Personne ne s’attendait à pareille situation ! Un affrontement direct le samedi 17 mai 2014 entre les groupes armés du MNLA et l’armée malienne à Kidal qui s’est soldé par des blessés, des morts de part et d’autre, et des dégâts matériels importants. "Le bilan est de huit morts et de 25 blessés du côté de l’armée, de 28 morts et de 62 blessés du côté des groupes armés", a dit le chef du service d’information de l’armée, le colonel Souleymane Maifa.
L’on savait Kidal non encore sécurisée, avec notamment des assassinats, des attentats et enlèvements enregistrés ces derniers mois. Néanmoins, les négociations se poursuivent pour ramener la paix dans ce chef-lieu de région situé à 1500 km de la capitale malienne, Bamako. La veille des affrontements, c’est-à-dire le 16 mai 2014, le président du Faso, Blaise Compaoré, échangeait avec le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramdane Lamamra, sur la situation au Nord-Mali et la sécurité dans la zone sahélo-saharienne. « Le Burkina Faso et l’Algérie sont convaincus qu’il faut une convergence des efforts pour une solution politique et pacifique au Nord-Mali », a fait savoir le diplomate à sa sortie d’audience avec le chef de l’Etat.
La visite du Premier ministre malien, Moussa Mara, serait à l’origine de cette vive tension. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a déploré la dégradation de la situation socio-politique à Kidal et a condamné les actes de violence.
L’Union africaine (UA) a appelé "les parties à faire preuve de la plus grande retenue". "Nous exhortons toutes les parties en présence à s’abstenir de violence et de tout acte mettant en péril des civils", a, pour sa part, déclaré le département d’Etat américain. Selon certaines sources, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ne voulait pas de cette visite alors que les forces maliennes y tenaient. Une partie de la population a tenté d’empêcher l’atterrissage de l’avion officiel. Les deux parties ont échangé des tirs à l’arme lourde, chacune voulant défendre sa position sans que les Casques bleus onusiens ne réussissent à les en empêcher. Le MNLA dit contrôler pour le moment Kidal. Et l’armée malienne a annoncé une offensive pour la reprendre, selon M. Mara qui a déclaré l’état de guerre depuis la base militaire où il a été contraint de se réfugier sous les feux du MNLA.
Pourtant, à l’écouter, son intention était de discuter sur la sécurisation de la zone, la paix et la reprise des activités socioéconomiques, le développement. Il avait d’ailleurs donné le ton dans son discours de politique générale en annonçant sa volonté de renouer le dialogue avec les groupes armés.
Que s’est-il passé exactement ? Pourquoi la situation a-t-elle dégénéré ? Les uns et les autres se rejettent la faute, chacun estimant avoir réagi en légitime défense. Les affrontements viennent encore rappeler l’instabilité du Mali, seize mois après l’arrivée des forces françaises de l’opération Serval. Preuve que rien n’est encore définitivement acquis dans cette zone, parlant de sécurité.
Le défi reste entier pour le président Ibrahim Boubacar Keita qui doit pacifier son pays et rassembler tous les Maliens, y compris ceux qui réclament la création de l’Azawad, autour d’un idéal commun de développement.
Le MNLA ne s’était-il pas engagé en 2012 à cesser les hostilités et à ne pas revendiquer l’indépendance mais plutôt l’autodétermination ? Il est nécessaire que les négociations reprennent au plus vite et que des compromis soient trouvés afin que le Mali retrouve son unité et sa prospérité.
Le gouvernement doit prendre en compte les aspirations et les préoccupations des populations de cette localité, et les intégrer pour l’édification du pays. De leur côté, les groupes armés sont appelés à dépasser leurs ambitions personnelles, à s’aligner derrière celles du Mali et surtout à comprendre qu’un pays souverain ne peut tolérer d’autres forces armées, hormis celles reconnues officiellement et que leur sécurité doit être assurée par celles-ci.
Le mérite pour l’armée malienne sera de dépasser ses frustrations et échecs pour faire régner la paix et la justice. Autrement, la paix devient difficile.