Il ne serait peut-être pas exagéré de revenir sur ces fameuses mesures sociales prises récemment par le gouvernement. S’il faut applaudir, voire magnifier pour ces mesures de par leur caractère social, force est cependant de constater que ces mesures brillent par leur carence dans leur schéma conceptuel. En rappel, en Conseil des ministres extraordinaire du 24 mars 2014, le gouvernement a décidé de poursuivre et de consolider les mesures sociales entreprises, le 11 septembre 2013. Visant donc à améliorer les conditions de vie des populations, ces mesures ont été évaluées à 117 milliards de F CFA. Et les principales préoccupations, selon le mémorandum dressé par le gouvernement à cet effet, concernent la faiblesse des revenus et du pouvoir d’achat, le chômage et le sous-emploi, notamment des jeunes, la précarité de la situation des personnes vulnérables, les conditions de vie difficiles des populations. Des mesures que certains ont vite qualifiées de politiciennes, dans un contexte national marqué, par une quasi déchéance du régime en place. Mais là n’est pas notre propos. Ce qui requiert plus notre attention est la composante renforcement des capacités de financement des fonds nationaux. L’objectif visé par cette composante, selon le gouvernement, est la mise à la disposition des entrepreneurs, notamment des jeunes, et ceux du secteur informel, de financements suffisants, à des conditions appropriées. Et ce, dans le but de créer des emplois. Un guichet spécial au Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) pour le financement de l’auto-emploi des jeunes diplômés est ouvert à cet effet. N’est-ce pas donc un fonds qui s’ajoute à la pléiade de fonds de même nature qui existent déjà ? Une politique ambitieuse, avec pour priorité absolue la création d’emplois, s’évertueront à défendre les adeptes de ces mesures. Salvatrice, s’écrieront d’autres pour apprécier ces dispositions. Mais, dans le fond, quelle incidence réelle ont ces fonds dans la promotion de l’entrepreneuriat et dans la création d’emplois au Burkina ? Malin qui saura répondre, puisque depuis des années, ces fonds ont toujours existé, sans que les effets escomptés ne soient ressentis. Une preuve évidente d’un échec d’une politique de création d’emplois et de l’entrepreneuriat dont la responsabilité est largement partagée par les différents maillons de la chaine. A commencer par le gouvernement qui manque inexorablement d’une vision claire dans ce domaine précis. Car, comme on le sait, l’entrepreneuriat est le catalyseur de la création d’emplois. Ce faisant, sa raison d’être réside dans sa capacité à innover, à identifier de nouveaux marchés, à revitaliser des secteurs d’activités déjà existants, contribuant ainsi à stimuler la croissance économique. Sans une prise en compte de ces facteurs, tous les efforts seront vains et les sommes injectées dans ce secteur seront sans effet. Et, malheureusement, après tant d’années de renouvellement d’octrois de prêts à caractère social, l’impact de ceux-ci dans le pays est invisible, pour ne pas dire inexistant. A cela s’ajoute la gestion des fonds qui s’opère dans un esprit de coterie à forte connotation politicienne. Conséquence : la redistribution de ces fonds se fait avec un laxisme total, avec son corollaire d’exclusion et de concussion. Ce qui veut dire que les chances des bénéficiaires ne sont pas logées à la même enseigne selon qu’on soit de telle ou telle tendance politique. Du coup, se pose le problème de remboursement de ces fonds puisque les bénéficiaires ayant acquis ces sommes à partir de leur militantisme politique. Ils ne se sentent plus redevables et la puissance publique reste faible vis-à-vis des sanctions à prendre dans ces cas de figures. Pire, on se demande parfois si la personne a investi l’argent à elle octroyé. En fin de compte, on ne voit ni activité génératrice de revenus, ni la somme octroyée. Ainsi vont les fonds spéciaux de créations d’emplois, devenus sans doute fonds de marketing politique.