Encore un coup de volant du vice-président du Syndicat national des taximen Burkina, Oumarou Kiéma. Il a, en effet, annoncé, en marge de l’assemblée générale de l’organisation tenue le 9 mai 2014, son retour à la maison mère, le CDP. Ce virage à 180° entre les avenues Pusempuugu et Kwamé N’Krumah est d’autant plus spectaculaire pour les passagers qui n’avaient pas accroché leurs ceintures de sécurité qu’il intervient seulement un mois après son adhésion au MPP (Le 6 avril). (Lire encadré lettres de démission et de réintégration adressées aux responsables des deux partis).
Caméléon, girouette, Juda, voilà, entre autres, noms dont on affuble le vice-président du Syndicat national des taximen du Burkina (SYNTAB), Oumarou Kiéma, après son retour au CDP. Mais la carapace dure et en véritable taximan, coutumier d’invectives qu’ils distillent et ou reçoivent des autres usagers de la circulation à longueur de journée dans cette mégapôle de Ouagadougou, il encaisse et assume. Le patron des taximen du Burkina n’en a cure.
L’essentiel pour lui, c’est de faire un choix politique clair, et de reconnaître sa sortie hasardeuse de route. «J’ai plutôt rejoint le MPP sur un coup de tête, j’ai eu la faiblesse de me laisser emporter par l’effet d’entraînement à la naissance de ce parti, c’est pourquoi, après moult réflexions, j’ai décidé en toute âme et conscience et sans pression aucune de retourner au CDP où j’étais jusqu’à mon départ chargé à l’organisation du secteur informel et de l’information du comité de base du secteur 14 de l’arrondissement 3». En «bon taximan» de la capitale, le vice-président du plus grand syndicat des taximen au Burkina sait bien se dispenser d’un quelconque parallélisme des formes puisqu’il a adressé une demande officielle de réintégration au secrétaire exécutif national du CDP alors qu’il n’avait pas formalisé sa démission du parti majoritaire.
Alors que l’objectif de cette assemblée générale était de faire le point des dissensions qui minent le syndicat et d’œuvrer à apaiser les cœurs, nous n’avons pas très bien compris ce grand détour du taximan qui, pourtant, adore bien les raccourcis. Peu importe, le conducteur expérimenté qu’il est ne connaît-il pas aussi bien la faune politique nationale que tous les coins et recoins de la ville ?
Pour son mémoire en défense, il déclare que : «Jamais, un président ne s’est soucié du sort des taximen comme Blaise Compaoré. C’est grâce à lui que nous avons reçu 100 millions pour payer des véhicules lors de la CAN 98, il nous a encore dotés de plus d’une vingtaine de taxis à l’époque. Et cerise sur le gâteau, le siège qui abrite actuellement notre structure est aussi son œuvre. Alors pourquoi ne pas continuer avec lui, moi qui a pour mandat de défendre les intérêts moraux et matériels des taximen».