Demain 17 novembre 2012, les états-majors des 74 partis participant aux élections couplées du 2 décembre vendront leurs candidats comme on vend un déodorant à la télévision. On l`aura deviné, c`est le début officiel de la campagne électorale.
Le président de la CENI, Me Barthélémy Kéré, en a donné le top de départ. Il faut dire que ce dernier, avec le ministre de tutelle, Jérôme Bougouma, a bataillé pour que cette élection se passe dans les conditions acceptables. Le présent scrutin, sans préjuger de son déroulement proprement dit, dégage quelques enseignements :
- il a valeur de test : c`est la première fois que des élections locales sont jumelées à celles nationales.
La biométrie, revendication matricielle de la quasi-totalité de la classe politique, est une réalité, ce qui a évité l`envenimement de l`atmosphère au sujet du fichier électoral ;
- la campagne promet d`être également âpre, car les combats juridico-politiques, avec les moults recours devant les tribunaux administratifs, le Conseil constitutionnel et le Conseil d`Etat ainsi que leurs corollaires d`invalidation et d`inéligibilité, sont annonciateurs d`une lutte épique. Avec des zones où les duels seront sans merci tels le Kadiogo, le Yatenga, le Boulgou, le Zondoma pour ne citer que celles-ci ;
- la démocratie a fait un petit pas, car les problèmes de litige se règlent au tribunal désormais. C`est une maturité politique parce que c`est mieux d`être au prétoire que d`aplanir les contestations dans la rue.
Ester en justice pour solutionner ce genre de problème est le signe que certains fondamentaux de l`Esprit des Lois de Montesquieu s`installe subrepticement dans la mentalité burkinabè ;
- meetings avec tee-shirt et casquettes à l`effigie de candidats ainsi que slogans vont inonder nos villes et campagnes. La télévision et surtout la radio vont s`introduire partout, surtout dans les chaumières, pour deux semaines de marketing politique. On attend des candidats qu`ils donnent le meilleur d`eux-mêmes, qu`ils fassent monter le mercure politique sans pour autant casser le thermomètre. C`est à eux qu`imcombe le timpo de ces élections couplées.
Mouiller le maillot, persuader sans tomber dans le bling-bling ou les coups tordus doit être la boussole de ces Burkinabè en quête de mandat électif. En rejetant les propos ethno-régionalistes, les insultes et les invectives, ils contribueront à rasseréner cette compétition électorale, moment de prédilection de la manifestation des passions ;
- enfin à tout point de vue, c`est une élection qui devrait servir de match de référence, et si tout le processus électoral s`achevait sans accroc, le Burkina Faso constituerait un laboratoire en la matière. On est enclin à le croire d`autant qu`on a longtemps reproché à ce pays d`avoir, via son président-médiateur, imposer la biométrie, un fichier propre, bref les conditions idoines d`une élection crédible et transparente sous d`autres cieux alors qu`à domicile, les élections en trompe-l`œil se suivent et se ressemblent. Durant ces 14 jours, les citoyens burkinabè ont la possibilité de transformer l`essai. En attendant la confirmation avec d`autres échéances.