Selon le Forum économique mondial (WEF) sur l'Afrique qui s'est déroulé du 7 au 9 mai, la faible quantité et la qualité insuffisante des infrastructures constituent l’un des principaux obstacles au développement de la croissance de l’Afrique de l’Ouest.Comment booster la croissance de l’Afrique de l’Ouest ? En résorbant le déficit dans le domaine des infrastructures, a souligné tout récemment le Forum économique mondial (WEF) sur l’Afrique. Selon le WEF, conjointement avec l’administration frontalière qui ralentit le commerce inter-régional, la faible quantité et la qualité insuffisante des infrastructures constituent l’un des principaux obstacles au développement de la croissance de l’Afrique de l’Ouest et à l’amélioration de sa compétitivité. Alors que plus de la moitié des améliorations apportées à la croissance de l’Afrique peuvent être attribuées à l’optimisation des infrastructures, le WEF précise qu’environ 93 milliards USD seront nécessaires au financement annuel du développement des infrastructures jusqu’en 2020. Un constat lié à la croissance de l’urbanisation, des marchés de consommation et des liens avec l’économie mondiale qui exercent une pression supplémentaire sur les économies africaines forcées d’ avancer au rythme de ces investissements.
Ainsi, l’avenir de l’Afrique de l’Ouest en tant que bloc économique concurrentiel exige de nouveaux investissements et solutions dans le domaine des technologies énergétiques afin d’améliorer l’accès à l’énergie et permettre la mise en œuvre d’un ambitieux programme d’infrastructure. Selon l’analyse de M. David Humphrey, responsable de l’énergie et de l’infrastructure chez Standard Bank.« Ces marchés de croissance imposent de trouver des mécanismes de financement viables et de créer un environnement favorable pour alimenter en énergie l’avenir d’un continent qui regroupe 15 % de la population mondiale. En plus du financement, les institutions financières portent également une attention accrue aux produits de couverture et à la gestion du risque associé aux taux d’intérêt, aux taux de change et à la couverture des carburants. Elles examinent attentivement les financements en monnaie locale, à l’échelle des sociétés, des structures ou des entreprises sociales », a expliqué M. Humphrey.
Augmentation de 5% des investissements directes étrangers en 2012
La ruée des acteurs régionaux et des multinationales dans les secteurs de la finance, de la vente au détail, des produits de grande consommation, du pétrole, de l’énergie et de l’exploitation minière sur le plan régional crée des perspectives économiques essentielles en Afrique de l’Ouest, une région affichant la plus forte croissance d’Afrique. L’investissement étranger direct (IED) dans les pays africains a augmenté de 5 % pour atteindre 50 milliards USD en 2012, tandis que le taux mondial d’IED a chuté de 18 %, selon l’enquête annuelle de la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) sur les tendances des investissements déclarés en 2013. Ce rapport a révélé que les flux d’IED vers l’Afrique de l’Ouest ont baissé de 5 % pour atteindre 16,8 milliards USD. Parmi les investissements consacrés aux deux principaux pays producteurs de pétrole de la région, l’IED au Ghana est resté stable à 3,3 milliards USD, mais les flux entrants au Nigeria ont diminué de 21 % à 7,0 milliards USD, ce qui représente une grande partie de la réduction des flux dans la région. Cependant, le Nigeria réagit en libéralisant son secteur énergétique, dont le système de distribution et les organismes fournisseurs appartenant à l’État seront vendus au secteur privé en octobre 2013. Ce secteur est prêt à recevoir un investissement substantiel, en attendant le premier examen réglementaire de cinq ans qui sera annoncé dans un proche avenir. Cet examen aura pour but d’équilibrer la nécessité d’investissement afin de mieux conduire l’efficacité et la fiabilité du service par rapport au prix que le secteur sera autorisé à facturer aux consommateurs. Mais si ce prix s’avère propice à l’investissement et qu’il est associé à la mise en place d’incitations, une amélioration rapide devrait être constatée au cours des 2 à 3 prochaines années.
Bien que les ressources naturelles constituent encore le principal des flux d’IED vers l’Afrique, l’IED dans les secteurs de la fabrication et des services axés sur le consommateur commence à progresser, ce qui reflète la croissance du pouvoir d’achat de la classe moyenne émergente sur le continent. Entre 2008 et 2012, la part des industries en lien avec la consommation a augmenté de 7 % au sein des nouveaux projets d’investissement en Afrique, dont elle représente 23 % de la valeur totale. Ces tendances encourageantes sont de bon augure pour l’intégration régionale et les investissements dans le domaine des infrastructures.
10 grands projets d’infrastructures vitales pour le Continent
Dans le domaine des infrastructures régionales, le sentiment général est celui d’une collaboration sans précédent. En conséquence, les projets d’infrastructure envisagés sur le continent au cours de la prochaine décennie sont planifiés selon une vision encore plus coopérative. Lancé en 2010, le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), dirigé par la Banque africaine de développement (BAD), a pour objectif de mettre en œuvre des projets d’infrastructures pour un montant de 68 milliards USD d’ici 2020. La couverture routière actuelle de l’Afrique est estimée à 34 %, tandis que sa couverture en électricité atteint 30 % seulement. Fort est de constater que la collaboration régionale est particulièrement critique pour les pays non côtiers, dont les frais associés à l’exportation peuvent atteindre le double de ceux des pays côtiers.
Parmi les 10 plus grands projets d’infrastructures en cours de réalisation ou de négociation en Afrique, citons l’autoroute reliant Abidjan à Lagos. Elle reliera cinq pays d’Afrique de l’Ouest (d’ouest en est : la Côte-d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria) le long d’un itinéraire essentiellement côtier. Pour un coût total estimé à 8 milliards USD, la construction de cette autoroute devrait commencer en 2015. Au Ghana, deuxième pays africain producteur d’or, une série de projets d’infrastructures de grande envergure visant à stimuler son potentiel de croissance économique figure au Programme ghanéen de croissance et de développement partagés (GSGDA). Pour sa part le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, figurant parmi les marchés agricoles les plus solides du continent, met en œuvre des réformes et des investissements. Le Sénégal axe sa croissance sur la poursuite de l’exploration de ses blocs pétroliers en eaux profondes. La Côte d’Ivoire travaille avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale pour mettre en application les réformes techniques et institutionnelles destinées à réduire la charge représentée par le secteur de l’électricité sur le budget. Au Cameroun, la stratégie de développement à long terme menée par le gouvernement vise à combler les lacunes qui existent dans les secteurs du transport et des infrastructures énergétiques.
Ainsi, les matrices du développement en Afrique subsaharienne sont principalement les couloirs de transport et l’approvisionnement transnational en eau et en énergie, deux priorités en matière de projets structurants panafricains et transfrontaliers susceptibles de porter l’essor de la région les trois prochaines décennies.
Sylvain Griout
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