A travers cette lettre ouverte parvenue à notre rédaction, des riverains de CimBurkina notamment, du quartier Polesgo, s’insurgent contre les promesses non tenues par la direction de la cimenterie. Par ailleurs, ils estiment que « les ouvriers travaillent pour des broutilles ».
La construction de la cimenterie CimBurkina, d’une capacité prévisionnelle de production de 650 000 tonnes de ciment par an et d’un coût de plus de 25 milliards de F CFA, à Polesgo, dans l’arrondissement 4 de Ouagadougou, a été saluée par les plus hautes autorités du pays. La cimenterie se dessinait comme un espoir pour les populations riveraines, car pourvoyeuse d’emplois pour la jeunesse. C’est pourquoi, nous populations de Polesgo, avons accueilli le projet avec beaucoup d’enthousiasme.
Avant le lancement des travaux de construction, des concertations ont eu lieu entre l’administration de la cimenterie et les populations riveraines. Un procès-verbal a été établi à toutes fins utiles et la société a pris des engagements vis-à-vis des populations. Ainsi, CimBurkina a-t-il promis de participer à l’aménagement des terrains d’accueil des populations déguerpies, le lotissement des terrains pour la délocalisation, le bitumage des routes, l’assainissement, la construction d’une école et d’un centre de santé et la création d’emplois pour la jeunesse des quartiers suscités.
Plus d’une année après, notre enthousiasme s’est transformé en désarroi car depuis, rien n’a été fait. Pire, les conditions de vie des populations se sont considérablement dégradées. Du fait de la construction de l’usine, des dizaines de camions prennent le tronçon Kossodo-Polesgo. Jusqu’à la déviation qui mène à une autre société de ciment, la route est arrosée les matins et soirs. C’est tout le contraire de celle qui mène à CimBurkina où une nuée de poussière se dégage chaque jour, embaumant les populations. Malgré nos appels incessants pour qu’une solution soit trouvée, rien n’a été fait, jusque-là même pas le simple arrosage. En ce qui concerne la création d’emplois, il est déplorable de constater que les jeunes des quartiers concernés n’ont pas été associés. Des centaines de jeunes sont en train de se former pour travailler dans la société pendant que les jeunes du village croupissent dans le désœuvrement. Face à ces cas que nous qualifions d’inadmissibles, car nous avons été arrachés à notre terre nourricière, nous interpellons les premiers responsables de la cimenterie. Déjà, le 18 mars 2014, nous avons adressé une lettre au directeur général dans laquelle nous exhortions au respect des engagements. Le 24 mars 2014, à l’initiative des ouvriers, nous avons dénoncé la forme d’esclavagisme subie par les travailleurs. En effet, comment comprendre que sans un seul jour de repos dans la semaine, les ouvriers travaillent pour des broutilles, 2000 F CFA par jour assorties de licenciements abusifs et arbitraires exercés par les sociétés sous-traitantes. Nous sommes solidaires de la souffrance des ouvriers et exigeons que les mauvais traitements qui leur sont affligés soient de vieux souvenirs.
Monsieur le directeur général, nous avons manifesté toute notre volonté à vous accompagner pour la réalisation de votre projet. Et pour cela, il faudrait que nos doléances soient satisfaites. Et pour cela, il vous suffit de relire les engagements que vous-mêmes avez pris devant un parterre de personnes. Aujourd’hui, nous affirmons avec force que nos attentes restent loin d’être satisfaites. C’est pourquoi, nous voulons que dans les plus brefs délais, le bitumage des routes, la construction de l’école et du centre de santé, les travaux d’assainissement, le relèvement du salaire journalier des ouvriers, l’arrêt des licenciements abusifs, le recrutement des fils et filles des quartiers dans l’usine soient des réalités.
Nous ne voulons pas que la construction de l’usine, au lieu d’être du pain bénit pour les populations, se transforme en un cauchemar pour elle.
Dans l’attente d’une suite favorable, veuillez agréer, monsieur le directeur général l’expression de nos sentiments les plus sincères.