Le Mouvement du peuple pour le progrès a tenu son 5e meeting régional, le 25 avril dernier, à Dori. De l’avis des observateurs, c’était le moins grand de tous les rassemblements tenus jusque-là par Roch Marc Christian Kaboré et les siens. Il fallait s’y attendre. Le meeting de Dori marque une relative rupture dans l’euphorie générale créée autour du MPP. Cette ville a démontré qu’elle reste un bastion du député maire Arba Diallo et qui s’y frotte s’y pique. Bien que le MPP soit membre du CFOP (Chef de file de l’opposition) et qu’il ait invité le parti de Arba Diallo (qui y a répondu favorablement) à son meeting, on voit bien que les populations de Dori demeurent fortement attachées au PDS/METBA (Parti pour la démocratie sociale) et à Arba Diallo. Certes, la mobilisation réussie par le MPP est déjà bonne, pour un parti autre que celui de Arba Diallo. Mais elle est moins bonne que celle des autres régions. Elle amène le MPP à redescendre sur terre et à comprendre que rien n’est acquis dans la lutte pour détrôner le parti au pouvoir. Surtout, elle illustre la nécessité pour le MPP de travailler main dans la main avec les autres partis de l’opposition dont aucun n’est de trop dans la quête de l’alternance. Or jusqu’à présent, on a eu l’impression d’une politique du cavalier seul de la part des ténors du MPP, en particulier Salif Diallo. Celui-ci a en effet martelé à plusieurs reprises, sans aucune précaution, que Roch sera le prochain président du Faso. Ces déclarations tonitruantes ont sans doute dû vexer bien des partis de l’opposition, qui y ont certainement vu de la prétention, sinon de l’orgueil. Fort heureusement pour le MPP, cette mauvaise impression créée au sein de l’opposition est en passe d’être atténuée, avec l’adhésion du parti au CFOP. Toutefois, il lui reste à tisser des liens d’amitié plus solides avec l’ensemble des principaux partis d’opposition, dont chacun a un fief, à l’image du PDS/METBA pour le Séno. Mais bien plus, il faudra une synergie d’actions, dans le cadre d’une vision commune, pour les partis d’opposition, le MPP y compris. S’il persiste à se présenter comme le plus fort, le MPP court à sa perte. Toute l’opposition d’ailleurs a l’obligation d’élaborer une stratégie commune de conquête du pouvoir, au risque de se voir laminer à la présidentielle de 2015.
Car malgré l’usure du pouvoir, le CDP n’a pas dit son dernier mot. Après le terrible choc consécutif à la plus grave crise qu’il ait jamais connue, le parti présidentiel sort peu à peu de sa torpeur. Mieux, il remobilise ses troupes et se met en ordre de bataille. Il aurait même mis en marche sa machine pour le référendum. Ce parti sera donc un adversaire coriace pour l’opposition, que ce soit dans le bras de fer sur le référendum que dans la bataille de l’élection présidentielle. Il a depuis de nombreuses années démontré sa capacité à survivre aux crises. Cela vaut d’ailleurs à son chef spirituel, Blaise Compaoré, une longévité au pouvoir rarement égalée sur le continent. Il ne faut donc jamais le sous-estimer.
Fait inquiétant pour les adversaires de la révision de l’article 37, au moment où le CDP peaufine la dernière phase de la machine du référendum, pour un tripatouillage de la Constitution, l’opposition n’a toujours pas défini un plan de riposte. Au sein des opposants, on en est toujours au stade des incantations. On attend donc de voir si après son 5e meeting jugé moyen, le MPP enclenchera enfin un processus de rapprochement réel avec les autres partis de l’opposition. C’est en effet lui, le dernier venu, qui doit faire le premier pas, en montrant une plus grande symbiose avec le CFOP. En tout état de cause, l’heure de vérité approche. On saura bientôt de quoi l’opposition est capable pour amener le CDP et ses alliés à renoncer à leur projet de référendum. Une chose est sûre, ce ne sera pas en rangs dispersés qu’elle parviendra à ses fins.