétition au niveau de Ouagadougou s’est déroulée avec les pièces scolaires, et ce sont les organisateurs eux-mêmes qui ont donné cette autorisation. Une autre grande surprise, à la fin du match, on nous a fait partir dans des salles et ils ont fait entrer nos élèves, de 10h à 11h45mn, nos enfants sont restés dans la salle. Nous encadreurs, on ne comprenait rien ; j’étais obligé moi-même de rentrer pour demander à savoir s’il y a un problème. Ils m’ont répondu qu’ils ont fini, ils vont libérer les enfants. Après près de 1h 45mn, les enfants sont sortis abattus, tous tristes. Nous leur avons demandé de quoi il s’est agi. Les enfants nous ont dit qu’on les a interrogés sur leur âge, les soumettre à une séance d’écriture et leur demander leurs classes. Finalement, relatent toujours les enfants, on leur a dit de mettre dans leur tête qu’ils n’ont pas gagné le match. On s’est alors dit, ah bon ! C’est surprenant, on attend de voir. Ils ont aussi fait entrer les autres équipes, mais comparativement à nos enfants, à peine elles sont rentrées, à peine elles sont ressorties, alors que nous, nos enfants ont fait plus d’une heure enfermés dans la salle avec ces messieurs-là et sans même un encadreur avec eux. Au final, ils ont appelé les encadreurs pour leur dire qu’ils ont vu les équipes, ils ont écouté les enfants, mais qu’ils ont vu des irrégularités et qu’ils allaient trancher après. Nous leur avions demandé quelles étaient ces irrégularités ? Ils nous ont répondu que le verdict va tomber, et c’est ainsi que vers 15h, puisque nous devrions jouer notre 2e match contre Bobo, on nous avait même déjà habillés, je pars pour prendre la feuille de match, et, un certain monsieur nommé Aziz Traoré m’a fait savoir que l’on vient de l’appeler pour dire que notre équipe a été disqualifiée pour le tournoi. J’ai répondu ah bon ! et quel en était le motif ? Ce monsieur m’a rétorqué ; qu’ils vont écrire pour nous signifier le motif. J’ai dit qu’on ne peut pas nous disqualifier, sans nous informer du motif. Sur place, je suis sorti pour annoncer la nouvelle aux joueurs, aux parents d’élèves, aux supporters, et tout le monde était confus ; on ne comprenait rien. Quelques parents d’élèves et des supporters se sont emportés et ont protesté pour dire qu’on ne peut pas nous disqualifier sans nous donner la raison. On était donc obligé de chercher à entrer en contact avec les principaux organisateurs pour en savoir plus. Notons que quand ils ont homologué les 11 joueurs, c’était en présence d’un technicien de la Direction régionale (DR) des sports du Centre, car c’est la DR qui a conduit la compétition de la phase régionale jusqu’à la finale de la région. Pour l’interrogatoire d’après-match qu’ils ont fait avec les enfants, il n’y avait pas quelqu’un non plus de la DR, et les techniciens de la DR sont revenus dans la soirée pour suivre le 2e match qui devait se jouer, mais à leur grande surprise, on les a informés que Koubri était disqualifié. Eux-mêmes ont posé la question, à savoir comment l’équipe a été disqualifiée ? Nous avons par la suite pu rencontrer les organisateurs, et nous leur avons fait savoir que techniquement un match qui se joue, et dont il y a un résultat, on ne peut revenir sur ce résultat qu’à deux conditions : se baser sur le rapport des officiels, ou sur la réserve que l’équipe adverse a posée ; mais je pense que nos amis de Coca-cola n’ont pas tenu compte de cela. On ne sait pas sur quelle base juridique ils se sont tablés pour faire un interrogatoire, voire terroriser nos enfants pendant plus d’une heure de temps, sans la présence d’un encadreur. Ils n’ont pas pu nous montrer les éléments qu’ils ont trouvés comme irrégularités. Nous leur avons dit que nous nous sentons lésés. C’est là qu’ils vont revenir sur leurs pas pour nous signifier qu’on n’est pas disqualifiés mais qu’on nous a mis comme 3e et qu’ils nous donneraient le prix. Nous serons invités pour la finale, nous allons dîner avec Samuel Eto’o. En fait, ils voulaient chercher un arrangement, sinon je me dis qu’une équipe qui a fraudé, qui est disqualifiée, n’a pas de rang ; mais nous sincèrement, nous ne sommes pas d’accord de la décision. Nous ne voulons pas au nom de tous ceux qui aiment le sport, qui sont dans le sport, créer un scandale, mais nous tenons à élever la voix pour dénoncer ce qu’on nous a fait dans ce tournoi, pour que tout le monde sache que réellement la décision que les organisateurs de Coca-cola ont prise est inique, parce que le règlement que nous avons, aucun article ne prévoit un interrogatoire des enfants après un match, surtout que ce sont eux-mêmes qui ont désigné nos éléments qui étaient habiletés à jouer. Nous voulons que l’opinion publique sache que notre lycée méritait de jouer la finale. Sur le plan du résultat, nous devrions jouer la finale. Nous voulons que justice soit faite afin que nous puissions entrer dans nos droits. En tous les cas, j’insiste qu’il y a un dessein que quelqu’un ou des gens veulent accomplir coûte que coûte, mais qu’ils sachent vraiment qu’ils ont fait du tort aux enfants. Qu’ils sachent que ce qu’ils ont fait moralement aux enfants les rattrapera un jour”, a expliqué le coach Idrissa Congo.
Après cette disqualification du LPKE, qui était en fait le représentant de la région du Centre dans le tournoi, nous avons voulu savoir la position de la structure technique ayant conduit la compétition jusqu’à la désignation de cet établissement comme vainqueur de la région. Avec cette disqualification arbitraire de Koubri par les organisateurs de copa Coca-Cola, n’est-ce pas là un désaveu du travail abattu par cette structure technique ? Adama Koanda, chef du service des sports à la Direction régionale des sports et des loisirs du Centre, nous éclaire en expliquant le rôle exact qu’a joué la DRSL. “Au début du tournoi, Coca-cola nous a touché pour un appui technique, qui consistait en deux volets : la fourniture des arbitres, et le règlement des litiges. Le tournoi avait deux phases, les phases régionales, et la phase nationale. A la phase régionale, effectivement, nous avions assumé les deux volets, mais quand, il s’est agi de la phase nationale, nous n’avons plus été contactés, donc nous n’avons pris part à quoi que ce soit. Si j’étais sur le terrain lors du match Koubri-Ouahigouya, c’est parce qu’ils (les organisateurs de Copa Coca-cola) m’ont demandé la feuille de match de la finale de la zone de Ouagadougou où il y avait bien sûr le lycée de Koubri. Comme ma direction n’a pas été officiellement saisie, je me suis abstenu de chercher à savoir ce qu’ils voulaient faire avec la feuille de match, c’est quand je suis revenu dans la soirée pour suivre le second match qui devait opposer en principe Koubri à Bobo, que j’ai été informé que l’équipe de Koubri a été disqualifiée. Sur place, ils ne m’ont pas dit le motif ; c’est après au téléphone qu’ils m’ont dit qu’ils ont triché. Or en la matière, pour disqualifier une équipe, ça ne se fait pas aussi simplement, mais comme c’est eux qui ont initié le tournoi, on se dit qu’ils ont pris leur décision. On ne faisait que les appuyer, sinon, il y a beaucoup de choses à dire, mais peut-être qu’ils ont leur raison”.
Copa Coca-cola dépêche une mission de conciliation à Koubri
Si les organisateurs ont agi en leur âme et conscience, en disqualifiant Koubri, que sont-ils donc allés faire dans cette localité ? De ce qui ressort de ce témoignage d’un parent d’élève, en l’occurrence Seydou Ilboudo, ils sont venus faire leur mea-culpa et chercher des arrangements pour désarmorcer la bombe.
“On voulait voir les organisateurs par rapport à la décision qu’ils ont prise en disqualifiant Koubri. Ils nous ont dit que ce n’était pas possible. On cherchait à voir le rapport du match Koubri-Ouahigouya, les preuves qui éliminent Koubri. Comme c’est ainsi et que nous ne pouvions pas voir les organisateurs, on s’est donc dit qu’on va aller sur le terrain le jour de la finale avec notre équipe, parce qu’on ne nous a montré aucune preuve. C’est ce que nous comptions entreprendre qui leur est parvenu, et ils ont vu que si nous nous rendions sur le terrain avec nos enfants, leurs secrets de tricherie allait se découvrir. C’est certainement cela qui les a amenés à Koubri dans la matinée-même de la finale, c’est-à-dire le mardi 13 mai, pour nous rencontrer. Tout le monde est sorti à Koubri, ils sont venus vers 9h30, et ils ont dit à l’assemblée qu’ils demandent des excuses pour ce qu’ils ont fait au lycée de Koubri. Nous on s’attendait à ce qu’ils disent ce qui les a amenés à éliminer l’équipe de Koubri ; ils ont dit qu’il n’y avait pas de preuves, qu’ils reconnaissent avoir fait une erreur. Nous leur avions dit que si c’est une erreur, on peut réparer, afin que nos enfants puissent jouer la finale. Ils ont essayé de nous calmer pour dire qu’ils vont nous donner le prix de la 3e place, le prix du fair-play, un jeu de maillots, 250 000F. Mais nous leur avons dit que ce n’est pas l’argent le problème, même si c’est un million qu’ils vont nous donner, c’est notre honneur que nous voulons. Pour nous, c’est clair. Ils ont fait tout ça pour garder leur équipe, celle de Bobo, pour venir jouer leur tournoi Copa Coca- cola. On cherche des problèmes pour nos dirigeants, alors qu’ils ne sont pas au courant de ce qui se passe. Le tout Koubri était prêt pour descendre à Ouagadougou afin de boycotter la fête. Comment peut-on éliminer de la sorte l’équipe de la capitale".
Et la version des organisateurs ?
Motus et bouche cousue, dans nos investigations pour faire la lumière dans cette affaire, ce n’est pas faute de n’avoir pas essayé d’entrer en contact avec les organisateurs de Copa Coca-cola. Dans la journée du jeudi 15 mai, nous avons été en communication à deux reprises avec l’un d’entre eux, notamment Aziz Traoré, et ce dernier nous a promis de nous rappeler. Mais rien. Le lendemain vendredi 16, dans la matinée, nous avons encore appelé, le téléphone a pourtant sonné jusqu’à ce que la ligne soit interrompue mais au bout du fil personne pour nous entretenir de cette affaire et éclairer notre lanterne sur cette fameuse disqualification.
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