Depuis le 4 mai 2014, l’opération de révision des listes électorales biométriques a débuté à Banfora et dans les chefs-lieux des communes rurales de la Comoé, elle se poursuit sans les aides-opérateurs. A cette première phase précédant celle des villages, les opérateurs de kits peinent, en solitaires, pour recevoir les électeurs qui arrivent au compte-gouttes, en attendant qu’un terrain d’entente soit trouvé sur la rémunération jugée en deçà de leurs attentes, comparée à 2012.
Le constat dans différents bureaux d’enrôlement le 9 mai 2014, c’est qu’il n’y a pas d’affluence. Conséquence : la plupart des opérateurs de kits étaient couchés sur des nattes à chasser les mouches. Premier bureau visité, celui du secteur n°2 de la ville, sis à la Maison des jeunes et de la culture de Banfora (MJCB). Aux environs de 10h, seules deux personnes étaient venues se faire enrôler. Au total, 29 personnes l’étaient 6 jours après le début de l’opération, a indiqué Claire Bambara, opératrice de kits. A l’école primaire ouest du même secteur, Carole Bambara était à 4 personnes aux environs de 11h. En cette 6e journée, 32 personnes étaient enrôlées avec une pointe le 8 mai 2014 pour 14 inscrits. Au secteur n°3 de la ville, 35 personnes s’étaient fait enrôler, selon Edwige Rosine Kansolé, tandis qu’à la même date, 20 personnes étaient enrôlées au bureau de vote Faso Djigui au secteur n°4, a indiqué Adiaratou Zampou.
A quelques heures de la fin de l’opération prévue pour durer une semaine dans les chefs-lieux, le constat général, c’est qu’il n’y avait pas d’affluence. A la date du 8 mai, la Commission électorale provinciale indépendante (CEPI) indiquait 2 878 personnes enrôlées pour la Comoé. En attendant que les opérateurs de kits regagnent les villages ce 11 mai 2014, des interrogations demeuraient sur ce manque d’affluence. «Des élèves m’ont révélé que c’est leurs professeurs qui les ont informés du déroulement de l’opération», confie une opératrice de kits. «Il y a des dames qui étaient là hier et qui disaient qu’elles n’étaient pas au courant, que l’information n’est pas passée au niveau de leur quartier», explique une autre, ce qui dénote un déficit d’information du public cible de Banfora. Si, selon le secrétaire provincial du CDP/Comoé, Abou Ouattara, l’établissement massif d’actes de naissance annoncé devait précéder l’opération, des actions ont été pourtant entreprises pour inviter les militants en âge de se faire enrôler de le faire. Au PDS/METBA, Coulibaly Lassina, tout en se réservant sur les actions entreprises, admet un déficit d’information, car, à la rencontre d’information initiée par la CEPI à l’intention des partis politiques, ceux-ci n’ont pas massivement effectué le déplacement.
A ce manque d’affluence s’ajoute, à Banfora, l’absence des aides-opérateurs, ce qui complique la tâche aux opérateurs de kits. Les conditions qu’offre la CENI y sont pour quelque chose. «J’ai fait 2012, et en comparaison, 2014 n’est pas attractif», avoue une opératrice de kits. Cela explique l’absence des aides-opérateurs. «Quand on a commencé le premier jour, j’étais dehors et il n’y avait personne pour tenir le rideau afin de pouvoir effectuer les photos. Je ne pouvais pas travailler sur la machine et faire ça tout seule. En plus de cela, on dit de travailler de 7h à 17h sans arrêt, donc, pas de pose pour aller manger, car, par exemple, si je suis seule, la sécurité des kits est mise en danger», fait remarquer Kansolé Edwige Rosine. Le problème des 22 opérateurs de kits, c’est aussi la difficulté de se loger. C’est la MJCB qui les héberge et elles dénoncent un problème de toilettes où il faut attendre la nuit avant de pouvoir se laver ou aller au petit coin. Devant ces conditions difficiles, certains, plus chanceux, ont trouvé refuge chez des connaissances. Pourtant, se souvient Rosine, «les gens ont ramassé l’argent en 2012 côté opérateurs comme chez les superviseurs et il y avait des petits avantages». Face aux conditions en deçà des attentes, «j’ai voulu faire ça pour combler la période de vacances, mais ce n’est pas facile», se plaint une opératrice de kits.
A la CEPI Comoé, l’on accuse aussi le manque de moyens comparativement à 2012. «Les moyens qui sont mis à notre disposition sont vraiment dérisoires», justifie son président, Mamadou Sourabié. Si les aides-opérateurs étaient payés à 3 000 F/j en 2012, cette année on parle de 1 000 F. Nous avons passé l’information et dès qu’ils ont donné les conditions, il y a d’autres qui ont dit que si c’est comme ça, ce n’était pas la peine. Il assure toutefois que certains aides-opérateurs sont disponibles et pourraient rejoindre cette semaine les villages. Autre souci, ce sont les machines. Comme en 2012, il y a des problèmes d’imprimantes, d’ordinateurs qui refusent de s’allumer de même que des webcams, explique le président de la CEPI, qui rassure cependant sur le déroulement normal de l’opération.