Mauvaise nouvelle pour Blaise Compaoré. Alors qu’il est à Singapour pour vendre la destination Burkina aux hommes d’affaires, le président du Faso est accueilli par une campagne de dénonciation contre son régime dans sa gestion de la mine de manganèse de Tambao. Les détracteurs du pouvoir burkinabè sont formels : « Aucun des protocoles ou autres accords signés par l’Etat du Burkina Faso relatifs à l’exploitation de manganèse à Tambao n’a été respecté par ce même gouvernement ».
Quand on sait que cette campagne de dénigrement se mène par le biais des réseaux sociaux, depuis la Grande-Bretagne, on imagine l’effet qu’elle peut avoir sur l’image du Burkina. Même si elle n’est pas de nature à remettre fondamentalement en cause la réputation du Burkina, puisque des entreprises minières y font des affaires, force est de reconnaitre que cette affaire tombe mal. Elle peut faire sourciller d’éventuels investisseurs qui se montreront plus regardants sur la destination Burkina. Cette méfiance n’est pas bonne pour les affaires parce que pouvant retarder la conclusion d’accords.
Le Burkina n’est d’ailleurs pas à sa première mise en cause dans le secteur minier. En avril 2013, Africa mining intelligence avait accusé les autorités burkinabè de faire main basse sur le secteur minier.
En son temps, le gouvernement burkinabè n’avait pas daigné s’exprimer sur la question. Cette fois-ci, la charge est encore plus violente. Il est donc nécessaire que les Burkinabè soient éclairés sur ces différents supposés scandales. Au moment où le président du Faso se trouve à Singapour, une place forte du business dans le monde, on attend de lui qu’il tire tout ça au clair. Dans un premier temps, il faudra nous dire ce qu’il en est de cette histoire trouble du manganèse de Tambao. Ensuite, il faudra instaurer une réelle transparence dans la gestion du secteur minier. Ce qui évitera à l’avenir toutes les informations à charge contre le régime véhiculées sur cette question et qui déshonorent tout le pays. Car visiblement, les structures mises en place à cet effet ne servent que de décorum. Elles ne sont au courant de rien ou alors elles sont muselées d’une façon ou d’une autre.
Toujours est-il qu’elles gardent un silence troublant sur un sujet qui ne devrait pas être un tabou. Il s’agit avant tout de richesses nationales et chaque Burkinabè a le droit de savoir ce qu’on en fait. Outre la nécessité de bien gérer ces ressources pour qu’elles impactent positivement sur le développement du pays, il faut aussi penser aux générations futures. Sans compter la préservation de l’environnement, qui est le dernier des soucis de certaines sociétés minières.
Bref, tout cela montre à quel point Blaise Compaoré doit redoubler d’efforts pour rassurer ses compatriotes sur l’usage fait de leurs ressources. Le Ghana, un pays voisin, qui tente de corriger la gestion de ses ressources, est un exemple à suivre. Pour son pétrole, le pays a ainsi pris des lois et mis en place des institutions pour veiller à ce que les revenus du pétrole ne soient ni gaspillés ni détournés. Elle définit clairement des mécanismes de collecte et de distribution des revenus du pétrole. Cette loi est saluée par les Nations-Unies qui reconnaissent qu’elle « indique quel pourcentage de ces revenus doit alimenter le budget annuel, ce qui doit être mis de côté pour les générations futures, et ce qui doit être investi en prévision des mauvais jours »
Pour la signature des contrats avec les groupes miniers, la même transparence doit prévaloir. C’est la seule façon pour éviter que le boom minier actuel se transforme en malédiction pour le pays, comme cela se voit dans plusieurs pays africains. A Singapour, le président Compaoré devra donc prouver que tout ce qui se raconte de mauvais sur le pays relève de l’intox. Un exercice qu’il faudra aussi renouveler vis-à-vis du peuple burkinabè de qui il tire sa légitimité .