En attendant que le président du Faso mette en œuvre l’article 49 de la Constitution, il est de plus en plus évident que le Burkina va vers l’organisation du référendum pour modifier ou non l’article 37 de la Constitution.
Ce référendum sera un acte politique majeur car il donnera la parole au peuple souverain des électeurs pour trancher cette question épineuse qui divise les Burkinabè.
C’est connu, depuis quelque temps, l’actualité politique est dominée par ce débat sur la révision de l’article 37 de la Constitution. Cette polémique illustre, jusqu’à la caricature, les incompréhensions qui ont toujours marqué les rapports entre pouvoir et opposition.
On assiste donc aujourd’hui encore à ce qui pourrait ressembler à une « querelle de ménage » avec d’un côté la position du pouvoir qui milite pour la révision de l’article querellé et, de l’autre, celle de l’opposition qui ne veut pas en entendre parler.
Les deux positions, on le voit, paraissent inconciliables. Mais, dans le cas d’espèce, il s’agit moins de concilier des positions que de respecter la loi, en l’occurrence, la Constitution du Burkina Faso. Or, celle-ci autorise la révision de l’article 37, soit par voie parlementaire, soit par référendum.
Et pour ne pas qu’on l’accuse de tenter un passage en force, puisque son parti, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) est majoritaire à l’Assemblée nationale, le président Blaise Compaoré préconise le référendum à savoir la consultation populaire. C’est une solution de sagesse qui met, comme il se doit, au cœur du jeu politique, le peuple souverain du Burkina.
En effet, la solution du référendum nous évite la dérive de la démocratie vers la « particratie », c’est-à-dire un système où ce sont les partis politiques qui imposent leurs points de vue dans des compromis alambiqués sans grande considération pour l’ensemble des citoyens.
C’est pour éviter ce genre d’arrangement ou de passage en force des partis politiques sur les questions d’intérêt national que le constituant burkinabè a prévu le mécanisme de consultation populaire pour requérir l’avis de l’ensemble du corps électoral, autrement dit le référendum. On ne comprend donc pas les arguments des partis d’opposition qui rejettent le référendum de sorte que l’on est désormais fondé à soutenir que cette opposition fuit le débat démocratique qu’elle veut subordonner à ses émotions.
Or, le samedi 18 janvier dernier, lors de sa marche dite historique, Zéphirin Diabré et ses amis, les nouveaux comme les anciens, ont soutenu avoir mobilisé plus de 500 000 personnes acquises à leur cause.
Ce qui reste à démontrer car, on trouve du tout dans de tels rassemblements. De fait, à côté des manifestants proprement dits il y a les curieux, les badauds, les pickpockets et autres désœuvrés qui trouvent là l’occasion de tuer le temps.
Bref, c’est certainement l’effet de foule qui a été amplifié donnant l’illusion aux organisateurs qu’ils ont le peuple avec eux. Nous disons bien l’illusion. Une illusion qui n’oblitère cependant pas une certaine lucidité car l’opposition qui revendique un tel nombre de marcheurs seulement à Ouagadougou, devrait logiquement accepter d’aller au référendum pour démontrer sa force et sa puissance de mobilisation des électeurs.
Mais, paradoxalement, on assiste à des cris d’orfraie et à des psalmodies telle cette sortie de Simon Compaoré dans l’Hexagone et plus récemment au Sénégal lors d’une tournée du MPP, qui s’inquiète du coût du référendum. Simon Compaoré et les autres font semblant d’oublier que la démocratie a un coût. A l’évidence, si on devait suivre sa logique, on ferait aussi l’économie des élections au Burkina Faso parce que le pays est pauvre et les priorités d’investissement ne manquent pas.
Mais à la vérité, toute cette agitation de l’opposition, les marches, les meetings, les démarches et autres lobbying auprès de chefs d’Etat étrangers pour contraindre le président du Faso à renoncer à son projet, tout cela disons-nous, montre que l’opposition burkinabé est en panne d’arguments et de stratégies face à l’impérieuse nécessité de l’organisation d’un référendum pour départager ceux qui soutiennent la révision de l’article 37 et ceux qui sont contre.
Il se peut qu’elle ait compris que l’allure des foules rassemblées ce 18 janvier peut fondre comme du beurre au soleil dès que la consultation populaire verra le jour. Or, comme le dit avec juste raison Salvador Yaméogo, le président du parti le Rassemblement des démocrates pour le Faso (RDF), membre du Front républicain, « seul le peuple organisé a une valeur juridique ». Dans la situation qui nous intéresse, le peuple burkinabè ne peut s’exprimer de manière juridiquement organisée qu’à travers un référendum.
Il est donc désormais clair que l’on est face à un vrai faux débat maladroitement alimenté par les opposants de Blaise Compaoré qui veulent opposer la dictature de l’émotion à la libre expression des idées et des citoyens aux urnes.
C’est un chantage qui ne peut plus prospérer. C’est pourquoi tous les démocrates et républicains soucieux de l’enracinement du processus démocratique au Burkina, doivent militer pour la tenue du référendum. Rien dans la Constitution ne s’y oppose. C’est en cela qu’il est légal.
En outre, il est légitime car il procède de la volonté du premier magistrat du pays de donner une réponse populaire par la voie des urnes à une question qui divise les Burkinabè. Toute autre démarche serait une prime d’encouragement à la surenchère des partis notamment ceux de l’opposition qui pensent pouvoir surfer sur l’agitation de la populace pour faire triompher ses points de vue en lieu et place d’un vrai débat d’idées où in fine le peuple souverain a le dernier mot par le référendum.