L’Union sportive de Ouagadougou (USO) traverse présentement des moments difficiles. Tension de trésorerie, mouvements d’humeur chez les joueurs, colère des supporters, c’est là un cocktail de difficultés auxquelles fait face le président Joseph Zangréyanogho. Qu’en est-il exactement ?
Ce n’est pas du tout la sérénité au sein de la formation de l’Union sportive de Ouagadougou (USO) en ce début des phases retour du championnat national de football de première division. La famille “rouge et blanc” a été notamment confrontée à un mouvement d’humeur la semaine du 28 avril au 3 mai dernier. Les joueurs du club avaient décidé en cette période de boycotter les entraînements. Selon les indiscrétions qui nous sont parvenues, la raison de ce sabotage serait liée au nerf de la guerre. Cette version est corroborée par le président du club, Joseph Zangréyanogho : « Grève, je crois que le mot est fort. Si on va dans le principe de grève, il y a des procédures. Ce que je peux dire est que les enfants ont arrêté les entraînements pendant au moins deux jours sous prétexte qu’ils n’avaient pas d’argent ». Une situation qu’il déplore, car pour lui, les joueurs pouvaient bien ne pas en arriver a là s’ils avaient engagé le dialogue. D’ailleurs, nous a-t-il confié, la semaine d’avant cette grève, il les a rencontrés pour leur signifier que les primes de match du week-end étaient disponibles et que le trésorier se rendrait même au stade avec la somme. N’ayant pas reçu cette prime, puisqu’ils ont perdu ce match (0-1) face aux Fonctionnaires de Bobo-Dioulasso, les pensionnaires de l’USO ont alors entrepris d’entrer en rébellion contre leurs dirigeants. Ils sont reçus par le président Zangréyanogho au deuxième jour de leur mouvement, soit le mercredi 30 avril 2014. « Quand ils m’ont posé le problème, je leur ai fait comprendre que le club n’est pas nanti, mais dès lors que nous aurons quelque chose, nous le leur donnerons », a promis le président. Pour lui, les joueurs auraient dû lui poser leur problème au lieu d’observer ce mouvement ; d’autant plus qu’il venait d’entrer en possession du chèque de la deuxième tranche de soutien de la Fédération burkinabè de football (FBF) qui s’élève à 2 500 000fcfa. A noter qu’à l’Union sportive de Ouagadougou, on ne paye les primes que lorsque l’équipe remporte une victoire. Les matchs nuls sont laissés à l’appréciation des dirigeants conformément aux closes que chaque joueurs connait avant sa signature de contrat. Visiblement, cette disposition n’arrange pas les joueurs en ce moment puisqu’ils n’alignent que des matchs nuls et des défaites. Côté salaire, au niveau de l’instance dirigeante on reconnait être en retard de deux mois et demi de salaire.
Les promesses ont ramené la troupe à la raison
A la rencontre avec le président du club, Joseph Zangréyanogho, ce dernier a décidé d’offrir un peu d’argent à chaque joueur en attendant que le chèque de la FBF positionné sur le compte soit payé. « Je leur ai fait savoir qu’il y avait la prime contre l’EFO et celle contre l’ASFB qui n’étaient pas consommées. Nous avons ainsi convenu que chacun recevrait 10 000 fcfa, ceci pour permettre aux uns et aux autres de pouvoir acheter du carburant pour leurs déplacements ou s’acheter à manger ; le temps que la subvention puisse être disponible au niveau de notre compte à la BCB », rapporte M. Zangréyanogho. Une offre que les joueurs ont acceptée à l’unanimité. Chacun a alors reçu la somme de 10 000 fcfa le mercredi et une partie du salaire le lendemain jeudi. Le président de l’USO ne cache pas qu’il éprouve des difficultés dans la gestion de son club. En effet, le club n’a pas de sponsor qui le soutient avec des moyens conséquents. La Banque commerciale de Burkina (BCB), jadis partenaire du club s’est retirée voilà au moins trois ans. Ce ne sont donc que sur la base des dons de personnes de bonne volonté et les efforts des supporters que le club vit. Pourtant, les charges de l’équipe (salaires de joueurs, encadreurs, personnel de soutien etc.) ; s’élèvent à 2 500 000fcfa le mois, fait remarquer le président. Les primes, elles, s’élèvent à 322 500fcfa par match gagné, soit 15 000f pour les titulaires et 10 000f pour ceux qui restent sur le banc. La subvention de 2 500 000 f reçue ne pouvait donc être partagée entièrement. C’est alors que le président a convenu avec les joueurs de payer une partie des salaires et prévoir les primes pour les joueurs qui fournissent de l’effort.
Les joueurs obligés de rentrer à pied
Le mouvement d’humeur a été préjudiciable à la formation “rouge et blanc” de Larlé. Il faut dire que le sabotage des entraînements est intervenu au moment où le club préparait son match de la 17e journée contre l’ASFA-Y, l’équipe championne sortante. Un gros calibre qui nécessitait donc une préparation conséquente. Sur le terrain, les Unionistes se sont montrés naturellement amorphes avec au sortir une lourde défaite de 4 buts à 0 ; un score qui fâchera les supporters. Et ils le leur ont fait savoir dès le stade. En effet, après cette rencontre, le 12e homme du club a décidé que les joueurs rentrent à pied à la maison. Le car qui les a amenés au stade est donc reparti vide. « Nous leur avons fait ça pour les amener à réfléchir. Depuis le début de la saison, l’ASFA-Y n’a jamais battu une équipe 4 à 0 », nous a confié Soumaïla Tiendrébéogo dit « Papy ».
Les joueurs ayant pris conscience de la gravité de l’acte qu’ils ont posé auraient entrepris de rencontrer les supporters pour s’excuser. Cette démarche est certes comprise par les supporters, cependant ils ont décidé de ne pas les recevoir. « La meilleure excuse qu’ils peuvent nous faire, c’est de gagner leurs matchs », soutient toujours « Papy ». Qu’à cela ne tienne, la colère des supporters se veut être simplement une attitude à piquer l’orgueil des joueurs. Pour le président Zangréyanogho tout est déjà rentré dans l’ordre.
Tous les joueurs ont repris le chemin des entrainements et nous avons d’ailleurs fait le constat, le mercredi 7 mai dernier. Pour bien d’observateurs, cette crise au sein de la famille “rouge et blanc” pourrait lui coûter la relégation. Mais ce n’est pas l’avis du président au regard du rang de 10e sur 16 qu’il occupe. Et il a foi en l’avenir car les difficultés financières que connait sa formation peuvent bien passer dans peu de temps, pour peu que le club Almeria de Jonathan Zongo leur verse l’indemnité de formation qu’il leur doit.