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Une presse libre est source de progrès
Publié le dimanche 4 mai 2014   |  Autre presse


Abdoul
© Autre presse par DR
Abdoul Karim Sango


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Ceci est une tribune d'un spécialiste du droit des médias burkinabè à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.


A l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, je voudrais exprimer toutes mes félicitations et tous mes encouragements à tous les journalistes qui se battent chaque jour auprès des peuples du monde entier pour plus de liberté, de démocratie et d'Etat de droit. En cette date, je voudrais rendre un hommage particulier à tous les journalistes assassinés ou mis en prison lâchement dans l'accomplissement de la noble mission d'information et d'éducation des peuples.

Il faut se rendre à l'évidence qu'aucune société ne peut progresser durablement vers le bien- être des populations si elle ne garantit pas la liberté d'information. Ce n’est pas un fait du hasard si le premier amendement à la Constitution des Etats-Unis a consisté à interdire l’adoption de lois restreignant l’exercice de cette liberté. Aujourd'hui comme hier, les nations qui ont admis et mis en œuvre le principe de la liberté d'information et du droit d'accès à l'information sont les plus prospères ou du moins sont celles dont la prospérité repose sur des fondements solides.
La liberté d'information donne du sens au droit au suffrage des citoyens en ce que la presse par son action quotidienne peut contribuer à dénoncer les manquements graves aux principes de la bonne gouvernance.

Au Burkina, en dépit de l'environnement économique et fiscal largement défavorable aux médias, il faut louer l'engagement patriotique des nombreux hommes des médias. Toutes les avancées notées aux plans politique, économique et social dans notre pays ces dix dernières années l'ont été avec la contribution remarquable des hommes de média. Sans eux combien d'injustices seraient passées inaperçues dans notre pays? Or, on oublie souvent quand le temps vient de les critiquer que les journalistes burkinabè figurent parmi les travailleurs dont la situation financière et sociale est des plus précaires. Cette situation est une atteinte grave à leur liberté intellectuelle. Comment attendre un travail d'investigation sérieux d'un journaliste quand celui-ci tire le diable par la queue? Comment le condamner moralement pour faits de corruption quand celui-ci ne dispose pas d'un salaire lui permettant de faire face aux charges normales de la vie? Ne dit-on pas de façon triviale que tout travail mérite salaire. L'adoption de la convention collective en 2009 en vue de doter les journalistes d'un véritable statut doit devenir une réalité. Cela exige de l'Etat qu'il consente des sacrifices en adoptant des lois spéciales sur la fiscalité des entreprises de presse. Le gouvernement doit adopter en faveur du monde de la presse une batterie de mesures sociales comme il l'a fait pour l'ensemble du corps social. Dans le souci d’approfondir notre système de gouvernance et l'Etat de droit, il convient de procéder à la dépénalisation des délits de presse et de garantir le droit d'accès des journalistes à l'information. A cet effet, des propositions ou projets de lois devraient être introduites auprès de l'Assemble nationale. Sur la dépénalisation, un projet existe mais tarde à voir le jour. Evidemment, toutes ces mesures ne feront qu'améliorer le crédit de l'Etat burkinabè. Alors que le gouvernement entreprend de rechercher des financements étrangers pour des investissements au niveau national, un environnement juridique très favorable aux médias pourrait être un atout.


Abdoul Karim Sango, Spécialiste du droit des médias

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