Contrairement aux footballeurs de pays de la sous-région, ceux du Burkina Faso évoluant dans le championnat local ont du mal à se faire une place dans le monde professionnel. Ces joueurs qui écument les stades burkinabè depuis près d’une décennie, sont aujourd’hui gagnés par le manque de motivation. Focus
Nombreux sont ces footballeurs burkinabé qui évoluent dans le championnat domestique depuis presqu’une décennie. Parfois même plus pour d’autres. Le constat est que la plupart d’entre eux au vu de leurs prestations actuelles manquent visiblement de motivation et d’ambition et ne veulent plus se donner à fond.
Pour avoir attendus longtemps sans voir le bout du tunnel menant au professionnalisme, ils se contentent d’un rendement minimum. Pourtant, d’autres qui ont commencé après eux n’ont pas mis du temps pour se frayer un passage vers le monde professionnel.Ces joueurs en manque de motivation, il y en a plein. Annoncé en Europe notamment à Valence en Espagne, le sociétaire de l’ASFA-Y Alassane Sango n’a pas bougé d’un pas. Il est toujours chez les « jaune et vert ». Une formation qui n’a plus rien à prouver sur le plan national. Auteur d’une bonne saison l’année passé, le joueur revelé par le quintuple champion du Burkina a du mal à rééditer ses exploits d’il y a à peu près un an où il avait, lui seul, fait tomber l’EFO sur deux superbes coups francs.
A côté de lui, il ya ses coéquipiers en club Simplice Yaméogo, Oumarou Nébié et Mohamed Kaboré, même si ce dernier est passé quelques saisons à l’ASEC d’Abidjan avant de signer son retour. Le BPS, l’USO, l’AS Sonabel, le RCK sont des clubs qui ont vu passé Simplice Yaméogo avant l’ASFA-Y. Parti à maintes reprises à l’extérieur pour des tests, Simplice n’a jamais pu s’imposer pour diverses raisons, notamment des blessures. Oumarou Nébié, lui, comme Mohamed Kaboré a aussi gouté aux délices du monde professionnel avant de se décider à revenir se relancer dans le pays. Mais cette relance semble perdurer au point que le joueur n’a plus ses crochets déroutants et ses frappes magistrales d’antan.
Lui qui a été révélé par le RCB avant de transiter par l’EFO vers l’ASFA-Y pense que le manque de managers influents est le vrai problème du non départ massif des footballeurs burkinabé « pourtant plein de talent ». aussi, il y a un problème de copinage dans nos club. Tu peux rater ton match aujourd’hui et demain on te met sur le banc. Alors qu’en sport un atlète peux avoir un jour « sans » et se ressaisir après, a-t-il relaté. Nebié se donne encore une saison de ‘’Fasofoot’’. « Si dans un an je dois encore évoluer dans le championnat national, je préfère raccrocher les crampons », a-t-il prévenu.
Du côté de l’AS SONABEL, il y a bien sûr le capitaine Amsa Ouédraogo. Alors qu’il était à l’ASFA-Y où il a été formé, il avait connu le Maroc (HUSA) avant de revenir à la case de départ en attendant le grand saut. Un saut qui met du temps à se matérialiser. A l’EFO aussi, il ne manque pas de joueurs dans le lot des démotivés. Basile Sam, Aboubacar Traoré sont de ceux là. Le premier qui a quitté l’USO pour l’ASFA-Y avant d’atterrir à l’EFO n’a jamais humé l’odeur du professionnalisme malgré les qualités de récupérateur que l’on lui connait.
Le second venu de Bobo-Dioulasso pour l’EFO a passé quelques saisons à l’AS SONABEL avant de revenir chez les « bleu et blanc ». Lui aussi n’a jamais quitté le Burkina malgré des propositions ici et là. La liste est longue et l’on peut la compléter par Rasmané Diarra (Santos), Adama Sabo et Amadou Seré (RCK), Ishola Washiou (AS Sonabel), M’Ba Koné (RCB) etc.
Manque de solidarité des footballeurs burkinabé
Sur les raisons de l’échec de ces joueurs, les avis divergent. Si certains parlent de chance, d’autres par contre pensent que ces derniers n’ont pas gardé la tête sur les épaules au moment où ils brillaient dans le championnat local. « De nos jours, le talent seul ne suffit pas pour aller vers le professionnalisme. Sinon, pourquoi des joueurs qui ont moins de talent réussissent en Europe et un peu partout. Ce qui veut dire qu’il ne faut pas écarter le facteur chance » a dit l’ancien international Brama Traoré.
Il s’en tient aussi du fait que les jeunes pensent trop tôt qu’ils n’ont plus rien à apprendre dans le championnat local. « Aujourd’hui les jeunes joueurs ont de la chance d’avoir des journalistes qui font leur promotion en parlant bien d’eux. Ce qui est important pour leurs éventuels départs. Au lieu d’en profiter ils croient qu’ils n’ont plus rien à apprendre » a soutenu Brama Traoré. Pour l’ex directeur technique national de la fédération burkinabé de football Daouda Sanou Famozo, il est normal et humain que ces joueurs qui ont longtemps trainé leur bosse dans le championnat domestique soient démotivés.
Pour l’ex DT de la FBF, « il y en a qui se sont fait avoir par les vendeurs d’illusions. Les jeunes doivent comprendre deux choses. Il est plus facile de réussir à l’école qu’au football. Et que même en cas de réussite au football, il y a la vie après la carrière. Pour moi si tu ne réussis pas au football, fais tout pour réussir dans la vie. Parce qu’il y a des gens qui réussissent dans le foot et échouent dans la vie. Sur 1000 jeunes lorsque deux deux arrivent en pro c’est un très bon résultat » a-t-il commenté.
Même s’il est vrai que le Burkina Faso manque de managers influants pour tirer les joueurs vers le professionnalisme, Daouda Sanou Famozo pointe du doigt le manque de solidarité des footballeurs burkinabé. « Quand ils réussissent ils oublient leurs partenaires et camarades d’équipes et du centre, ils se replient sur leurs familles et les nouveaux amis » a-t-il fait remarquer. L’ex directeur technique national de la fédération burkinabé de football conseille à ces joueurs « qui ont un certain âge » d’admettre l’évidence et en tenir compte dans leur plan de vie.