« Le mieux est souvent l’ennemi du bien » ; prenons garde à ne mettre en péril notre « bien » à trop hâtivement convoler avec les prophètes du « mieux ».
La Journée mondiale de la presse commémorée chaque année le 3 mai depuis 1991, a été instituée pour consolider les principes fondamentaux de la liberté de la presse, évaluer l’état de cette liberté à travers le monde, et défendre l’indépendance des médias.
Au Burkina Faso, cette année, les acteurs des médias n’ont pas eu à chercher loin pour retenir leur thème : « Rôle des médias dans des situations d’effervescence politique ».
L’effervescence politique en cours au Burkina Faso se caractérise, ces dernières années, par un foisonnement d’avis, de positions, de propositions et autres contributions, qui viennent tous et sans exception, consolider un fait avéré : la réalité de l’ancrage progressif de la démocratie et de la liberté de presse et d’expression dans notre pays.
Certes, le sujet, ou plutôt la raison de l’actuelle effervescence est d’un intérêt qui ne laisse personne indifférent, notamment toute la presse, les hommes politiques et les acteurs de la société civile : c’est le débat autour de l’après 2015, autour de la prochaine élection présidentielle.
Mais c’est surtout le débat autour du Référendum pendant, distillé et relayé par cette multitude de journaux et de radios nés, eux-mêmes comme d’un « Baby boom », à la faveur de cette avancée des libertés de presse au Burkina Faso.
Les degrés passionnels, les excès et les outrances même, que ce débat déchaîne, sont eux-mêmes, souvent, autant de preuves manifestes et évidentes de l’immense pas en avant, fait ces dernières années, pour la démocratie et les libertés dans ce pays.
Plusieurs observateurs avertis ne cessent de relever ce progrès, même si quelquefois, des « dérapages » nous rappellent la nouveauté du phénomène, et le manque d’expérience et de respect de la déontologie par les acteurs.
Le rapport mondial annuel de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de presse pour 2014, constate pour 180 pays de la planète, « …une légère dégradation globale… », relève pour l’Afrique, « …une situation qui reste contrastée… » et note, pour le Burkina Faso, « …un climat de relative liberté… ».
RSF, il n’y a guère longtemps, avec à sa tête Robert Menard, a connu semblerait-il, quelques difficultés avec le Burkina Faso, et ne pourrait être soupçonné, aujourd’hui d’être complaisant à notre égard, sur une note d’appréciation de notre liberté de la presse.
De surcroit, le classement de ce rapport de RSF se fonde sur une pondération de critères institutionnels bien établis et valant pour l’ensemble des 180 pays classés, et certainement pas sur un barème orienté en faveur de notre pays.
Dans ce rapport publié en février 2014, le Burkina Faso (52ème) et le Niger (48ème), viennent derrière les champions africains que sont la Namibie, le Cap Vert, le Ghana, le Botswana, et la République Sud africaine.
Le Burkina Faso se situe à seulement une douzaine de places derrière (savez-vous qui ?), la France (39ème), et jusqu’à dix places devant (vous devinez qui ?), le Sénégal (62ème), tous deux souvent cités comme des modèles de démocratie et de liberté de la presse, en tous cas dans la sphère de la Francophonie.
Et le must de tout ça, dans ce rapport, est que notre pays se situe, surtout, en bonne place dans les dix premiers en Afrique, dans les cinq premiers de la sous-région ouest-africaine, et dans les deux premiers en Afrique francophone sub-saharienne.
Malgré cette avancée et ces acquis de notre pays, en terme de liberté et de démocratie, on assiste plus souvent à des critiques acerbes de « la République » burkinabè, notamment par…, comble de l’ironie, des organes de presse et des acteurs politiques, bénéficiaires de cette avancée , mais plus prompts à nous faire miroiter des utopies qu’à valoriser nos bonnes réalités d’ancrage de la démocratie et des libertés qui leur profitent.
Hormis ce rapport de RSF dont on a fait peu de cas dans nos presses burkinabè et dans les propos de nos acteurs politiques, un acte, à la fois très citoyen et très vertueux, vient récemment d’illustrer, ici même au Burkina, l’avancée de la démocratie et des libertés dans notre pays et de donner une très noble leçon aux « négationnistes burkinabè » de tous les bords politiques.
Lors d’un immense bain de foule à Pôa, dans le Boulkiemdé, le Président Blaise Compaoré s’est retrouvé à serrer la main de Boukary Kaboré dit « le lion », un de ses plus farouches opposants, depuis son arrivée au pouvoir.
C’était là, au-delà de leur franche poignée de main et de leurs sourires chaleureux, un symbole fort, et le meilleur exemple vivant du résultat de la dynamique engagée, depuis l’avènement du processus démocratique en cours, pour l’ancrage progressif de la démocratie et des libertés dans notre pays.
A ce jour, au Burkina Faso, aucun homme politique ne peut prétendre, sérieusement, égaler « Boukary le Lion » dans l’opposition et la contradiction à Blaise Compaoré et au pouvoir en place au Faso depuis la fin de la Révolution.
Boukary Kaboré dit « le lion » est, en effet, l’un des rares, sinon le seul homme, qui se soit opposé à Blaise Compaoré, tout le temps, partout, et surtout, sous toutes les formes.
Il a pris les armes à Koudougou au péril de sa vie, a vécu les affres de l’exil au Ghana, a dû créer un Parti politique d’opposition, s’est présenté contre Blaise Compaoré à l’élection présidentielle, s’est engagé à le combattre, loyalement et démocratiquement, affilié à l’opposition politique, et continue de contribuer à la contradiction constructive auprès du Chef de file de l’opposition Politique « CFOP ».
Cet Homme « majuscule » là, nous semble, de par ce parcours sans ambigüité, profondément honnête dans sa lutte politique, foncièrement attaché au respect de la République, et son acte à Pôa est fondamentalement construit comme une contribution personnelle, et supplémentaire, au progrès de la démocratie au Burkina Faso.
Et cet acte, « Le Lion » l’a, lui-même, magistralement administré en leçon « de choses républicaines », aux journalistes médusés et admiratifs, à ses camarades opposants, outrageusement scandalisés et aux autres acteurs politiques burkinabè que la moindre contradiction irrite souvent, en déclarant d’un ton parfaitement naturel, et avec une ferme et légitime conviction : « …c’est la contradiction qui fait la démocratie… ».
Comme Reporters sans frontières, cet homme-là ne peut, lui non plus, être soupçonné de complaisance à l’égard ni de Blaise Compaoré qu’il combat tous les jours, ni de son régime qu’il affronte partout.
Chaque jour que Dieu fait, des individus nient la réalité des avancées de la démocratie et des libertés dans notre pays, nient tous ces exemples réels et concrets, continuent de prendre appui sur ces mêmes libertés acquises, pour professer des théories de leurre et brandir des miroirs aux alouettes, ou bien pire, pour insulter, injurier, diffamer, discréditer, dénigrer, déshonorer… leurs concitoyens, toutes choses qui nous éloignent de la contradiction constructive de la démocratie et de cette même liberté d’expression au Faso.
Si nous n’y prenons garde, ils finiront par encourager l’incivisme, cultiver l’intolérance, fouler les valeurs et vertus qui fondent le respect voué à notre peuple, et saper la paix et la stabilité laborieusement préservées et indispensables à la consolidation de la démocratie et des libertés individuelles et collectives dans ce pays en essor constant et en harmonie sociale.
Citoyens ! Ces « hâbleurs » vivent aux dépens de ceux qui les écoutent ! Un « tien » vaut mieux que deux « tu l’auras » ! Il vaut mieux tenir que courir ! Etc. !
Ces quelques bonnes paroles sont d’actualité, dans cette effervescence politique et médiatique, aujourd’hui ici au Faso, pour nous souvenir des désillusions de l’ânon de Jésus à Jérusalem, qui, ivre des louanges faites au messie par le peuple, se prenait lui-même pour l’objet de tant de popularité… vous connaissez la suite… Jésus est toujours le messie mais l’ânon est déjà dans l’oubli !
Pour nous éviter d’être abreuvés à la fontaine aux fables, tenons que « dédain du goujon, a valu du mouron, au brave héron », prenons-en leçon, et soutenons que rien ne va sans la stabilité, et rien ne vaut la paix !