Son premier album « Réflexion » l’a révélé au public burkinabè. Kaleb Zinsonni dit Kezi veut, à travers une caravane musicale dans des provinces du Burkina Faso, rapprocher les forces de défense et de sécurité aux populations civiles au pays des hommes intègres. Les détails de son projet, il nous les dévoile dans cet entretien.
Sidwaya (S.) : Tu es militaire et artiste-musicien. Comment arrives-tu à concilier ces deux carrières ?
Kezi (K.) : C’est une question de passion. Pour la sortie du premier album, j’ai demandé et cela a été accepté par ma hiérarchie. Elle m’a accordé cette carrière musicale. Il n’y a aucune difficulté, mais il faut avoir une autorisation.
S. : Comment est née ta passion de la musique ?
K. : Je faisais partie d’une chorale. A 7 ans, je chantais et au secondaire, j’étais fréquent dans les kermesses. Puis en 2001, j’ai intégré l’armée parce qu’elle recherchait des gens avec une notion en musique pour constituer un orchestre pour animer les cérémonies militaires. Puis j’avais des messages à transmettre, ce qui nécessitait une carrière solo. Alors j’ai été deux fois parrainé par le chef d’Etat-major général des armées, général de division, Nabéré Honoré Traoré, à la sortie de mon premier album « Réflexion » et deuxième album
« Avec toi ».
S. : Tes œuvres sont positivement appréciées par les mélomanes, pourrais-tu démissionner de l’armée pour ta carrière
musicale ?
K. : L’artiste est un messager. Si tu as remarqué dans mes deux albums, je parle beaucoup de paix, d’unité et d’amour. Appartenant aux forces nationales des armées, j’essaie de faire comprendre aux gens que le militaire, en plus du métier des armes, peut faire autre chose. Même si ma carrière musicale décollait aujourd’hui, je pense qu’il n’ya aucun problème. J’arrive à concilier les deux carrières. J’ai les encouragements de mes chefs. Si certains décident de lâcher une carrière pour une autre, c’est qu’il y a des problèmes. A mon niveau, cela n’arrivera pas.
S. : Tu organises à partir du 16 mai 2014 une tournée musicale à l’intérieur du Burkina Faso dénommée « Caravane de cohésion nationale entre forces de défense et de sécurité et populations civiles ». Pourquoi ?
K. : On dit une armée républicaine au service de la nation. En tant qu’artiste, j’apporte ma modeste contribution à cela. En réalité, il y a un problème de communication entre les forces de défense et de sécurité et les populations civiles dans beaucoup de pays notamment au Burkina Faso. La cohabitation n’est pas chose aisée. Les forces de défense et de sécurité ayant pour rôle la protection des personnes et des biens, il nous est paru nécessaire de créer un cadre en vue de rapprocher les populations civiles à celles-ci dans une ambiance conviviale sans méfiance. Il nous semble opportun qu’à travers un plateau musical, nous pourrons faire œuvre utile en rapprochant forces de défense et de sécurité et populations civiles en vue de véhiculer un message de paix et de cohésion nationale.
S. : Lors de la mutinerie, des militaires se sont pris aux civils. Est-ce que ce rapprochement est-elle possible ?
K. : Je ne juge personne. Tout le monde n’a pas approuvé ce qui s’est passé. J’ai reçu une formation militaire commune de base qui ne me permet pas de violenter quelqu’un. Avec Dieu, on peut toujours arriver à faire des exploits. J’ai initié cette caravane dans l’espoir qu’elle apportera quelque chose. En tant qu’artiste-musicien, c’est ce que je peux faire.
S. : As-tu tenté de promouvoir cette cohésion entre les militaires et les civils pendant la crise ?
K. : J’étais en stage. Après mon stage, j’ai préparé un album .Dans le premier titre, j’ai demandé à Dieu de bénir mon continent, de semer des graines de paix dans le cœur des hommes. Si tout le monde travaille à mettre au premier plan l’intérêt supérieur de la nation, il ne devrait pas avoir de problèmes. Je parle en tant qu’artiste. Que chacun travaille à instaurer la paix, l’amour d’autrui, nous vivrons dans un pays de paix et d’amour. Il est aussi de notre devoir de léguer ce pays à nos petits-enfants. Pour l’artiste-musicien, il est toujours bon d’alerter.
S. : Tu dis cela par rapport à la situation politique actuelle au Burkina Faso ?
K. : J’invite à cultiver la paix.
S. : Seras-tu accompagné lors de ta tournée par d’autres artistes-musiciens ?
K. : Je serai accompagné de Imilio le chanceux, Awa Nadia, David Solo, Koulouz, Moses, Sœur d’Ebène, Tino, Maria Bissongo. Ce sont des camarades qui apporteront leur contribution à la caravane. Le groupe humoristique Génération 2000 sera aussi de la tournée.
S. : Quelles sont les villes concernées ?
K. : La première étape commence à Ouagadougou le samedi 16 mai 2014 à la Maison du peuple. Je serai appuyé par mes camarades des forces armées. Après Ouagadougou, nous serons à Bobo-Dioulasso, Dédougou, Pô et Fada N’Gourma. Cela fait cinq villes pour la première étape. J’ai prévu dix villes. Si j’ai des moyens, j’irai dans les autres villes. C’est une première édition, l’événement peut se renouveler chaque année. Ces concerts seront en live. Avec tous ces artistes, on demandera une contribution de 1000 F CFA aux Burkinabè.
S. : As-tu l’appui financier de l’armée ?
K. : J’ai approché certaines structures pour le sponsoring. Vous le savez, sur le plan culturel les choses ne vont pas très rapidement au Burkina Faso. Mes chefs m’accompagnent moralement et financièrement. L’événement est placé sous le parrainage du chef d’état-major particulier de la présidence, général Gilbert Diendéré, et le directeur général de la police nationale, Roger Zango. Je rappelle que j’ai été à deux reprises parrainé par le chef d’état-major général des armées.
S. : Donc pas d’inquiétudes pour le budget de la caravane qui s’élève à plus de 15 millions
K. : Pour réaliser la caravane, il me faut 8 millions FCFA. J’ai des promesses. Je remercie toute la presse pour son accompagnement. J’invite les mélomanes à sortir massivement le samedi 16 mai 2014 à la Maison du peuple pour se donner la main. Ceux qui n’ont jamais vu de militaires sur scène, c’est l’occasion de venir le découvrir.