1998-2014, les prix Galian sont à leur 17ème édition. Depuis leur création, les Galian ont fait de nombreux lauréats mais aussi des perdants. Des journalistes s’interrogent sur la crédibilité du prix, dénoncent des pratiques qui peuvent écorner l’image de l’évènement, et font des propositions pour son amélioration.
Nés de l’initiative du ministère de la Communication, les prix Galian visent la promotion de l’excellence et du professionnalisme dans les organes de presse burkinabè. Une initiative appréciée et saluée par les journalistes qui participent de plus en plus à ce concours, même s’il y a toujours certaines réticences, au regard du principe organisationnel dudit concours.
La compétition pour les Galian est une activité annuelle du ministère de la Communication. Celui-ci fixe les conditions de participation et les critères de sélection des productions à primer lors de la ‘’Nuit du communicateur’’.
Sur ce point, certains journalistes se posent des questions sur la crédibilité de ces prix. « Je crois que les prix Galian ont un sérieux problème de crédibilité », pense Ladji Yacouba Bama, journaliste au Reporter, un bimensuel. Il se fonde sur le fait que ce soit le ministère qui organise l’événement. Il aurait souhaité que le concours soit organisé par des associations professionnelles des médias. « On pourrait confier l’organisation de ce concours aux organisations professionnelles des médias, aux journalistes eux-mêmes ou à une structure indépendante consensuelle où toutes les sensibilités se retrouvent ».
Sur la question, le ministre de la Communication Alain Edouard Traoré, affirmait lors d’une interview accordée à Sidwaya, à la 16e édition, en 2013. « Je n’ai jamais en tant que ministre, su les secrets des délibérations ». En plus, pour lui, les délibérations sont portées par des professionnels de la communication qui ne sont pas tous des fonctionnaires du ministère de la Communication et qui sont d’un très haut niveau de compétence. « C’est un collège. Je vous assure qu’à ce niveau il n’y a pas du tout d’implication du cabinet ou de l’administration. Il y va même de la crédibilité des Galian. On ne peut pas jouer à ce jeu », a-t-il martelé. Et d’insister : « Si on crée un prix pour pouvoir faire de la manipulation ça ne sert à rien ». Même si le ministre reconnaît qu’il est difficile d’avoir l’unanimité, il soutient que le processus de désignation des meilleurs est transparent, rigoureux et crédible.
Concernant le choix des membres des jurys, le Directeur général des médias (DGM), René Ouédraogo, précise qu’ils sont sélectionnés en fonction de leurs compétences. Tous les professionnels des médias, en français comme en langues nationales, qui évoluent dans les organes de presse publics et privés, ou dans d’autres structures peuvent être membres des jurys des Galian.
Les membres se fondent sur les critères de fond et de forme définis par le règlement intérieur du concours pour délibérer. Ces critères sont la clarté, la lisibilité, la cohérence structurelle pour la forme. Pour ce qui est du fond, il s’agit de l’intérêt du sujet (sa pertinence et son actualité), la diversité et la pertinence des sources, la qualité de l’information, la rigueur , l’éthique et la déontologie, etc.
Une seule œuvre suffit-elle à juger du professionnalisme ?
Les journalistes ont également émis des réserves sur le fait que les candidats soient jugés sur la base d’une seule production.
A cette question, une certaine unanimité semble se dégager. Que ce soit du côté des perdants ou des lauréats, la réponse est non : « Se contenter de primer une seule œuvre d’un journaliste, me pose également un problème », a soutenu M. Bama, deux fois candidats malheureux.
« L’excellence ne se rapporte pas forcément à une seule œuvre. Je suis contre le principe de demander aux journalistes de venir déposer leurs œuvres », s’insurge Ismaël Ouédraogo, rédacteur en chef de Ouaga FM, candidat malheureux en catégorie présentation du journal parlé en radio. Il avoue également que c’est limitatif en termes de récompense pour le meilleur, parce qu’il dit connaître des confrères qu’il trouve ‘’bons’’ mais qui ne participent pas aux concours.
« Il faut suivre la production du journaliste, avoir un certain nombre d’informations sur lui, avant de le proclamer lauréat », a ajouté Soumaïla Ouédraogo de la Radio nationale, lauréat 2013 dans la catégorie présentation journal parlé en radio.
Pour ces journalistes, il n’y a pas de mérite à être primé si c’est l’unique œuvre du journaliste produite au cours de l’année. « On a vu des confrères prendre une année pour traiter des sujets rien que pour les déposer aux Galian », a dénoncé Ismaël Ouédraogo.
Tous les intervenants proposent la mise en place d’une cellule ou d’un comité de veille pour suivre les productions annuelles des journalistes, les répertorier en fonction des genres et les critères. Un dispositif qui selon eux, contribuerait à rendre les Galian plus crédibles. Ces derniers pensent qu’ils ne sont pas une fois de plus en train de prêcher dans le désert car disent-ils, « beaucoup de gens ont déjà fait cette remarque sur les principes organisationnels du concours mais véritablement les choses ne changent pas ».
Toutefois, il faut reconnaître qu’il y a un engouement des professionnels des médias pour les prix Galian depuis la 1ère édition en 1998. Ainsi, selon la direction générale des médias, de 1998 à 2013, les Galian ont fait 420 lauréats en français, toutes catégories confondues.
Pour cette 17e édition, 304 œuvres sont en compétition, et la proclamation des résultats est prévue pour ce vendredi 23 mai 2014 à la salle des banquets de Ouaga 2000. Une soirée au cours de laquelle l’excellence sera une fois de plus célébrée à l’intention des hommes de médias.