Une grande pluie de 70,6 mm a provoqué dans la soirée du jeudi 8 mai 2014, l’éboulement dans un site aurifère à Kari, dans la province du Tuy. Le drame a fait 8 morts et trois blessés légers. Une mission composée du secrétaire général du Ministère de l’Administration du territoire et de la Sécurité (MATS) et celui des Mines et de l’Energie, s’est rendue sur les lieux, le samedi 10 mai 2014 pour présenter ses condoléances à la population.
Huit morts et trois blessés, c’est le bilan d’un éboulement survenu sur le site d’orpaillage de Kari Nord, localité située à une dizaine de kilomètres de Houndé, chef-lieu de la province du Tuy. Le site qui compterait plus de 20 000 orpailleurs est entouré par des collines. L’accident a été provoqué par une grande pluie de 70,6 mm d’eau dans la soirée du jeudi 8 mai 2014. En effet, les trous se trouvent sur la route des eaux de ruissellement en provenance des hauteurs. Une grande partie des terres rejetées par les orpailleurs a obstrué le passage de l’eau, l’obligeant à se frayer un autre passage. Et dans cette situation, les trous ont été les seules issues de l’eau occasionnant ainsi un éboulement. Alertée, une équipe de sapeurs-pompiers, basés à Bobo-Dioulasso, a travaillé d’arrache-pied du vendredi 9 au samedi 10 mai, dans l’espoir de sauver des vies des décombres. Malheureusement, l’équipe a extrait des trous 7 corps sans vie. Selon les informations recueillies sur place, 4 blessés ont été retrouvés et évacués dans les services sanitaires, mais l’un d’entre eux a rendu l’âme au Centre hospitalier universitaire Souro Sanou de Bobo-Dioulasso, portant le bilan des décès à huit. Même si les sapeurs-pompiers ont arrêté les fouilles, il revient que déjà, des odeurs de putréfaction se dégageaient des trous. Le responsable du site, Ibrahim Diomandé dit « Ivoirien », a expliqué avoir pourtant prévenu les orpailleurs sur les risques d’éboulement. « C’est aux environs de 17 h que nous avons constaté qu’une pluie se préparait. Pour prévenir tout risque, j’ai envoyé des gens informer les orpailleurs de quitter les trous. Heureusement, certains ont obéi et ils ont eu la vie sauve », a-t-il soutenu. A l’entendre, ceux qui sont sortis lui ont confié que d’autres orpailleurs ont refusé de sortir parce qu’il n’est pas question de s’éloigner de leur minerai au fond de la galerie. « Vers 22h, on nous a informés que les trous sont inondés », a-t-il dit.
L’or au péril de la vie
Un rescapé du nom de Mamadou Tinguéri, âgé de 45 ans, a confirmé les dires du chef du site. Il raconte comment il a échappé belle : « J’étais dans le trou avec Lassané Zagré, le propriétaire du puits qui est malheureusement resté à l’intérieur. Au moment où l’eau a commencé à pénétrer dans la galerie, je lui ai demandé d’évacuer le trou en commençant par lui-même et lorsque nous serons hors du trou, nous allons introduire des cordes de sauvetage pour permettre aux autres de remonter. Mais hélas, mon ami ne voulait pas s’éloigner de ses minerais ». Et Lassané Tinguéri de poursuivre qu’il a alors exhorté les jeunes à sortir par tous les moyens. Mais aussitôt partis, ils seraient revenus lui dire que les issues sont fermées parce qu’il y a éboulement. « C’est là que j’ai réalisé que la mort était imminente. Franchement, je ne sais pas comment je suis sorti. Je rends grâce à Dieu », a-t-il témoigné. Une délégation gouvernementale composée des secrétaires généraux du Ministère de l’administration du territoire et de la sécurité (MATS), Sadou Diallo, et des mines et de l’énergie, Emmanuel Nonyarma, s’est rendue sur les lieux du drame, le samedi 10 mai 2014. Assistée du secrétaire général des Hauts-Bassins, Joachim Somda, et les autorités provinciales appuyées par le député Issa Barry du Tuy, la délégation a présenté aux populations et aux familles des victimes les condoléances et exprimé les compassions du gouvernement burkinabè. Elle a échangé avec les orpailleurs. Après avoir écouté les circonstances de l’accident, Sadou Diallo, a pris la parole au nom du gouvernement pour attirer l’attention des orpailleurs sur la dangerosité du travail qu’ils exercent. En attendant le 1er juin, date de fermeture officielle des sites d’orpaillage dans les Hauts-Bassins jusqu’en fin septembre, il les a exhortés à éviter de descendre dans les trous pendant les pluies. Selon Emmanuel Nonyarma, le gouvernement est en réflexion pour sécuriser les sites. « Il faut appliquer les textes tout en mettant un accent sur la sensibilisation », a-t-il estimé. De retour en ville, la délégation a rendu visite à une famille endeuillée par l’éboulement.