Eboulement sur le site d’orpaillage de Kari dans le Tuy : 8 morts par entêtement des acteurs et l’inaction coupable de l’Etat #aOuaga

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Eboulement sur le site d’orpaillage de Kari dans le Tuy : 8 morts par entêtement des acteurs et l’inaction coupable de l’Etat

Publié le lundi 12 mai 2014 | Le Quotidien

© Autre presse par DR
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Dans la nuit du jeudi 8 mai 2014, une grande pluie s’est abattue sur la majeure partie du Burkina Faso. Si cette pluie qui annonce la saison hivernale est accueillie avec joie par certains, chez d’autres par contre, c’est la tristesse.

En effet, des orpailleurs sur le site de Kari, dans le Tuy, ont vu leurs trous d’environ 70 mètres inondés d’eau, provoquant ainsi des éboulements. Cela a fait 8 morts. Comment en est-on arrivé là ? Eléments de réponse dans ce dossier réalisé après notre passage sur le site, le 10 mai 2014.

Sur les lieux du drame, sapeurs-pompiers, gendarmes, policiers, orpailleurs, étaient confondus du fait de la boue qui recouvrait leurs corps. Pour cause, ils menaient la même activité, à savoir les fouilles en vue de retrouver d’éventuelles morts ou survivants. « Nous étions dans le trou de 7h00 du matin à 20h, heure du drame. C’est l’eau de pluie qui nous y est fait sortir. Nous étions nombreux, mais bon nombre en est sorti. Le trou dans lequel nous étions est profond d’environ 70 mètres », nous a relaté Adama Sawadogo, un rescapé de l’incident du 8 mai 2014, à notre arrivée sur le site.

Pour Ibrahim Diomandé alias ivoirien, responsable du site, les raisons sont à rechercher ailleurs. « Vers 17h, le ciel menaçait. J’ai donc envoyé une équipe sur le site pour demander aux exploitants de quitter les lieux, car la pluie s’apprêtait. Certains ont accepté quitter les lieux. D’autres par contre ont refusé de quitter, parce qu’ils tapaient leurs minerais. C’est ce qui nous a conduits à ce drame », nous a-t-il confié tout en précisant que le site de Kari est organisé.

Et de préciser que c’est parce que des gens se sont entêtés que cela est arrivé. Sinon, dit-il, « si tous avaient respecté la consigne, personne ne serait resté dans ce trou ». Ici, a-t-il indiqué, « chaque fois, nous organisons des séances de sensibilisation pour dire aux gens qu’en cas de pluie, il faut quitter les lieux. Mais cette fois-ci, c’était autre chose ». Aussi, a-t-il indiqué, « c’est la négligence et l’entêtement des gens qui nous ont valu ce drame ».

Des contradictions dans les explications

« L’inondation des trous nous a surpris », a dit Issiaka Ouédraogo, président du syndicat des orpailleurs de Kari. Pourtant, tout comme Ibrahim Diomandé, il a reconnu qu’une équipe a été convoyée sur les lieux pour demander aux gens de sortir des trous. Mais, contrairement à Diomandé, il affirme que personne n’a refusé de quitter le site, mais que c’est au moment où les gens s’attelaient à quitter le site que la pluie a commencé. L’eau, a-t-il poursuivi, serait venue d’ailleurs pour se retrouver dans des trous où des gens étaient. Ces derniers, selon lui, tentaient de sortir quand l’eau les y a trouvés. Mais, dit-il, « ce que les gens doivent savoir, c’est que c’est un accident, sinon, nous prenons au sérieux ce que nous faisons et nous tenons à nos vies. Il n’y a pas de raison que des gens pensent que c’est une négligence ».

Un bilan loin d’être exhaustif

« Dès les premières heures du drame, nous nous sommes mobilisés pour essayer de secourir nos camarades, mais, hélas ! », a indiqué Ladji Rabo, président du syndicat des orpailleurs du Burkina Faso, avec des larmes aux yeux.

Néanmoins, dit-il, « dans nos fouilles, nous avons d’abord récupéré 6 morts et conduit un blessé au Centre hospitalier universitaire Sourou Sanou (CHUSS) de Bobo-Dioulasso qui, lui aussi, a succombé à ses blessures, et 1 était porté disparu. Finalement, nous avons retrouvé ce dernier mort. Donc, au total, nous sommes à un bilan de huit (08) morts. Nous ne pouvons pas pour l’heure dire que c’est le nombre définitif de morts ».

Cependant, a-t-il précisé, « nous avons lancé un appel à l’endroit de tous les exploitants du site, à savoir que si quelqu’un a un parent qu’il ne retrouve pas, qu’il nous prévienne. Mais jusqu’à présent, personne n’a signalé l’absence de son parent ou connaissance, outre ceux que nous avons récupérés dans les trous », a-t-il indiqué. Lorsque les sapeurs-pompiers auront fini les fouilles, ils pourront donner le nombre exact des morts. Mais, ce qui est sûr, dit-il, « le bilan pourrait s’alourdir »

« C’est leur destin qui s’est réalisé »

La saison des pluies constitue le moment où les catastrophes dans ces sites sont récurrentes. A la question de savoir si les exploitants vont abandonner le site pendant cette saison, les avis sont partagés. « Nous savons que les textes au Burkina Faso sont clairs sur la question. Il y a une période où le gouvernement nous demande d’arrêter les travaux. Nous attendons. Si le gouvernement venait à nous le demander, nous obéirons », a prévenu Issiaka Ouédraogo. « Pas question de quitter le site d’orpaillage.

Nous n’avons pas autre chose faire que ça. Ce qui est arrivé devrait arriver. Sinon, nous avons travaillé pendant des saisons de pluies sans dégât et des saisons sèches avec des dégâts. C’est donc dire que pendant une saison de pluie ou sèche, ce qui doit arriver arrivera. C’est leur destin qui s’est réalisé », a confessé Adama Sawadogo, rescapé de l’éboulement qui, vraisemblablement, n’est pas d’avis pour arrêter l’exploitation des sites d’orpaillage.

Au moment où nous mettions sous presse, nous avons joint au téléphone le responsable du site, Ibrahim Diomandé, pour avoir les dernières nouvelles. Celui-ci nous a confié que tous les trous ont été vidés de leurs minerais et que personne d’autre n’y a été retrouvé. Toute chose qui confirme le nombre de huit (8) morts.

Par Mady BAZIE

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