Quel niveau de terrorisme le Nigeria attend-il d’atteindre avant de lancer un SOS à la communauté internationale ? Que Boko Haram attaque les champs pétrolifères comme il en a récemment fait la menace ? « Vous, dirigeants du Delta du Niger, vous allez bientôt voir vos raffineries détruites», a en effet pesté le chef du groupe radical, Abubakar Shekau. Le pétrole est la principale pourvoyeuse de revenus pour le Nigeria. En l’état actuel de son économie, le pays s’effondrerait comme un château de cartes sans son or noir. C’est peut-être le seuil que le groupe terroriste Boko Haram ne doit pas dépasser. Autrement, il peut tout faire, sans amener les dirigeants, pourtant dépassés par les événements, à appeler à l’aide internationale : incendier des villages, tuer des civils et des agents de sécurité, poser des bombes, prendre des otages, enlever des jeunes filles, etc. L’enlèvement spectaculaire d’une centaine de jeunes filles est la dernière démonstration de force, en date, de Boko Haram. Ce groupe, une fois de plus, vient de montrer qu’il peut frapper quand et où il veut. Et pendant ce temps, le président Goodluck Jonathan continue de dire qu’il viendra à bout des terroristes. Un discours complètement en décalage avec la réalité. Il est temps pour lui d’ouvrir les yeux et de se soucier enfin de ces populations qui vivent sous le joug de la terreur. C’est que les élites politiques, économiques et religieuses sont à l’abri des attaques des islamistes, placés qu’ils sont sous haute protection. On sait aussi que le pays connait une insécurité chronique liée à la délinquance ordinaire. Mais de là à être aussi inconscients, jusqu’à organiser des mariages fastueux où des téléphones portables plaqués or sont distribués aux invités, c’est le comble de l’incurie politique. Ce mariage dont tout le monde parle au Nigeria, n’est autre que celui de la fille adoptive du président Goodluck Jonathan, le 12 avril dernier. Le pouvoir vit donc dans une sorte de bulle, en voulant montrer l’image d’un pays où tout va bien. N’a-t-on pas ces derniers temps vanté les performances économiques du Nigeria en le classant comme la première puissance économique du continent devant l’Afrique du Sud ? Tout cela paraît surréaliste face à la tragédie que vivent des familles du fait de Boko Haram.
On ne cessera de le dire, le Nigeria est gravement fragilisé par Boko Haram. A chaque jour son attaque terroriste y compris même dans la capitale Abuja. Et le président, totalement impuissant face à la situation, ne peut que regarder la situation se dégrader de jour en jour. La souffrance infligée aux populations par Boko Haram et le risque d’extension de la crise aux pays de la sous-région, imposent la nécessité d’une mobilisation internationale pour soutenir le Nigeria. Le pays doit en faire la demande, comme l’avait courageusement fait le président de la transition du Mali, Dioncounda Traoré. Certes, les deux situations ne sont pas comparables, mais l’ennemi est le même. Boko Haram même comportement que les extrémistes du Nord Mali qui, sous le couvert de l’Islam, menaient diverses activités criminelles. La menace malienne ayant été enrayée, le Nigeria est devenu le pays par qui l’Afrique de l’ouest risque d’être déstabilisée. Une insécurité grandissante pourrait entrainer à la fois une crise humanitaire, politique et économique qui ne serait pas sans conséquence pour les pays voisins. Son statut de pays leader d’Afrique de l’ouest nécessite exige du Nigeria une stabilité à toute épreuve. Car si ce géant éternue, c’est la sous-région qui s’enrhume. L’Afrique et le monde devraient dès maintenant sonner le glas du terrorisme de Boko Haram, car demain, ce sera peut-être trop tard.