La grand-messe des maires burkinabè se tient du 8 au 10 mai à Koudougou. Le point d’orgue de ces assises placées sous le thème « Le leadership municipal dans la promotion d’un développement économique local durable », sera incontestablement le face-à-face entre les élus locaux et le chef de l’Etat. C’est une première dans l’histoire des journées de la commune burkinabè. On pourrait s’étonner que ce soit maintenant que le chef de l’Etat soit la « guest star » des maires du Burkina. Car, depuis toujours, ces élus sont confrontés à d’énormes problèmes qui ont, à plusieurs reprises, menacé cette œuvre chère au président du Faso : la décentralisation et la communalisation intégrale. La politique de développement du Burkina est, en effet, basée sur la décentralisation dont l’échec peut aussi avoir un effet d’entrainement sur le programme présidentiel. Les nombreux soubresauts connus ont de ce fait eu des effets négatifs sur leurs performances socio-économiques. La ville de Koudougou, où se tiennent ces journées 2014, est l’exemple type de la marche chaotique de la décentralisation. Pratiquement aucun maire n’a pu y achever convenablement son mandat. Les crises sur fond de scandales, de règlements de compte et de rivalités politiques, ont plombé pendant longtemps le progrès de cette importante commune du pays. Les élections de 2012 n’ont pas pu exorciser les démons de la division au sein des communes, à tel point qu’il a fallu reprendre le scrutin dans certaines localités. Et ce n’est pas fini. Des nouveaux remous au sein des conseils municipaux ne sont pas à écarter, en raison du contexte politique très délétère que vit le pays. La division du pays entre partisans et adversaires du référendum constitutionnel s’étend jusqu’au plus profond du pays, dans les communes, et parfois même avec plus d’acuité.
Dès lors, la question est de savoir ce que vient chercher Blaise Compaoré aux journées de la commune burkinabè : écouter les maires et prendre en compte leurs préoccupations ou mener une action intense de lobbying en faveur du référendum ? Le président du Faso est en effet beaucoup sur le terrain ces derniers temps. Et ce n’est pas pour rien. De la journée des femmes au conseil des ministres délocalisé à Bagré en passant par diverses étapes, dont des bains de foules et des meetings, le président ne cesse de courir. Mais à la recherche de quoi ? Personne ne saurait le dire, lui-même n’ayant pas encore ouvert officiellement la bouche pour soutenir ses admirateurs qui le supplient de se présenter en 2015. Une chose est sûre, quelque chose se prépare. A Koudougou, le président distillera encore une fois de plus, en public, des messages codés, préparant ainsi les esprits à ses desseins pour le moment bien tenu au secret. Koudougou sera une étape de plus, dans le sillage du projet présidentiel, après bien d’autres villes parcourues en un temps record, pour un président plus habitué aux questions internationales qu’à celles domestiques.
Cette réunion des maires à Koudougou, ville qui a connu une expérience difficile de communalisation, en présence du chef de l’Etat, est tout un symbole. Cela peut signifier l’engagement du chef de l’Etat à lever tous les goulots d’étranglement d’une bonne communalisation. Au-delà des querelles politiques à régler, les communes, surtout celles rurales, font face à un manque de ressources financières et humaines que l’Etat doit combler. Si les employés de la mairie de Ouagadougou eux-mêmes se mettent en colère pour revendiquer une revalorisation de leur situation, c’est dire la précarité dans laquelle vit l’ensemble des agents communaux. Il faut donc espérer que les assises de Koudougou seront mises à profit pour relancer le développement des communes et non pour battre campagne à des fins obscures. Espérons que leur plaidoyer sera entendu par le président du Faso .