Le comité des populations de Zaghtouli a animé une conférence de presse, le jeudi 1er mai 2014, pour dénoncer les agissements des maires des arrondissements n°7 et 8 de la commune de Ouagadougou sur les attributions de parcelles dans ledit village.
L’annonce des lotissements à Zaghtouli, un village situé à la sortie-ouest de Ouagadougou, empêche les demandeurs de parcelles de dormir. C’est dans cette optique qu’un comité a été mis en place par les propriétaires terriens et les habitants afin de défendre les intérêts des populations. Ainsi, face aux hommes des médias, le comité a réaffirmé son opposition face à la récente décision des maires Boureima Tapsoba de l’arrondissement n°7 et Johanny Ouédraogo de l’arrondissement n°8 (ex-maire de l’arrondissement de Boulmiougou) de lotir ledit village. En effet, il a été créé des commissions ad hoc chargées de réfléchir aux problèmes de lotissement dans chacun des arrondissements. Une information confirmée par des arrêtés pris par ces maires notamment, le 18 mars par Johanny Ouédraogo et le 21 mars par Boureima Tapsoba. Ainsi, selon l’article 3 de l’arrêté n° 05 de l’arrondissement n°8, la commission composée majoritairement d’agents municipaux, doit recenser les blocages ainsi que les cas litigieux relatifs aux lotissements, analyser et proposer des solutions appropriées sans une réelle implication des propriétaires terriens. « D’ailleurs, le maire de l’arrondissement n° 7 a même déjà mis en place une commissions d’attribution de parcelles », a confié Pierre Lassané Yanogo, avant de poursuivre : « Nous souhaitons que les maires concernés nous apportent la preuve que les zones concernées sont loties car selon nos sources, ces zones n’ont pas été loties ». « Et si tel est le cas, ces lotissements doivent cesser immédiatement conformément aux conclusions des états généraux sur les lotissements », a t-il ajouté. Lesquels états généraux, tenus les 24 et 25 octobre 2013, avaient décidé, entre autres, de la suspension des lotissements à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso et la viabilisation des zones déjà loties après avoir épuré le passif, et le strict respect des textes en vigueur concernant l’autorisation aux communes de lotir .
Mais pourquoi ces deux maires tiennent à outrepasser ces décisions ? Les populations y voient des idées pas « claires » derrière. Il s’agit là, pour M. Yanogo, par ailleurs ex-président de l’Union des jeunes avocats du Burkina (UJA-B), de manœuvres qui violent manifestement les droits des populations et des propriétaires terriens de ce village.
C’est pourquoi, le comité a lancé un appel au Premier ministre, Luc Adohphe Tiao et au maire de la commune de Ouagadougou « pour que s’arrêtent ces lotissements illégaux », car dit-il, au-delà de cette situation, il faut plus de vigilance sur les questions foncières qui peuvent dégénérer. A en croire M. Yanogo, dans la nuit de Pâques, une attribution d’une réserve de plus de 50 000 m2 à un entrepreneur a provoqué la colère des riverains. « Tout a commencé le 4 juin 2013, date à laquelle la population de Zaghtouli a été conviée chez le maire de l’arrondissement n°8 de Ouagadougou pour être informée de l’implantation au plus tard dans deux semaines, de bornes dans une zone dite lotie », a indiqué un membre du comité, Pierre Lassané Yanogo. Selon lui, cette information ne donnait pas lieu à discussion et une mise en garde a été faite à toute personne qui s’opposerait à l’implantation de ces bornes.
A cette époque, selon les représentants du village, la population avait déploré et rejeté la démarche du maire Johanny Ouédraogo qu’elle qualifiait de solitaire.
Ainsi, les habitants avaient demandé d’abord au maire d’ajourner le démarrage du bornage unilatéralement envisagé, d’initier ensuite des rencontres avec les propriétaires terriens afin de recenser les populations bénéficiaires. Et selon l’ex-président de l’UJA-B, plusieurs correspondances ont été envoyées au maire ainsi qu’à son ministre de tutelle qui, jusque-là, sont restées sans suite.
En rappel, le village de Zaghtouli a fait l’objet de lotissement dans les années 1998-1999 par l’ex-commune de Boulmiougou. Selon le rapport de l’inspection sur les attributions de parcelles dans le village de Zaghtouli du 3 avril 2000, suite aux différentes crises, sur 200 jeunes recensés, seulement 63 ont été attributaires de parcelles, alors que selon le comité, l’opération a dégagé plus de parcelles que de personnes susceptibles d’être attributaires. Et toujours selon les dires des représentants du village, « la grande majorité de ceux qui ont été attributaires n’ont pas reçu jusqu’à ce jour, leurs fiches d’attributions ».