Les travailleurs du Centre hospitalier régional (CHR) de Banfora ont observé, le jeudi 24 avril 2014, un sit-in pour exiger le paiement de retenus faits sur leurs salaires pour fait de grève. De cette revendication, se sont greffées d’autres exigences parmi lesquelles, le départ pur et simple du directeur général, Lin Somda.
Ce jeudi 24 avril, le personnel du Centre hospitalier régional (CHR) de Banfora a observé un arrêt de travail. Depuis le grand portail de l’hôpital, on pouvait apercevoir une grappe de personnes devant l’administration. Et les parkeurs et autres vigiles ne cessaient de répéter aux malades : « ça ne travaille pas aujourd’hui » ou encore « Y a grève ». Regroupés donc devant le bloc administratif, infirmiers, sages-femmes, médecins ou autres ont refusé d’intégrer leur poste de travail. Les uns, le gros lot, devisent debout tandis que les autres sont assis à même les marches de l’entrée du bâtiment. A quelques pas de là, certains malades ne sachant à quel saint se vouer, tournent les pouces. Presque toutes les prestations du service sont au ralenti. Du bloc opératoire au laboratoire en passant par les services de consultation, un silence inhabituel y règne. « Actuellement, on traverse des difficultés. Les services ne fonctionnent pas correctement, le laboratoire est paralysé, il n’y a pas de films au service radiologie pour faire les examens correctement, et pire encore, le dialogue entre l’administration et les partenaires ne sont pas ce que l’on veut », a indiqué Emile Ilboudo, secrétaire général de la section du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) du CHR. De plus, a-t-il précisé, le directeur général passe son temps à manipuler et ne respecte pas ses engagements, mettant du même coup le syndicat en porte-à-faux avec les travailleurs. « Nous ne sommes pas contre les coupures pour fait de grève mais il y a une manière de le faire. Il nous devait des avancements depuis décembre 2013. Il a promis de payer en janvier 2014 et jusqu’à cette date, rien n’est fait », a-t-il dit.
Des griefs de part et d’autre
Lin Somda, le directeur général s’en défend. En novembre 2012, a-t-il expliqué, le personnel a observé une grève qui a provoqué des tensions. « Quand j’ai voulu couper ces jours de grève sur les salaires, on m’a fait comprendre d’attendre parce que la tension était toujours vive », a souligné le directeur général. Finalement, c’est en début juin 2013 que le directeur général ordonnera cette coupure alors qu’un décret conjoint venait de tomber en fin mai 2013 indiquant que « les coupures pour fait de grève doivent se faire deux mois au plus tard après la grève ». « Je n’avais pas le texte quand j’ai décidé cette coupure », se défend Lin Somda, avant de noter qu’une autre grève observée en 2013 n’avait pas encore subi de coupure sur le salaire. Mais le personnel médical ne l’entend pas de cette oreille. Par la voix de leur syndicat, il exige sur la base de l’arrêté conjoint, que les sommes coupées sur leur salaire soient intégralement remboursées. « En tant que responsable, je n’ai aucune base légale pour le faire puisque la coupe est antérieure au décret », répond le directeur général. Le mercredi 23 avril dernier, suite à une rencontre qui a tourné court, le directeur général aurait reçu du SYNTSHA, un ultimatum de s’exécuter avant 17h30 mn. Mais à en croire le directeur général, il avait pris les dispositions nécessaires pour que les frais de mission du personnel accompagnant des malades évacués à Bobo-Dioulasso soit réglés au plus tard la semaine prochaine. Il en est de même pour les indemnités portant sur les mesures gouvernementales. « Normalement en mai, on devait payer les avancements, mais ils exigent que tout soit réglé et maintenant », renchérit le directeur général. Pour sa part, Emile Ilboudo pointe du doigt une mauvaise gestion et exige le départ du DG. « Je suis là pour servir, mais s’il demande à ce que je parte, je m’en irai mais dans la légalité », a signifié le DG avant de noter « qu’il a aussi des griefs contre eux ». Interdit d’accès à son bureau par les grévistes, c’est à son domicile que le directeur général a été rejoint par les hommes des médias. Les travailleurs de leur côté, disent l’interdire tout accès à son bureau tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites.