Le président français, François Hollande, dans le souci de rénover la vie publique et politique en France, avait mis en place une commission présidée par l’ancien Premier ministre, Lionel Jospin. Entre autres réformes, la commission préconise de nouvelles mesures qui font l’objet d’un débat en France depuis trois jours : nouveau statut juridictionnel du chef de l’Etat, nouvelle régulation des candidatures à l’élection présidentielle, introduction d’une dose proportionnelle aux législatives, interdiction du cumul des mandats, etc. La France, en initiant ces réformes, veut entrer dans un renouveau démocratique, a déclaré le président Hollande le jour même où la commission lui transmettait ses conclusions. Qui l’eût cru ? Qui aurait imaginé un instant qu’avec le niveau de développement et de démocratie avancé de la France, ses dirigeants en viennent à parler encore de renouveau démocratique ? C’est la preuve, si besoin est, que la démocratie demeure une quête permanente. Elle est perfectible à tous les niveaux et à chaque instant. Il n’y a donc pas de stade ultime en la matière. Ce n’est malheureusement pas le cas sous nos tropiques où on donne l’impression de s’ouvrir, tout en s’arc-boutant sur l’essentiel. Si fait que toute proposition de réformes apparaît désormais comme un jeu de dupes. On crée des foras et des assises à l’infini sans jamais proposer d’actions concrètes.
Et ce qui en sort souvent comme acquis se révèle plus tard comme une entourloupe. En fait, quand un régime propose des réformes, c’est qu’il cherche à renforcer ou à pérenniser son pouvoir. Au Burkina par exemple, tout le monde avait salué la disposition d’esprit qui avait voulu, dans un Etat démocratique, que l’on réduise la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans. Ce n’est que plus tard que la classe politique s’était rendu compte qu’elle s’était fait embarquer dans un bateau qui allait la noyer. Et les exemples du genre foisonnent en Afrique où bien des dirigeants tiennent à leur pouvoir comme à la prunelle de leurs yeux. On se souvient que même la question des candidatures indépendantes a été battue en brèche, sous prétexte que cela provoquerait une zizanie politique. Pourtant, les candidatures indépendantes existent bien en Occident et notre démocratie n’est pourtant pas plus avancée que la sienne. La démocratie, c’est avant tout un état d’esprit et non cette fâcheuse tendance qui consiste à provoquer des actions de façade sur le terrain. En tout cas, la France de qui bien des pays francophones tiennent tout, jusqu’à leur loi fondamentale, vient de montrer la voie à suivre. Seule cette voie, si elle est suivie, permettra d’éviter ce que l’autre appelait la « patrimonialisation du pouvoir ».
