Cure de jouvence politique. C’est de ce bonheur qu’a jouit le président Blaise Compaoré au cours du trajet qui l’a conduit ce vendredi 9 mai 2014 à Koudougou à l’occasion des journées de la commune burkinabè. Une excursion présidentielle à forts relents de campagne en faveur d’un référendum sur l’article 37.
«Blaise à Koudougou» ! La nouvelle avait fini par devenir le principal sujet de conversation dans la capitale de la région du Centre-Ouest. Naturellement, on a vite fait de lier ce déplacement à la situation politique de l’heure marquée, on le sait, par la polémiqe au sujet du référendum sur l’article 37.
L’occasion fut belle pour les partisans de « l’arbitrage populaire » de faire étalage de leur capacité de mobilisation. Et d’offrir à leur champion l’opportunité de s’adonner à ce qui est devenu, depuis, son nouveau dada : le bain de foule.
De Tanghin-Dassouri à Ramongho en passant par Kokologho et Poa, Blaise Compaoré a été accueilli dans une effusion populaire. Comble de bonheur pour le chef de l’Etat, même le ‘’Lion’’ du Boulkiemdé est sorti de sa tanière de Poa pour entonner un hosanna à l’illustre passant. Dans une franche camaraderie, les deux frères ennemis ( ?) ont échangé sur quelque cents mètres, sous l’œil mi-admiratif mi-étonné du public.
Dans ces patelins, les hommes du président, réunis au sein du CDP, du Front Républicain et de la FEDAP-BC, n’ont pas lésiné sur les moyens (humains, matériels et financiers) pour mobiliser le peuple.
C’est finalement sous le coup de 10h45 précise que le Président du Faso fera son entrée dans la salle polyvalente de spectacle où l’attendaient 371 maires. Après un tour d’honneur, le Chef de l’Etat prend place au présidium avec à ses côtés, entre autres, le PM, Luc Adolphe Tiao, le président de l’AMBF, Marin Ilboudo, le maire de Koudougou, Jérôme Zoma. Juste à droite du présidium, plus d’une dizaine de ministres. Débute alors la séance de près de deux heures d’échanges directs avec les édiles.
Dans son mot introductif, le président de l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF), Marin Ilboudo, a annoncé l’engagement des maires à suivre le chef de l’Etat sur les chemins de l’émergence. Avant d’appeler à l’institutionnalisation d’un tel forum. En réponse aux préoccupations de l’AMBF contenus dans un mémorandum, Blaise Compaoré a confié que les ministères, chacun dans ses prérogatives, veilleront à y trouver les solutions qui conviennent. «Nous n’avons pas d’autres chemins que celui de la décentralisation pour construire le développement et la citoyenneté dans notre pays. Il faut une harmonie entre les communes et l’administration si on veut mieux organiser le progrès et la démocratie afin de répondre aux attentes des populations».
«Nous devons continuer à construire la paix et la stabilité»
15 heures. L’hôte de Kosyam est de nouveau dans la salle polyvalente de spectacles. Mais cette fois-ci avec un autre groupe d’interlocuteurs. Autres vis-à-vis, autres sujets d’échanges. Après les questions de développement local avec les maires, place cette fois-ci à la politique avec les ressortissants de la localité. Les uns, comme le maire de Koudougou, Jerôme Zoma, vantant les qualités d’‘’homme et de tolérance’’ de l’illustre hôte : «Vous avez notre confiance. Nous vous invitons à avancer d’un pas majestueux vers la paix». Les autres, comme le Naba Tigré de Nanoro, du haut de ses 92 ans se livrant à un cours d’histoire sur le Burkina qui a «beaucoup changé sous la conduite de Blaise Compaoré».
Opérateurs économiques, femmes, jeunes et autorités administratives de la région du Centre-Ouest se sont succédé pour changer la geste du «pourvoyeur de capitaux», de «l’artisan de la paix», du «premier fils de Koudougou».
«Notre ambition de bâtir un Burkina toujours en progrès ne peut passer que par les citoyens. A travers vos interventions, vous nous avez fait des propositions pour faire du Burkina Faso une nation unie. J’apprécie la qualité de vos engagements. Il y a de la clarté dans vos choix», a indiqué d’entrée de jeu Blaise Compaoré. Face à une telle dévotion collective et à tant de marques de reconnaissance pour ses actions, un seul impératif : «Nous devons poursuivre ensemble. Vous avez souligné que nous devons continuer à construire la paix et la stabilité. Je m’inscris dans cette option, car nous devons poursuivre la construction d’un Burkina Faso de paix». Face aux préoccupations soulevées par les forces vives de la nation, certains ministres ont été interpelés par le chef de l’Etat.
Ce fut le cas de Salif Kaboré en charge de l’électricité qui a dû s’expliquer sur les problèmes d’électrification à Sapouy.
Après Koudougou, c’est tout requinqué que Blaise Compaoré s’est rendu à Réo pour un meeting avec la population du Sanguié.
Les coulisses
La FEDAP-BC, grande mobilisatrice
Tout au long du trajet de Ouagadougou à Koudougou, le chef de l’Etat a reçu un accueil chaleureux de populations fortement mobilisées. De l’avis de tous, la mobilisation a été une réussite. A qui revient le mérite ? Au CDP, au Front républicain ou à la FEDAP-BC ? Sans esprit de concurrence sur la paternité de la réussite de la mobilisation, les trois structures se félicitent de la sincérité des débats et de la qualité des interventions des différentes couches de la population.
L’UNDD n’est plus de l’opposition !
«Ah non ! L’UNDD n’est plus de l’opposition», a dit, offusqué, un homme à la vue des jeunes qui paradaient sur les artères de Koudougou, arborant des T-shirts flanqués UNDD devant et Front Républicain au dos. Ces jeunes, bruyants et visibles à souhait, avec ceux qui portaient les couleurs de l’Autre Burkina et de la FEDAP-BC, ont même fait partie du cortège qui a accueilli le Président du Faso à l’entrée de Koudougou. «Sacré Hermann !»
L’occasion fait le larron
Les attroupements sont des occasions pour certains malfrats de dépouiller les populations de leurs biens. Un jeune larron, soupçonné de vol, a été appréhendé et conduit à la police. Cet apprenti-voleur ne verra passer ni le cortège ni Blaise Compaoré.
Pas de bain de foule à Koudougou
Grande fut la déception de nombreuses personnes qui ont pris d’assaut les abords des voies, informées qu’elles étaient que Blaise Compaoré prendraient un bain de foule. Eh bien ! il n’y a pas eu de bain de foule à Koudougou comme annoncé par les organisateurs. «Dire qu’on est resté au soleil de 07h à 10h30 pour ne voir qu’un cortège passer» dit une femme, ajoutant qu’elle n’a même pas pris le temps de manger quelque chose. La sécurité a-t-elle craint des surprises désagréables ? C’est la question que certains se sont posée.
Pas de place aux contestataires
Des jeunes qui avaient confectionné des banderoles pour exprimer leur refus du Sénat, du référendum et de la modification de l’article 37 et qui s’étaient postés sur le passage du cortège, se sont vu retirer leurs banderoles par la sécurité. Ces jeunes ont estimé que la démocratie n’a pas prévalu. Selon eux, si des jeunes ou des partis politiques, qu’ils disent n’être pas représentatifs de la région, ont le droit d’afficher leur désir du Sénat et de voir modifié l’article 37, eux aussi ont le droit de clamer leur opposition à cela.
Blaise Compaoré «for ever»
«On veut que tu restes jusqu’en 2080». Tel est le vœu de jeunes inscrit en grand sur une banderole. Cela a fait sourire plus d’un et inspiré cet homme qui a dit qu’il ne savait pas que Blaise était immortel. Son calcul est que 2080, c’est dans 66 ans. Avec sa soixantaine de piges, le Blaiso aura à cette échéance 130 ans. «Il est inoxydable peut-être. Même avec ça, diriger un pays à cet âge, il faut être Blaise Compaoré pour le faire», conclut ironiquement le monsieur.
