Après des mois de latence, faite de ni guerre ni paix, d’observations réciproques, voire de suspicion, le conflit entre le pouvoir de Bamako et les séparatistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) s’est rallumé de manière dramatique ce week-end.
A entendre Soumeilou Boubeye Maiga, le ministre malien de la Défense, « ses forces armées ont enregistré huit morts et 25 blessés, tandis que 28 morts et 62 blessés ont été dénombrés du côté des agresseurs », Les hommes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont par ailleurs capturé une trentaine de fonctionnaires. Quoiqu’il en soit, ce sont les incidents les plus graves depuis le lancement de l’opération militaire française Serval contre les groupes Djihadistes installés dans le Nord-Mali. Ces Djihadistes, qui ont été en grande partie chassés des grandes villes par l'opération militaire internationale déclenchée en janvier 2013 à l'initiative de la France, toujours en cours, ont occupé de 2012 à 2013 les régions de Kidal, Gao et Tombouctou. Mais ils demeurent présents dans le Nord, y commettant régulièrement des attaques meurtrières. Et l'Etat malien n'a jamais repris véritablement le contrôle de la région de Kidal.
Alors que l’armée française continue de traquer les séparatistes en stoppant net tous les Touaregs dans leur élan de prendre Bamako, s’en sont ouverts bien de pourparlers, de négociations dont Ouagadougou, la capitale burkinabè était l’épicentre. Mais somme toute, c’était à penser que l’Hexagone combattait les Djiadistes, tout en chouchoutant les hommes bleus qui, pour nous, ne sont pour la plupart, que des islamistes emmitouflés en civils, l’arme en coin.
Et comme on ne poursuit pas un lièvre en riant, à la faveur de cette intervention française, les islamistes ont eu le toupet de se réinstaller à Kidal et, depuis des mois, un délicat processus de réconciliation avait été amorcé. Bien vite, les observateurs se sont rendu compte que sur le fond, le processus de réconciliation entre Bamako et les Touaregs, lui, trainait, n’avançait qu’à pas de caméléon.
Mais que ce soit à Kidal, Bamako, Sikasso, Kayes, ou de la diaspora malienne à travers le monde, tout le monde sait que sans l’intervention salvatrice de la France, aujourd’hui encore, on en serait à se demander si le Mali est bel et bien encore un Etat !
C’est pour cette simple raison que les Maliens se doivent d’être moins virulents dans leurs critiques contre l’Hexagone ,en ce qui concerne son intervention. D’où l’exclamation du tout nouveau Premier ministre malien, Moussa Mara: « Les terroristes ont déclaré la guerre au Mali, le Mali est donc en guerre contre ces terroristes. Quand quelqu'un attaque la République, c'est un terroriste, quelles que soient son origine, son appartenance à un terroir », Les violences ont éclaté à Kidal en sa présence, alors qu'il effectuait une tournée dans le nord du pays, sous la protection des membres de la force française militaire Serval.
Avant même son élection, l’été dernier, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) avait proclamé son refus d’octroyer tout statut spécial aux Touaregs du Nord, préférant accroître la décentralisation. Après sa prestation de serment en tant que magistrat suprême du Mali, le nouveau chef d’Etat dont les mauvaises relations avec Blaise Compaoré ,le médiateur burkinabè sont un secret de polichinelle, n’a pas eu mieux à faire que de le dessaisir de cette charge pour aller la confier à d’autres médiateurs, en l’occurrence, l’Algérie que bien des observateurs soupçonnaient naguère d’être de mèche avec certains groupes terroristes. L’absence de véritable dialogue entre les deux parties a fini par dégénérer alors que les irrédentistes du MNLA entendent voir établir sur tout l’Azawad, au moins une sorte d’autonomie, même si le mot indépendance est à proscrire du côté de Bamako. Mais il est à penser que l’absence de véritable dialogue entre les deux parties a fini par confiner les Touaregs dans leur position première ,à savoir obtenir au moins l’autonomie à tout prix ,même par les armes
Il faut se dire que depuis l’indépendance du Mali, il y a 54 ans aujourd’hui, une partie des Touaregs a toujours refusé la tutelle de Bamako. Les rébellions se sont succédé au fil des années, sans que ne soient jamais résolus les problèmes de fond.
Les affrontements de samedi dernier nous replongent dans un véritable retour en arrière, presqu’à la case départ. C’est dire que le processus de paix, initié le 18 juin 2013, avec les accords de Ouagadougou, a du plomb dans l’aile. Pour certains même, il est agonisant, surtout après cette grave rupture d'un cessez-le-feu qui devrait en principe garantir une négociation sur l'avenir institutionnel du nord du Mali. C’est en cela que le très nationaliste Ibrahim Boubacar Keita doit puiser dans ses dernières ressources de diplomates chevronné pour recoller les fils du dialogue et parvenir à une paix durable dans son pays