Après avoir fait étalage de son savoir-faire au plan national dans le domaine des BTP, l’entreprise Bonkoungou Mahamadou et fils (EBOMAF-SA) s’est attaquée, avec succès, à l’international par des marchés au Togo et en Guinée. Présents à Ouagadougou dans le cadre d’une signature de convention avec l’UEMOA, les ministres togolais des Travaux publics, Ninsao Gnofam, et des Finances, Ayassor Oteth Adji, ont entrepris d’effectuer le trajet Ouaga-Dapaong par la route les 9 et 10 novembre derniers pour prendre la pleine mesure des travaux réalisés par cette entreprise burkinabè au Nord-Togo. Une visite qui valait son pesant d’or quand on sait qu’EBOMAF avait injustement reçu un avertissement pour retard sur le délai d’exécution des travaux. Nous y étions. Compte rendu.
Dans le cadre de son programme d’actions prioritaires en matière d’infrastructures routières, le gouvernement togolais a mis en place une stratégie de redressement et de relance du secteur des transports routiers.
C’est dans ce cadre que l’entreprise Bonkoungou Mahamadou et fils (EBOMAF-SA) a obtenu et ce, suite à un appel d’offres international, trois marchés en territoire togolais. Il s’agit, entre autres, de la construction du tronçon Dapaong–Ponio–Frontière du Burkina par la Kompienga dont le lancement officiel des travaux a eu lieu le 1er septembre 2010. Ce tronçon, long de 38 km, est financé à hauteur de 12,1 milliards de FCFA par la BID, la BOAD et l’Etat togolais pour une durée de 14 mois, est le résultat d’une promesse par le président Faure Gnassingbé lors des inondations de 2007 dans cette partie du Togo. Pour les Burkinabè qui l’auraient occulté, disons que cet axe vise à raccourcir le trafic entre le Togo, en passant par l’Est–Burkina, et le Niger. Ce qui signifie tout de go qu’avec la mise en service de cette voie, plus besoin de faire le détour de Cinkansé et Bitou pour rejoindre Fada N’Gourma et Niamey. Grâce à ces travaux, Ponio la petite ville togolaise à une encablure de la Kompienga, reste coquette et désormais toute une gamme d’activités génératrices de revenus s’y côtoie. Restaurateurs, petits détaillants, vendeuses de fruits et légumes profitent des bienfaits de cette route toute neuve, toute belle qui n’attend qu’à être réceptionnée.
Tandjouaré-Cinkansé-frontière Burkina
Cette voie, qui est vieille de 30 ans (et dont les derniers travaux périodiques remontent à 2000), est le corridor du Burkina du commerce et des affaires. Elle relie le Togo à notre pays, au Niger et au Mali. Et l’absence d’entretien ou du moins la dégradation prononcée de cette voie, due au fort trafic, l’a rendue impraticable, longue et particulièrement difficile pour le transport de personnes et de marchandises. Toutes choses qui amenuisent sérieusement sa compétitivité. C’est pour cela que les travaux à réaliser comprennent entre autres :
- les terrassements généraux ;
- la construction de la chaussée ;
- la construction d’ouvrages hydrauliques et de drainage ;
- la construction d'ouvrages d’art.
Pour une route distante de 65,452 km, ce tronçon est financé entièrement par l’Etat togolais à hauteur de 28 544 839 330 FCFA pour un délai d'exécution de 16 mois. Les deux membres du gouvernement ont décidé de venir sur le terrain pour prendre la pleine mesure de ce qui s'y déroule. En effet, les rapports alarmistes de quelques techniciens avaient poussé le ministre togolais des Travaux publics à adresser une lettre d’avertissement à l’entreprise. Alors qu’il n’en était rien du tout, car le retard constaté sur le terrain est tout simplement dû à des pesanteurs sociales et à des lourdeurs bureaucratiques constatées sur le terrain. Toutes choses qui n’incombent aucunement à l’entreprise. C’est en tout ce qu’ont reconnu les deux ministres Ayassor et Gnofam que vous lirez en encadré. Nous vous proposerons également ce qu’en pensent le P-DG d’EBOMAF et le chef de la mission de contrôle.
Otett Ayassor, ministre togolais de l’Economie et des Finances
«Je suis pleinement satisfait»
Nous revenons d’une mission à Ouagadougou où nous avons signé une convention avec la commission de l’UEMOA dans le cadre de la réhabilitation de la route Lomé-Ouagadougou via Cinkanssé. Il s’agit d’un projet financé par la Banque ouest-africaine de développement (BAD) et d’autres investisseurs. D’où la signature tripartite de cette convention. De retour de mission, nous avons jugé nécessaire d’effectuer un détour par Cinkanssé pour jeter un coup d’œil sur les chantiers exécutés par EBOMAF. Cet arrêt a permis de nous apercevoir, dès l’entrée du territoire togolais, à partir de la RN 1, de l’évolution des travaux du tronçon Tandjouaré-Cinkanssé-Frontière du Burkina Faso.
En tant que ministre en charge des Finances, je suis particulièrement très heureux de cette visite de chantier. Elle m’a permis de constater de visu l’état d’avancement des travaux. Les échanges avec le P-DG de l’entreprise adjudicataire, la Direction générale des Travaux publics et la mission de contrôle nous ont édifiés sur les difficultés rencontrées dans l’exécution de ce projet. Dans l’ensemble, tout se passe très bien. Le projet de la réhabilitation de la RN 1 évolue normalement. Sa réalisation se passe dans les normes. Il y a des problèmes imprévus sur le chantier ; nous allons devoir conclure un avenant pour permettre à l’entreprise de poursuivre et d’achever les travaux dans de très bonnes conditions. D’ores et déjà, je me réjoui de ce qu'il m’a été donné de voir sur le terrain. Dans le cadre de la facilitation du transport sur le corridor Lomé-Ouagadougou, nos transporteurs pourront circuler aisément. C’est dans l’intérêt du développement de nos deux pays. En plus, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de l’intégration, la facilitation des transports est une préoccupation commune majeure. Donc ce projet va contribuer à favoriser l’intégration entre le Togo et le Burkina Faso.
Est-ce à dire que des problèmes de financement des imprévus ne se poseront pas ?
Dans tous les cas, il n’y a véritablement pas un problème d’argent. Nous avons pu constater sur le terrain que des problèmes qui n’avaient pas été signalés à l’avance sont en train d’être posés. C’est pour cette raison qu’il va falloir conclure un avenant afin de prendre en compte les imprévus qui ont une importance certaine dans la réussite de l’exécution de l’ouvrage. C’est vrai que le déblocage des fonds ne va pas être aussi facile tout simplement parce qu’il n’a pas été planifié dans le cadre du projet. Mais c’est une réalité à prendre nécessairement en compte. Il y a toujours des imprévus dans la réalisation de ce type de travaux. Voilà pourquoi les avenants sont souvent inscrits en cours de marché. Ils ont conclu avec l’entreprise adjudicataire pour l’amener à terminer convenablement l’infrastructure. De retour à Lomé, je verrai avec mon collègue des Travaux publics ce qu’il y a lieu de prendre comme décisions pour répondre aux préoccupations qui s’expriment en ce moment-là sur les chantiers.
Ninsao Gnofam, ministre togolais des Travaux publics
«Les lourdeurs administratives entravent la bonne exécution des projets routiers»
C’est ma première visite en tant que ministre dans cette partie du pays après que d’autres localités ont déjà été passées en revue. Le fait que celui qui tient les caisses de l’Etat soit là, nous aidera à lever certaines équivoques propres aux travaux routiers.
Cette visite de chantiers nous a permis d’apprécier ensemble l’ampleur des travaux et éventuellement de relever certains problèmes liés à leur exécution. Lorsque le ministre des Finances sera saisi plus tard pour des imprévus éventuels, il pourra se prononcer diligemment afin que les travaux qui tiennent particulièrement à cœur au Chef de l’Etat, ne connaissent ni de lenteur ni d’arrêt. Globalement, je suis satisfait de ce que j’ai personnellement vu sur le terrain. Parce que du bureau, j’avais l’impression que les chantiers n’avançaient pas. Dans un premier temps, nous avons décidé de rencontrer l’entreprise pour échanger et savoir exactement la réalité du terrain, puisque nous recevons des rapports de la Direction générale des Travaux publics selon lesquels les travaux n’évoluaient pas. Les taux d’avancement rapportés en fonction du délai consommé suscitaient des inquiétudes ; d’où la nécessité de nous déplacer sur le terrain pour avoir la vraie mesure des chantiers. Après avoir passé en revue les trois chantiers, je m’aperçois que c’est à tort que mes services ont adressé, par mes soins, un avertissement à l’entreprise. Maintenant, mon collègue et moi sommes rassurés. Nous sommes entièrement satisfaits de l’avancement des travaux. Sur le papier, les rapports à nous adressés mentionnaient, 13%, 25%, 68%,..., alors que sur le terrain, la réalité est toute autre.
Mon souhait est que l’entreprise maintienne ce cap-là. Elle peut être rassurée que l’essentiel viendra de l’administration pour résoudre les entraves. Tout ce qui est relevé contre les entreprises résulte d’une responsabilité partagée.
Dès mon arrivée à la tête du ministère des Travaux publics, j’ai rencontré les bureaux d’études et les missions de contrôle, pour leur signifier que tout dans un projet routier part des études. Ce qui est entrepris sur le terrain relève de la responsabilité de la mission de contrôle. Le constat ici me donne raison que des obstacles qui devraient être pris en compte dans les études n’y figurent pas. Cet exemple illustre tout : lorsqu’on parle de chaussée rigide au niveau du péage sur la bretelle Dapaong-Ponio sans aucune précision, il s’agit de quoi en réalité ? Qu’est-ce qu'une chaussée rigide concrètement ? Est-ce du bitume ? Des pavés ? Ou tout simplement de la latérite bien travaillée? Parce qu’on peut faire une chaussée rigide avec de la latérite. Devant une situation pareille, l’entreprise est libre de laisser libre court à son entendement pour cette tâche-là. C’est un cas bien réel qu’il va falloir gérer.
Sans aucune précision préalable, il est difficile d’arriver en plein chantier et de sommer l’entreprise de reprendre un travail parce que ce qui est entrepris ne répond pas à notre compréhension de chaussée rigide. Cette méthode complique l’exécution des travaux, car l’entreprise a soumis une offre financière en fonction du contenu du dossier d’appel d’offres. Cette imprécision nous oblige à conclure un avenant avec l’entreprise, étant donné que ce sont des travaux supplémentaires.
Mahamadou Bonkoungou, P-DG de EBOMAF SA
S’il y a un homme qui est comblé par cette visite des ministres dans la région des Savanes, c'est bien lui, le P-DG de EBOMAF SA, l'entreprise adjudicataire. A l'écouter, cette sortie des deux membres du gouvernement apparaît comme un ouf de soulagement pour dissiper les supputations. Les deux ministres se sont personnellement imprégnés des réalités du terrain qui sont en déphasage avec le contenu des rapports à eux adressés.
Comment appréciez-vous la visite des deux ministres ?
Aujourd’hui, c’est un grand jour dans la mise en œuvre des projets routiers dont EBOMAF a la charge. A travers ces deux ministres, le gouvernement togolais a pu mesurer l’évolution réelle du travail déjà accompli et constaté les difficultés auxquelles l’entreprise est confrontée. Les différentes entraves ont été portées à sa connaissance. Des rapports, à lui adressés par l’administration, ont délibérément occulté certaines réalités indépendantes de notre volonté, car elles ne figuraient pas dans les dossiers initiaux. Ce qui nous a valu à tort des lettres d’avertissement. Cette visite a donc permis au ministre des Travaux publics de toucher du doigt la réalité de terrain sur les trois chantiers dont les travaux nous incombent. Nous sommes allés et avons passé en revue l’ensemble des tâches. L’autorité a pu se rendre compte d’un certain nombre d’obstacles indépendants de notre volonté, que l’administration doit prendre en charge.
Les entraves sont constituées soit par des imprévus dans le dossier d’appel d’offres, soit par les incorrections dans les études de faisabilité. A certains endroits, les travaux ont dû être interrompus sur instruction des contrôleurs parce que l’étude n’a pas été bien menée en son temps. Cette visite des membres du gouvernement est salutaire en ce sens qu’elle offre l’opportunité aux hautes autorités de la république togolaise de constater effectivement qu’EBOMAF accomplit son travail en toute conscience et dans la légalité. Elle n’a aucun intérêt à ne pas se donner sur le terrain, corps et âme, pour le développement du Togo. Nous remercions les deux ministres qui ont effectué cette sortie. C’est une marque de confiance et de considération à l’endroit de notre entreprise. Nous travaillerons, jour et nuit, pour répondre aux attentes de ce pays.
En quoi consistent concrètement les travaux du tronçon Tandjouaré-Cinkanssé-Frontière du Burkina Faso ?
Ce chantier qui suit son cours normal consiste à élargir la route à neuf mètres avec des accotements de 1,50 m de part et d’autre. Il s’agit aussi de reconstituer la couche de fondation améliorée du ciment, de mettre une couche de base en grave bitume de dix (10) centimètres sur 65 km avec une couche de roulement en béton bitumineux. Voilà la consistance des travaux. Nous sommes actuellement à la phase de l’élargissement et de l’apport de la couche de fondation pour le sol ciment. Le bitumage va démarrer bientôt. Comme l’a souligné la mission de contrôle, les travaux déjà effectués représentent un taux de réalisation d’environ 48%.
Quelle est la situation actuelle du 2e chantier Dapaong-Borgou ?
C’est un autre projet routier pour lequel il faut carrément aménager et construire une route moderne. Les travaux portent sur des ouvrages d’assainissement et une chaussée avec une couche de cinq mètres d’enrobé. Le chantier avance très bien sauf que des obstacles sont survenus entre-temps obligeant l’arrêt des travaux. Comme l’a relevé le ministre, le droit international donne la possibilité à l’entreprise de déposer une facture d’immobilisation du matériel. Cela est prévu dans le contrat pour régler les cas de force majeure non consignés dans le marché qui empêchent l’entreprise d’avancer comme il se doit. Par exemple, le gisement qui a été découvert sur ce tronçon bloque les travaux depuis deux ou trois mois. Il apparaît aussi que l’administration n’a pas dédommagé la population depuis un certain temps pour permettre le dégagement de l’emprise. Au regard de ces entraves, nous avons le droit, comme le disposent les clauses du contrat, d’envoyer une facture d’immobilisation à l’Etat togolais. Un tel recours n’est pas l’idéal pour nous, car le Togo est aussi le pays du P-DG que je suis.
Quel est le niveau actuel de l’exécution des travaux sur l’axe Dapaong-Ponio-Frontière du Burkina Faso ?
Dapaong-Ponio a été l’objet de plusieurs critiques et de propos spécieux. Parlant de cette bretelle, je puis vous assurer que tout ce qui incombe à l’entreprise dans le contrat a été entièrement réalisé. Le reste des travaux, les bitumeux, s’inscrit dans le lot des tâches supplémentaires. Nous attendons l’accord de l’autorité pour nous remettre encore à l’ouvrage. Que l’opinion comprenne une fois pour toutes que ce n’est pas EBOMAF qui est en retard dans l’exécution des travaux Dapaong-Ponio. Ce qui devait être réalisé par l’entreprise a été exécuté. L’administration veut qu’il y ait du béton bitumineux en lieu et place d’un enduit superficiel. Dès qu’elle marque son accord, cette activité va être automatiquement exécutée.
Kalifa Bamba, chef de la mission de contrôle
«Le chantier évolue correctement»
Le chantier avance normalement depuis le démarrage des travaux. Aucun problème majeur n’est à signaler. Sauf l’appréciation des modifications et des optimisations qui nécessite une autorisation préalable de l’administration. Le taux d’exécution est aujourd’hui estimé à environ 48 %. La partie la plus difficile pour ce projet, c’est l’élargissement de la plate-forme qui enregistre, à ce jour, plus de 60%. Après suivront les différentes couches de chaussée, c’est-à-dire une couche de fondation en graveleux latéritique amélioré en ciment, une couche de base en grave bitume suivi d’un revêtement en béton bitumineux. Globalement, les travaux avancent correctement.
Cette visite est salutaire pour nous. Elle permettra de lever toutes les équivoques à travers l’approbation de la modification du projet. Il y a de nombreux plans qui attendent toujours l’autorisation préalable de l’administration. Nous pensons que la procédure va être accélérée après cette visite, afin que les différentes parties puissent travailler librement et respecter les délais prescrits.