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Le Pays N° 5596 du 2/5/2014

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Norbert Tiendrébéogo, président du FFS : « Nous vivons une dictature et Blaise Compaoré en est conscient »
Publié le dimanche 4 mai 2014   |  Le Pays


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© aOuaga.com par S.D
Politique : l`opposition fait sa rentrée des classes
Samedi 2 novembre 2013. Ouagadougou. Palais de la jeunesse et de la culture Jean-Pierre Guingané. Les partis d`opposition affiliés au chef de file ont effectué leur rentrée politique sous le signe du renforcement de la lutte contre la mise en place du Sénat et la modification de l`article 37 de la Constitution. Photo : Norbert Tiendrébéogo, président du Front des forces sociales (FFS)


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Référendum sur l’article 37, mise en place du Sénat, vie chère, démissions au sein du CDP et au sein de bien d’autres partis suite à la création du nouveau parti le MPP ; tels sont, entre autres, les sujets qui animent le quotidien des Burkinabè ces derniers mois. Des sujets sur lesquels nous avons échangé avec un homme politique bien connu, appartenant à la famille sankariste, Norbert Michel Tiendrébéogo, président du Front des forces sociales (FFS). L’homme, qui ne manque pas de flèches contre le régime en place, a aussi évoqué avec nous la situation au sein de son parti et de la famille sankariste. Pour des raisons d’éthique et de déontologie, nous avons supprimé certains passages de l’interview.


Comment se porte le FFS aujourd’hui ?

Le FFS se porte bien comme tout parti politique burkinabè. Vous savez que nous ne sommes pas de ceux que l’on appelle les grands partis et encore faudrait-il que nous nous mettions d’accord pour donner un sens à ce terme grand. Cela dit, notre parti a aussi son implantation. C’est un parti qui est dans toutes les régions, dans toutes les provinces également. Seulement, compte tenu des moyens, je ne peux pas dire que nous sommes dans tous les hameaux du Burkina Faso. Donc, c’est ce travail inlassable qui se poursuit et je crois que les militants ne se découragent pas et c’est avec beaucoup de ferveur que ce travail d’implantation se fait et se poursuit.

Comment expliquez- vous alors que votre parti ne siège pas à l’Assemblée nationale ?

Vous savez qu’il y a eu beaucoup d’événements qui ont surpris plus d’un. L’arrivée de l’UPC notamment a surpris tout le monde. On ne s’attendait pas à ce que ce parti s’en sorte avec 19 sièges à travers le territoire national. En ce qui nous concerne, nous étions pratiquement persuadés d’avoir entre 4 et 5 sièges. Nous nous retrouvons avec zéro siège. Vous comprenez que la surprise a été plus que grande. Ce n’est pas quelque chose qui puisse nous décourager. Bien au contraire, nous continuons toujours de nous battre. Nous savons pourquoi nous nous battons ; ce n’est pas seulement pour le siège de député, la cause est nettement plus noble et c’est cela qui fait que nous poursuivons ce travail inlassable.

Quels sont les moyens dont dispose le FFS pour conquérir le pouvoir d’Etat ?

C’est la foi de ses militants, cette foi qui soulève des montagnes, les petites cotisations qu’il y a entre les responsables. Nous n’obligeons pas trop les militants à se cotiser. Nous connaissons très bien la situation de nos militants. Ceux qui veulent bien se cotiser, c’est tant mieux. Sinon, dans les textes, il est prévu des cotisations, mais on ne va pas chasser un militant parce qu’il n’a pas payé sa cotisation. Sur ce plan, le parti vit sérieusement sur la base des contributions de quelques-uns des responsables.

Est-ce que vous pensez que la foi seule suffit pour conquérir le pouvoir ?

Cela dépend de l’angle sur lequel on se place pour la conquête du pouvoir d’Etat ? On ne peut pas se lever tout seul comme cela pour chercher à conquérir le pourvoir d’Etat ! Nous pouvons aller en alliance avec beaucoup d’autres partis, nous pouvons soutenir des candidats qui ne soient pas forcément du FFS, surtout que c’est le changement qui est le plus important pour nous. Ce que nous souhaitons, c’est l’alternance et c’est ce que notre peuple aussi souhaite qui est le plus important.

Pour revenir aux raisons de votre arrestation au motif d’atteinte à la sureté de l’Etat il y a de cela 10 ans, qu’en est-il de l’affaire aujourd’hui ?

Le jugement a eu lieu en avril 2004 et nous sommes en avril 2014 maintenant. C’est un peu un anniversaire pour moi, du point de vue de la liberté ; je veux dire un anniversaire de douloureux souvenirs. Se voir embrigadé comme cela et avoir la conscience tranquille, pose problème. Je l’ai plusieurs fois dit, moi je n’en veux à personne. Je suis sans remords, sans rancune. Norbert Tiendrébeogo est debout aujourd’hui.

Est-ce que vous avez capitalisé cette arrestation ?

Ce n’est pas à l’homme politique de capitaliser. Je crois que c’est à notre peuple de prendre conscience que si le régime s’en prend à un homme politique, c’est ce régime-là qui a forcément ses raisons. Moi, je les ignore, ces raisons. Sinon, notre peuple n’a pas su capitaliser cela. Je laisse le peuple seul juger de ce qui est advenu. Nous n’avons pas voulu en faire un trophée, en faire quelque chose qui puisse permettre à l’individu qui a été arrêté de tirer profit. Le plus important, c’est de poursuivre le combat que nous avons entamé et le mener jusqu’à son terme.

Ne pensez-vous pas que c’est parce que le peuple n’a pas été suffisamment imprégné de la situation ?

Le peuple a su comment j’ai été arrêté, le jugement s’est déroulé. Le peuple a également vu comment je suis sorti de prison complètement diminué. Si le peuple ne peut pas capitaliser cela, je ne vois pas ce que moi je pourrais faire.

Est-ce que vous pouvez revenir sur le verdict du procès ?

Moi, j’ai été acquitté, purement et simplement. Il y a eu quatre personnes qui ont été envoyées à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), six autres qui ont été condamnés avec sursis et nous étions trois ou quatre complètement acquittés.

Est-ce que cela n’a pas porté un coup au parti ?

Non. Je dois avouer que les camarades ont été formidables et ils ont repris le flambeau. Ils se sont battus, ils ont eu des représentations diplomatiques, ils ont organisé des conférences et j’avoue que si j’avais la possibilité de citer des noms, je l’aurais fait. Mais comme c’est tous qui se sont battus, je préfère leur dire merci.

Quelle lecture faites-vous de la situation socio-politique actuelle ?

C’est une situation très grave et tout le monde en est conscient d’ailleurs. Seuls ceux qui ne veulent pas voir la réalité en face, feignent de ne pas comprendre que le Burkina Faso traverse une très grave crise qui risque de déboucher sur un carnage, tellement les antagonismes sont forts. Les deux camps opposés sont prêts à aller jusqu’au bout et celui qui doit prendre conscience de cette situation, c’est le chef de l’Etat. Mais comme à son habitude, il se mure derrière un silence assourdissant. C’est très grave pour quelqu’un qui occupe des responsabilités de son niveau. C’est vraiment lamentable.

Vous voulez dire que le chef de l’Etat est la clef de la situation ?

Tout à fait. C’est d’abord lui le problème et c’est aussi lui la solution. Tous ceux qui s’agitent, c’est pour permettre à Blaise Compaoré d’être et de demeurer président. Si lui avait le courage de dire qu’il ne serait pas candidat, personne ne se serait agité. Donc, c’est lui seul qui est le problème et c’est lui seul qui peut trouver la solution au problème des Burkinabè. Pourquoi hésite-t-il ? (…)

Pensez-vous que l’opposition aura les moyens de faire reculer les partisans de Blaise Compaoré qui tiennent coûte que coûte au référendum ?

De toute façon, mon avis a toujours été clair. Il n’y aura pas de référendum au Burkina Faso, j’en ai l’intime conviction, quels que soient les arguments qui puissent être développés. (…) Ce qui pourra advenir si jamais il y a une, deux, dix, cent morts dans notre pays, Blaise Compaoré en sera le seul responsable. Et si d’autres sont à la CPI, lui, il les y rejoindrait.

Donc, vous pensez que si cette situation est mal gérée, elle peut conduire Blaise Compaoré à la CPI ?

Tout à fait, c’est ce que je dis. C’est exactement ce que je dis, il ira à la CPI.

Mais aujourd’hui, la volonté du CDP est d’aller à tout prix au référendum ! ?

Mais le CDP est quantité négligeable face à la volonté populaire. Le peuple ne veut pas de référendum et le peuple a déjà décidé de ce que nous devons devenir, de ce que doit être notre président. Là-dessus, nous pensons qu’il n’y a pas lieu de tergiverser. Ceux qui sont en train de s’agiter savent ce qu’ils veulent et ce sont eux qui seront les seuls responsables de tout ce qui pourrait arriver au Burkina Faso.
On sent une division du peuple. Une partie qui est pour et, l’autre contre le référendum.
Ce sont des individus qui s’agitent et ils constituent une minorité. Ils savent combien de F CFA ils ont dépensé pour mobiliser dix, quinze mille personnes à Bobo-Dioulasso et ils savent très bien qu’ils sont incapables de mobiliser les gens dans les rues de Ouagadougou pour marcher, comme l’opposition l’a fait. Voilà la réalité au Burkina Faso aujourd’hui.

Quelle lecture faites-vous de la création du MPP et la convergence de certains militants de partis politiques vers ce nouveau parti ?

Je crois que c’est une très bonne chose. Je dis mieux, Norbert Zongo avait prédit d’ailleurs que c’est du CDP que viendrait l’alternance dans notre pays et si le MPP peut contribuer à cette alternance tant attendue par le peuple burkinabè, c’est tant mieux. Personnellement, je salue la création du MPP. Je salue le courage dont ont fait preuve Roch, Salif, Simon et tous leurs autres camarades. C’est un vrai courage qu’ils ont eu et vraiment, nous les félicitons et nous leur souhaitons la bienvenue à l’opposition.

Quelle lecture faites-vous des partis sankaristes qui ont rejoint le MPP ?

Je ne pense pas qu’un parti sankariste ait rejoint le MPP. Il y a des militants qui ont rejoint le MPP. Vous parlez de Djédjouma Sanon, mais pour ma part, je ne pense pas que Djédjouma était sankariste. Il était avec un leader qui, entre-temps, avait déclaré que son parti n’était pas sankariste et pour ce qui est de Joseph Ouédraogo, je ne pense pas qu’il soit au MPP. Peut-être qu’il a tapé à la porte mais je ne pense pas qu’il soit au MPP. Il y a même certainement des militants du FFS qui ont rejoint le MPP. C’est tant mieux si ce parti peut être un cadre qui puisse permettre l’alternance ?

Certains estiment que le mea-culpa fait par les démissionnaires du CDP, n’est pas suffisant. Votre commentaire ?

Cela n’engage que ceux qui le disent ou le pensent. Nous estimons que le mea-culpa était sincère et que le courage dont ils ont fait montre est une chose formidable et nous ne pouvons que les applaudir.

Le FFS va-t-il fusionner avec le MPP ?

Ce n’est pas à l’ordre du jour et nous ne le pensons pas. Nous pouvons fusionner avec des partis sankaristes, nous pouvons faire des alliances avec des partis sankaristes, mais ce n’est pas à l’ordre du jour de fusionner avec le MPP.

Où en êtes-vous avec les perspectives de retrouvailles des partis sankaristes qui, on le constate, n’arrivent pas à se retrouver dans un seul cadre ? Y a-t-il un projet dans ce sens ?

Je voudrais relever d’abord que ce ne sont pas les Sankaristes seuls qui sont incapables de s’unir, de fusionner, de faire un seul parti. Ce serait peut-être mauvais que tous les partis sankaristes disparaissent pour n’en faire qu’un. Cela dit, je crois que des tentatives de regroupement sont en train de s’opérer et je ne désespère pas que d’ici quelques mois, on verra naître une union de partis sankaristes, progressistes se réclamant de l’idéal que nous partageons tous. Nous donnons plus d’importance d’ailleurs à un regroupement de l’ensemble des forces de gauche plutôt qu’à la simple famille sankariste. (…)

Le FFS présentera -t-il un candidat à la présidentielle de 2015 ?

Non. Nous n’allons pas le faire. Le parti ne juge pas opportun de présenter un candidat. Par contre, nous allons appuyer la candidature d’une personnalité. Chaque chose en son temps. Cette fois-ci, nous ne sommes pas prêts. Peut-être que dans cinq ans, dans dix ans, nous allons présenter un candidat. Nous pensons que les chances sont très grandes pour que nous puissions réaliser l’alternance. Et ce n’est pas en multipliant les candidatures que nous y arriverons. Si nous avons déjà 3 bonnes candidatures, on fera forcément l’alternance.

Que pensez-vous d’une candidature unique de l’opposition ?

C’est inopérant. Le mode de scrutin dans notre pays n’encourage pas une candidature unique de l’opposition face à une personne qui est au pouvoir depuis plus de vingt ans. Par contre, si nous avons trois personnalités assez fortes qui puissent grappiller les points par-ci, par-là et empêcher que celui qui est au pouvoir ou son représentant de passer au premier tour, c’est tant mieux. Dans ces conditions, il est évident qu’au second tour, avec la coalition qui s’opérerait automatiquement, je le pense, nous réaliserons cette alternance.

Quelle appréciation faites-vous de l’état de la démocratie au Burkina ?

Je ne pense pas que l’on puisse dire que nous vivons dans une démocratie. Nous vivons une dictature et le premier concerné à savoir, Blaise Compaoré, en est conscient et sait combien il a muselé les partis politiques, le peuple entier. D’ailleurs, tous ces mouvements que nous observons actuellement sont les gesticulations d’un peuple qui se débat pour sortir du carcan dans lequel on l’a enfermé depuis près de trente ans. (…)

En parlant de dictature, le mot n’est-il pas fort vu les espaces de liberté, la création de partis politiques, ainsi que des cadres d’expression ?

Pensez-vous que dans une dictature, on ne peut pas avoir plusieurs partis politiques ? On l’a vu dans l’ex-Zaïre où il y avait plusieurs partis. Est-ce que ces partis sont capables de s’exprimer de façon libre comme il se doit et ont-ils les moyens de le faire ? C’est aussi comme ça qu’on peut mesurer l’état de la démocratie ou de la dictature. Si vous donnez la possibilité à quelqu’un de dire ce qu’il veut dire, et que vous ne lui donnez pas les moyens d’organiser une petite réunion où des gens puissent venir l’écouter, cela pose problème. En temps d’élections dans ce pays, il y a des partis politiques qui ne peuvent pas mettre 10 millions de F CFA dans leur campagne pendant qu’avec le parti au pouvoir, ce sont des milliards de F CFA. Peut-on parler de démocratie dans ces conditions ? Si dans notre pays, vous dites que le chef de l’Etat a posé tel acte et que ce n’est pas normal, êtes-vous sûr qu’on ne va pas vous mettre en prison pour au moins trois mois ou vous faire disparaître purement et simplement ? Combien de personnes a-t-on tuées au Burkina depuis que Blaise Compaoré est au sommet de l’Etat ? Toutes ces questions méritent des réponses claires. Nous estimons qu’il n’y a pas autant de liberté qu’on voudrait nous faire croire et comme l’avait dit feu le Pr Joseph Ki-Zerbo, « nous vivons ici semble-t-il en paix, mais c’est une paix de cimetière ».

Qu’est-ce qui empêche véritablement les partis politiques de s’exprimer ?

Les moyens sont déjà importants parce que si on n’a pas les mêmes moyens, on ne peut pas dire qu’on se bat de façon égale. Je voudrais aussi ajouter que ce n’est pas tout qu’on peut dire. Je me rappelle qu’aux législatives de 2002, j’avais tenu un discours à la télé et à la radio et j’ai été immédiatement interpellé par celui qui était le responsable du CSC (NDLR : Conseil supérieur de la communication), l’actuel Premier ministre, qui m’avait dit que si je continue, je ne dirai plus rien parce qu’on va m’interdire les antennes. Est-ce une démocratie ou une dictature ? J’avais la liberté d’expression ou pas ? Ce sont les mêmes acteurs qui sont là, tournent et qui règlementent l’ensemble de la vie politique dans notre pays. Selon notre analyse, nous ne pouvons pas appeler cela une démocratie.

Quel commentaire faites-vous des mesures sociales prises récemment par le gouvernement ?

Si elles peuvent soulager les populations, il n’y a aucun problème. Mais, je crois qu’il faut pouvoir lire au-delà et se demander comment, subitement, le gouvernement a trouvé les moyens d’être aussi généreux alors que le budget a été voté il n’y a pas cinq mois. Cela pose problème. Est-ce que l’on tâtonne dans ce pays ou y a-t-il véritablement une gestion rigoureuse ? Est-on capable de prévision budgétaire ? On ne peut pas ne pas lier cela au contexte actuel en se disant que c’est pour calmer la furie des gens que ce cadeau a été fait. Je ne pense pas que ça puisse piéger qui que ce soit au Burkina aujourd’hui. Les gens ont pris conscience et savent très bien que ce gouvernement est dépassé parce qu’il n’est plus capable d’apporter des solutions aux problèmes vécus quotidiennement par les populations.

Quel commentaire faites-vous sur le Front républicain ?

Ce Front n’a rien de républicain. Pour nous, ce sont des individus agglutinés autour de la défense de leurs intérêts propres, de ceux d’un individu à savoir Blaise Compaoré, parce qu’ils profitent des prébendes de ce dernier. En dehors de cela, nous ne voyons absolument rien de probant dans le combat mené par ce regroupement.

Etes-vous pour ou contre les candidatures indépendantes ?

Pour le moment, le FFS n’est pas d’accord pour les candidatures indépendantes parce que nous estimons que celui qui veut faire la politique a la possibilité de la faire et devrait avoir le courage de se présenter en politique. Si l’on se cache derrière des paravents pour venir tirer les marrons du feu, cela pose problème. Pourquoi voulez-vous que les gens aillent au combat avec des armes inégales ? Cela pose problème parce qu’on a des combattants dont on sait qu’ils sont des combattants parce qu’ils ont la tenue de combattants et d’autres qui avancent masqués et disent qu’ils sont aussi des combattants. Nous estimons que ceux qui veulent faire de la politique doivent créer des partis tel que stipulé par la Constitution de notre pays et se lancer dans l’arène.

Que pensez-vous de la décision du CFOP sur la non- reconnaissance de 28 partis politiques comme appartenant à l’opposition ?

Ils ne sont pas de l’opposition. Nous avons accepté, pour être au CFOP, de faire une déclaration d’appartenance. On ne peut pas ne pas la faire et dire qu’on est de l’opposition. Ensuite, on ne peut pas être un membre du gouvernement et se réclamer de l’opposition tout comme on ne peut pas soutenir le programme du chef de l’Etat et vouloir être de l’opposition. Les conditions sont tellement claires que nous nous demandons pourquoi le gouvernement a voulu tout embrouiller en faisant voter une loi liberticide.

Quelle est la valeur de cette décision du CFOP ?

Nous ne parlons pas en termes de valeur mais de reconnaissance. Est-ce que l’opposition dans son ensemble et la population se reconnaissent dans ces partis ? C’est une clarification que nous avons faite et nous pensons que le peuple burkinabè a compris qu’il y a des gens qui font un double jeu et fera attention.

Comment expliquez-vous que votre parti n’a pas connu une saignée comme d’autres partis ?

C’est peut-être une question de formation politique. Nous ne faisons pas beaucoup de boucan. Nous n’organisons pas de séminaires où la presse est invitée mais, nous tenons des sessions de formation et tous nos militants et responsables savent pourquoi ils sont FFS aujourd’hui et les sacrifices qu’ils doivent consentir.

Quel commentaire faites-vous du vote des Burkinabè de l’étranger ?

Nous aurions voulu que nos compatriotes vivant à l’étranger puissent véritablement voter parce que ce sont des citoyens comme nous, mais à l’heure actuelle, nous ne pensons pas que le gouvernement et la CENI ont les moyens de les faire voter. Il faut avoir le courage de le dire et ce n’est pas que nous sommes contre le vote des Burkinabè de l’étranger mais, si on s’y hasarde à l’heure actuelle, cela va être un vrai cafouillis (…) pour notre pays aux yeux de la communauté internationale.

Mais tout semble être mis en œuvre pour que les Burkinabè de l’étranger puissent voter lors des prochaines échéances électorales ?

Absolument rien n’est mis en œuvre. La CENI ne peut pas dire aujourd’hui qu’elle peut faire voter les Burkinabè de l’étranger et même si on lui donne encore deux ans, je ne suis pas persuadé qu’elle puisse le faire. Les conditions dans lesquelles ce vote est prévu, voudraient que des gens fassent parfois mille voire deux mille kilomètres pour aller voter. Savez-vous combien de Burkinabè vont accepter d’effectuer ce trajet par avion avec leurs propres moyens ? Ce n’est pas évident et nous n’avons pas les infrastructures nécessaires pour faire voter nos compatriotes aujourd’hui. Ayons le courage de le reconnaître et prenons plus de temps pour nous organiser.

Pourquoi dites-vous que le référendum n’aura pas lieu ?

C’est une intime conviction. Nous sommes là et nous verrons s’il y aura référendum ou pas.
Pourquoi Norbert Michel Tiendrébeogo n’est-il plus présent dans les instances de son club l’EFO de même dans les stades ?

Il y a eu tellement de problèmes avec des supporters qui n’acceptent pas de se cotiser et veulent se faire les patrons de l’équipe alors que s’ils se cotisaient, ils en seraient les vrais propriétaires. Ce sont les premiers responsables qui font tout pour prendre en charge les joueurs et après, on vous traite de voleur, on insulte votre maman, votre famille. Cela ne donne pas beaucoup de courage de continuer et c’est ainsi que j’ai abandonné.

Votre retrait n’était-il pas dû au fait que vous êtes de l’opposition pure et dure alors qu’à la tête du club, on retrouve beaucoup plus des dirigeants appartenant au parti au pouvoir ?

Il n’y a pas de dessous politiques dans ma décision de quitter les terrains.
(…)


Propos recueillis par Antoine BATTIONO et Ben Issa TRAORE

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