Bobo Dioulasso - La cour du chef de Kuinima, un quartier de Bobo-Dioulasso, était remplie de monde ce mardi 6 mai 2014. En effet, il s’y trouvait quatre présumées sorcières qu’aurait démasquées une voyante-guérisseuse. A la demande du chef, Famara Sanou, elles ont été remises à la police.
Cette affaire a débuté le samedi 3 mai 2014 au secteur n°27 de Bobo-Dioulasso. Ce jour-là, a eu lieu la fête des fétiches. Maimouna Ouattara, une voyante-guérisseuse qui délivre et soigne des malades, annonce avoir détecté une sorcière, alors qu’elle était en train de s’occuper d’une fille qui avait un problème. Elle raconte qu’une dame est venue sur les lieux pour « la tenter, la tester ». Selon ses explications, la dame a attrapé la fille et s’est mise à la « plier » sous ses yeux. Les ancêtres, selon ses dires, ont réagi et attrapé la dame pour la questionner sur son attitude.
Elle a avoué être une sorcière. Elle s’est alors mise à faire des révélations. Elle aurait ainsi avoué avoir mangé le cœur de son enfant adoptif et révélé l’existence d’un canari d’eau qui contient l’âme de 12 enfants. Un canari, que la prétendue sorcière a d’ailleurs montré à la guérisseuse et qui contenait des plumes et de l’eau. Une eau qu’elle utilise pour se laver le visage, afin de se métamorphoser pour réaliser ses forfaits, de l’avis de Maimouna Ouattara. Le canari, dit-elle, a été cassé et les âmes des enfants libérées. La prétendue sorcière a dénoncé sa patronne qui conserve les os des personnes mangés dans un canari caché en brousse. La tension est restée vive au sein de la population les samedi 3 et dimanche 4 mai à cause de cette affaire. Les populations voulaient même en découdre avec les présumés sorcières. Face à la situation devenue inquiétante, le conseiller municipal du secteur, relevant de la mairie de l’arrondissement n°6, Mamadou Sanou, a été informé le lundi 5 mai 2014 vers 14 heures.
Ce dernier s’est rendu sur les lieux et a rencontré les deux dames accusées et menacées par la population. Il les a conduites directement chez le chef de Kuinima, Famara Sanou. Selon les témoignages recueillis sur place, elles ont reconnu être des sorcières et nommées cinq autres complices. A la nuit tombante, le chef a demandé au conseiller de les raccompagner chez elles sous bonne escorte et les ramener le lendemain pour trouver une issue à la situation. Le lendemain, les deux dames sont revenues avec deux autres qui ont semblent-ils, également reconnus être des sorcières.
Pendant ce temps, la cour du chef était remplie de monde venue pour voir les présumées sorcières. La tension est encore montée et les esprits se sont déchainés. Certains voulaient même en découdre avec elles. Malgré les déclarations de la guérisseuse, le chef de Kuinima, Famara Sanou a joué la carte de la prudence. Il a estimé que même si eux ils croient en l’existence de la sorcellerie, la loi moderne n’y croit pas. C’est pourquoi, au lieu de prendre une décision traditionnelle, il a décidé d’informer l’autorité politique. Ce qui a été fait par le conseiller du secteur. Le commandant de la Brigade anti-criminalité (BAC) est arrivé dans la cour du chef et a pris connaissance des faits. Ses éléments sont ensuite venus chercher les quatre dames pour les emmener à la police.