Dans la région des Hauts-Bassins, le lycée Ouezzin Coulibaly est le seul établissement public où l’on peut s’inscrire dans une série C. Une série sur laquelle dame rumeur court et avance une probable suppression. Pourtant, la promotion 2011/2012 (ils étaient 14 candidats) vient de faire 100% de réussite au baccalauréat lors de la session dernière. Au regard donc de cette prouesse, les nouveaux bacheliers plaident pour des bourses afin de poursuivre leurs études dans des universités.
La C, une série qui porte tous les noms d’endurance pour cause de trois matières : les mathématiques, les sciences physiques et la biologie. Si les dernières citées sont quelques fois supportées par les élèves, les mathématiques demeurent la « bête noire » pour beaucoup d’entre eux. Si ce n’est la série A pour fuir ces matières scientifiques, l’on porte le choix sur la D ou le coefficient des dites matières scientifiques est moyen. Ainsi, dans toute la région des Hauts-Bassins, il n’y a qu’une seule classe, de seconde C, de première C, puis de terminal C. Et les élèves qui s’y intéressent sont peu nombreux.
Au lycée Ouézzin Coulibaly, les 14 élèves qui, après la seconde C ou AC, ont fait le choix de continuer dans la même dynamique n’ont pas eu tort. Ils viennent tous de décrocher leur bac lors de la session de juin passé. Quatorze candidats dont une seule fille. Des résultats de neuf mois de dur labeur, d’abnégation, d’assiduité et surtout de solidarité entre eux, comme l’indique Aissatou Boundi : « J’ai fait la première C dans un lycée à Banfora. Suite à l’affection de mes parents à Bobo, je devais continuer mes études dans cette ville. Seul le LOC disposait d’une classe de terminale C. Je suis arrivée à la rentrée et me suis rendue compte que j’étais la seule fille. Mais je puis dire que je n’ai pas eu de difficultés. On s’entraidait beaucoup. Nous avons toujours étudié en groupe avec une grande complicité ».
Agés entre 17 et 21 ans, ces nouveaux bacheliers avec leur professeur sont allés rencontrer le proviseur Mohamed Traoré afin qu’il plaide auprès du Ministère des Enseignements secondaire et supérieur pour qu’ils obtiennent des bourses d’études. Une démarche que le proviseur, après l’avoir appréciée, a estimé plus ou moins possible, mais ne devant concerner éventuellement que ceux qui ont une bonne mention.
L’idée, explique un des professeurs, M. Zoungrana est de faire la promotion de cette série qui rebute tant les élèves. Cette promotion qui vient de faire 100%, un record jamais réalisé dans la région, devrait bénéficier de conditions optimales d’études afin que cela suscite l’engouement chez d’autres. « C’est un cri de cœur que nous lançons auprès des autorités car il faut maintenir cette performance », soutient un des bacheliers. Michel Ouédraogo, directeur régional des Enseignements secondaire et supérieur des Hauts-Bassins, ne dit pas le contraire. Après avoir félicité et encourager les nouveaux bacheliers, il indique que la question des bourses paraît délicate. En ce sens qu’il y a des conditions à remplir avant d’en bénéficier. Et puis, a-t-il ajouté : « Ce n’est pas parce que l’on a fait 100% à un examen qu’il faut nécessairement octroyer des bourses. Si c’est le cas, beaucoup d’autres branches qui ont fait le même taux en réclamerait également ». A la question de comprendre si la probable suppression de la série est avérée, le directeur régional ainsi que le proviseur avouent ne pas avoir connaissance de « cet écho ».
Le bac C, une série d’avenir !
L’une des causes du faible taux d’inscription dans la série C est liée aux préjugés que bon nombre d’élèves s’en font. Ils pensent, soutient le proviseur, que le bac C n’a d’autres débouchés que l’enseignement. Pourtant, poursuit-il : « De nos jours, personne ne veut tenir la craie ». Le Bac C est, en effet, un bac scientifique et technologique. Avec l’avènement des nouvelles technologies, ce diplôme peut se prévaloir partout. « Il est donc temps de se départir des préjugés que l’on fait de la série », indique le proviseur. Quand au directeur régional, il propose de faire une étude pour comprendre la réticence des élèves face à la série.
Les chiffres sont de plus en plus en régression et, le taux de réussite, lui, évolue en dent de scie. « Il y a un manque criard d’enthousiasme et pour les élèves, et pour les parents d’élèves qui s’impliquent profondément dans le choix des options de leur enfants », souligne M. Ouattara. Les candidats de la série C sont quelque fois démotivés parce qu’estimant qu’ils sont défavorisés par rapport aux autres des séries A ou D. « Il est très difficile d’avoir une bonne mention avec le bac C », déplore Alain Ouédraogo, le plus jeune (17 ans) des nouveaux bacheliers qui prévoit continuer ses études en architecture. Quand à Aminatou, elle pense faire de la télécommunication.
Aux parents d’élève, le proviseur du lycée Ouezzin Coulibaly leur demande d’aller toujours vers la vraie information sur les options des séries. « La série a de l’avenir et un pays ne peut d’ailleurs pas se construire sans ces types d’enseignements : la science et la technologie », foi du proviseur. Quinze (15) élèves étaient inscrits en première C et Treize (13) sont admis pour la terminale.