Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



L’Hebdomadaire N° 717 du

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Point de vue : le pourquoi du virage social-libéral de Zéphirin Diabré
Publié le samedi 17 mai 2014   |  L’Hebdomadaire


Marche-meeting
© aOuaga.com par A.O
Marche-meeting du 18 janvier : l`opposition fait le point des préparatifs
Jeudi 16 janvier 2014. Ouagadougou. Le chef de file de l`opposition politique, Zéphirin Diabré, a animé une conférence de presse pour faire le point des préparatifs de la marche-meeting du 18 janvier contre la mise en place du Sénat et la modification de l`article 37 de la Constitution


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Dans son discours sur l’état de l’Union de janvier 2014, le président Obama constatait que « ceux qui sont au sommet de l’échelle ne se sont jamais aussi bien portés. Mais les revenus moyens ont à peine bougé. Les inégalités se sont creusées. La mobilité ascendante est en panne ». D’où préconise-t-il le relèvement du salaire minimum fédéral de 7, 25 dollars l’heure à plus. En 2013, il avait tenté vainement de le relever à 9 dollars, toute chose qui aurait amélioré le sort de 17 millions d’Américains.



Mais le Congrès, dominé par les Républicains s’y opposa, la taxant de «  mauvaise idée  ». Pourtant, le creusement continu des inégalités dans le monde industriel est une vérité, accentuée depuis par l’éclatement de la bulle immobilière de 2008, au point où le Président Obama le décrit comme le défi d’une génération.

En Allemagne, la pierre de touche de la Grande Coalition reste l’acceptation par les Chrétiens démocrates de la Chancelière Merkel, du salaire minimum auquel le SPD tient comme la prunelle de ses yeux.

Seule la France du Président Pierre Gattaz du MEDEF marche à reculons en proposant le salaire minimum intermédiaire i.e.la fonte ordonnée des revenus du travail. Si donc la situation est celle-là dans les pays du centre, pire, ça devrait l’être pour ceux de la périphérie pour emprunter l’expression de l’économiste Samir Amin.

Ça l’est pour peu qu’on soit franc au regard de la double ponction des richesses et des patrimoines à laquelle l’Afrique est soumise (fonte des revenus du travail et exploitation scandaleuse de nos ressources par le centre). Quelles en sont les raisons  ? Elles sont d’ordre idéologique  : Le néo-libéralisme, en vogue depuis surtout Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Pourquoi le néo-libéralisme produit-il partout de la déception  ?

Précisément par son acharnement à démanteler les liens économiques de solidarité, la fonte des revenus du travail, le maintien a minima de l’Etat, moqué comme Wellfare State (en réalité l’Etat social et démocratique démantelé) au profit de la dérégulation à tous vents, et la promotion outrancière du capitalisme financier, le dogme de l’hyper-compétitivité dont le télos ne réside plus dans le produire mieux et à moindre coût mais davantage à opérer le carnage de son concurrent.

Dans ses excès, même l’entreprenariat, créateur de richesses réelles et donc de revenus du travail, a été jeté par-dessus bord, a fortiori nos lieux de création de richesse que sont nos artisans, nos paysans et commerçants de l’informel et notre tissu industriel embryonnaire.

Je perçois dans ce vent mondialisateur, une double dynamique asymétrique  : l’hyper-intégration des hyper-compétitifs, fiers cavaliers du Cheval de Troie qu’est devenue la mondialisation et la ségrégation continue des moins performants (marchés non solvables) parqués à la périphérie en attendant ses probables carnassiers.

Les réjouissances de l’émergence du village global s’avèrent pures distractions. Il n’y a point de village global où la coopération et les logiques solidaires attestent des vitalités locales  ; il y a un champ de bataille dont le nom est  : le monde comme immense marché.

L’effacement ultime de la société des citoyens libres et égaux (société dagara par exemple) au profit du statut de ressources humaines ou de consommateurs/producteurs pour mieux délégitimer les lieux d’exercice du pouvoir politique qui incarnent la souveraineté populaire.

Zéphirin Diabré, une volte face idéologique compréhensible

Alors Richard Sennett de la London School of Economics, sonne la charge  : le néo-libéralisme est en chute imminente. Est-ce en raison de ce fait que notre CFOP, à son tour, a quitté le navire néolibéral pour le virage social-libéral avec en point de mire les modèles, pourquoi pas, Blair, Schröder et Jospin  ?

Et auquel cas, quelle ligne de fracture existe-t-il entre Socio-libéraux et Socio-démocrates en général et au Faso en particulier  ? Nous aviserons lorsque les programmes de gouvernement des candidats aptes à la prétention de nous diriger seront connus en 2015. Pourvu qu’on ne tombe pas dans le règne funeste de la pensée unique où Socio-libéraux et Socio-démocrates se disputent le déplacement de virgules.

Plus prosaïquement, c’est peut-être, la sortie de Tollé Sagnon ex-leader de la CGT-B qui a attiédi ses ardeurs néolibérales synonymes d’acceptation de hedge funds, ventes d’actions à découvert, des traders qui spéculent plus que les philosophes, etc. qui détruisent plus de valeurs qu’ils n’en créent puisque l’économie financiarisée est aussi dématérialisée qu’en raison inverse de la matérialité indépassable de l’économie réelle.

Se dire néolibéral de nos jours, n’est-ce pas vouloir étreindre une morbidité avancée  ? Dégager un champ de ruines pour n’être pas obligé de piétiner un cadavre est de salubrité tactique. Je le concède.

Car, ici comme ailleurs, l’on a besoin d’idées généreuses, d’idées joyeuses qui nous engagent à explorer les champs socio-économiques où de l’émancipation humaine est possible et donc révendicable. Vouloir aller loin avec le néolibéralisme, c’est vouloir étreindre le pire, jouer les apprentis sorciers. Tant mieux donc pour cet ajustement idéologique de notre CFOP, l’Honorable Zéphirin Diabré, désormais social-libéral. Il en discutera avec le libéral tout court, l’Honorable Noël Ouédraogo, Président de l’ADF/RDA.

Chacun dispose d’un entendement pour peu qu’il veuille s’en servir (invite de la philosophie des Lumières) pour sentir que les catégories populaires peuvent être effarouchées en entrevoyant une non-revalorisation du niveau de l’inflation –halo de cris dénonçant la vie chère, à juste titre. Il opta ce recentrage qui, finalement, n’est ni social, ni libéral mais se voulant assurément assez astucieux pour capter les suffrages desdites catégories dans un Burkina Faso où les gauches ont fière allure.

Le sursaut solidaire  : le bon exemple du gouvernement burkinabè

Les esprits rationnels et les consciences sociales savent que, sans sursaut solidaire contre les inégalités, le néo-libéralisme reste une idée paumée, honnie comme l’Etat socialiste stalinien qui ne pouvait pas être réformé, vu la pratique du centralisme démocratique comme «  meilleur  » instrument du bon gouvernement. La Perestroïka et la Glasnost ou transparence (avec l’opinion publique) du Président Gorbatchev en savent quelque chose.

Le sursaut solidaire dont je parle est semblable aux mesures sociales que le gouvernement burkinabè a annoncées récemment pour peu qu’elles deviennent pérennes dès lors que les arbitrages budgétaires le permettront et en perpétuelle consolidation  ; ce qui nous permettra de parler de concreta burkinabè de l’émancipation humaine au moyen du dialogue social.

C’est seulement en ce sens qu’on peut parler d’inflexion sociale et l’Etat social est dans son rôle de correcteur permanent des inégalités lorsqu’il agit de la sorte. C’est le sens pratique des capabilités d’Amartya Sen lorsqu’on accroit les moyens pratiques et financiers du monde paysan par exemple en le rencontrant pour entendre les préoccupations. C’est ce que pratique le Président Compaoré.

C’est parier sur les capacités cognitives de l’homme et leur adaptation aux besoins de la société moderne pour mieux les satisfaire. C’est attester que non seulement, l’on ne prétend pas faire le bonheur des gens à leur place (prétention des révolutionnaires professionnels), mieux, c’est affirmer que par leurs libertés positives (capacités acquises) les individus en société peuvent très bien développer des dispositions techniques réelles pour bénéficier des biens produits, tournant ainsi radicalement le dos à la pauvreté.

En tous points, il s’agit bien d’un processus local et endogène cher à Ki-Zerbo. L’endogénéité repose sur les constructions politiques de l’autonomie comme moteurs d’avancées décisives, précisément dans la mesure même où l’économie financiarisée et mondialisée déifie la dérégulation contre la redistribution in fine.

Se rendre comme maître et possesseur de la nature disait Descartes présuppose la conceptualisation suivie de pratiques et d’actions permanentes pour relever les défis de la nature, contredisant le néolibéralisme voulant vidanger les contradictions du monde avec la démocratie électorale représentative étouffée par les grands groupes financiers, aux fins de déclarer close l’histoire de l’émancipation humaine que proclamait Francis Fukuyama  ; hâtivement d’ailleurs.

L’émancipation humaine est à l’œuvre au Brésil avec la Bolsa familiale qui a sorti 20 millions de ses enfants de la grande pauvreté tandis que les banques et coupons alimentaires se multiplient au Royaume-Uni sans pour autant avoir un impact décisif sur la croissance continue de l’appauvrissement.

Le défi mondial de la réduction des inégalités sociales

Comparaison n’est pas raison  ; mais on peut apprécier à l’aune de la réduction des inégalités, les héritages de Lula avec le néo-développementisme pratiqué et le social-libéralisme de Blair.

Bref  ! Toujours au plan idéologique, l’on assertera que dans l’exacte mesure où le social-libéralisme promeut la flexibilité du marché du travail et une fiscalité avantageuse même pour les entreprises addictives à l’économie financiarisée, on aboutit au même résultat  : fonte des revenus du travail et ruine de la mobilité sociale (le meilleur indice de justice et équité sociales) de jadis qui permettait aux ingénieurs et salariés d’accéder à l’actionnariat tandis que les rentiers et héritiers prennent l’ascenseur.

Cette logique a engendré les inégalités béantes de richesse et continument. L’économiste français Thomas Piketty de l’Ecole d’Economie de Paris décrit avec brio cette lourde tendance du creusement sans fin des inégalités dans son livre devenu best- seller outre Atlantique  : Le capitalisme du XXIème siècle, éditions du Seuil, 2013.

Il diagnostique ces écarts de richesse de 1920 à nos jours aux Etats-Unis qui aboutissent à une situation similaire à celle de l’ancien régime (rente et héritage) alors même que la fiscalité progressive sur les revenus avait été mise en place précisément au service d’un idéal de société égalitaire. Le professeur Piketty va, ce faisant, prescrire la nécessité de lever des impôts sur cette hyper-concentration des richesses et patrimoines.

Cette imposition de bon sens rappelle la Taxe Tobin. La prescription d’impôts soulève des critiques mais c’est comme toujours  : les bonnes idées titubent d’abord avant de prendre leur envol. Faire ses adieux sincères à l’empire néolibéral est donc de bon ton, au Faso comme ailleurs.

 Commentaires