Lors d’une conférence de presse organisée par la mairie de Ouagadougou, il y a de cela quelques mois, nous avions évoqué l’urgence à agir par rapport à une situation de parcelles à Yagma ? Nous avions dit lors de cette conférence que les informations que nous avions indiquaient des risques d’affrontements. Nos informations, nous les tenions à la suite d’une enquête de mémoire alors entreprise par une amie. Nous nous rappelions également que la réponse à nous donnée était sans équivoques : la mairie n’avait pas connaissance d’un problème du genre à Yagma. Tout était donc normal.
Le jeudi dernier, quand nous avons appris que la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) et les habitants de Yagma s’affrontaient pour une histoire de revendication de parcelles, nous avons vite repensé à notre question adressée à la mairie de Ouagadougou, quelques mois plutôt. Que s’est-il passé à Yagma en cette matinée du jeudi 08 novembre 2012 ? Deux choses essentielles. D’abord une population mécontente qui réclame à la Société de construction et de gestion immobilière du Burkina (SOCGIB) des parcelles. Dans leurs revendications et comme il est désormais de coutume au Burkina Faso, les habitants barrent les voies. Ensuite, les Forces de l’ordre sont dépêchées pour ramener l’ordre. Et comme cela se termine souvent, tout le monde s’affronte avec tous les excès et les dommages.
Pour les raisons profondes du courroux de la population, les choses restent à éclaircir. Toujours est-il qu’une partie des demandeurs de parcelles à Yagma se sentent trahis quelque part. Ils voulaient comprendre mais ont-ils choisi le meilleur moyen ou leur a-t-on donné les possibilités d’une autre alternative ?
En mai 2012, le gouvernement avait décidé de la reprise des opérations de lotissement (qui avaient été suspendues) mais apparemment les recommandations n’ont pas été respectées par tous les acteurs et les leçons n’ont pas été tirées. Dommage.
Pour ce que nous avons pu noter au niveau des affrontements entre les éléments de la CRS et les habitants en colère, il faut dire tout simplement qu’une fois encore, tout le monde a fait dans la démesure. N’eut été le refus des Forces de l’ordre de voir les journalistes faire les images des évènements, n’eut été le zèle que certains ont fait en écrasant les photos déjà prises, chacun aurait eu l’occasion d’apprécier ce qui s’est passé à Yagma ce jeudi 8 novembre.
Il serait peut-être temps que les Forces de défenses et de sécurité mais également la population apprennent à mieux gérer les situations où les uns sont mis face aux autres. Peut-être il est écrit dans un livre quelque part que ceux qui sont garants de la sécurité et de l’ordre et ceux pour qui ils sont ainsi engagés doivent s’affronter toujours de la même manière, causer des dégâts importants allant jusqu’à se menacer la vie. Il est peut-être écrit quelque part, mais n’a-t-on pas les moyens de nous sortir de ce cercle infernal de combats sans cesse où éléments de sécurité et population seront de part et d’autre beaucoup plus responsables et réfléchis.
Dans les conditions dans lesquelles, les évènements se sont déroulés, le risque qu’on enregistrât des pertes en vies humaines a été important surtout avec la mise sous coupe réglée des habitations où l’on a retrouvé des enfants en bas âges et des femmes sans défense.
